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aris 1661. Pour gagner quelques sous, Gabriel Picotin n'a pas d'autres choix que de passer ses journées à faire le pitre dans la rue. Influencé par le courant de la commédia dell'arte, il essaye de se faire une place parmi les danseurs et les comédiens qui envahissent quotidiennement les pavés du Pont-Neuf. C'est un artiste en pleine ascension du nom de Molière qui le repère et l'engage illico presto dans sa troupe en qualité de moucheur de chandelles. Certes, ouvrir une pièce devant le roi est un privilège, mais ce dont il rêve, c'est de décrocher un vrai rôle sur les planches.
« Le public sera satisfait si on lui donne ce qu'il veut » - Gabriel
Les Misérables, La rivière à l'envers, L'Enfant Océan, Le renard de Morlange, ou encore Fils de Sorcières, Maxe Lhermenier aime faire plaisir aux plus jeunes en remettant au goût du jour des romans qui ont jadis connu le succès. L'adaptation du roman de Jean-Côme Noguès qu'il a écrit en 2008, L'homme qui a séduit le Soleil, lève le rideau sur un jeune saltimbanque français au milieu du XVIIème siècle, passionné par la comédie de rue et le théâtre alors en plein essor. Le principal intérêt vient du parcours de l'artiste en herbe quasi autodidacte, des joies et des désillusions endurées au fil de ses rencontres. De même, il est accentué par une distribution royale campée par de multiples personnages illustres qui ont marqué l'histoire durablement tels que Louis XIV, Jean de la Fontaine, et bien évidemment, Jean-Baptiste Poquelin. Si le récit et sa mise en scène restent fictifs contrairement au fond historique, en revanche, ils auraient largement mérité un approfondissement à travers une suite, ou à défaut, une pagination beaucoup plus conséquente.
Époque oblige, le coup de crayon d'Éric Liberge se devait d'être soigneux et précis. Chose faite ; l'auteur, qui s'était d'ailleurs illustré dans la série Versailles, livre un graphisme exigeant et abouti, car que ce soient les architectures des châteaux, les richissimes tenues des nobles jusqu'aux affutiaux des miséreux ainsi que les arrières plans, rien n'est laissé au hasard et tout n'est que beauté. Pour ponctuer l'ouvrage et aller un peu plus loin dans l'exposé, Éléonore de Gé propose un cahier ludique avec de nombreux jeux.
L'homme qui a séduit le Soleil est un album aussi bien divertissant qu'éducatif, mis en images par un dessin qui donne entière satisfaction.
Les orphelins peuvent également réussir dans la vie même durant l'époque du roi Soleil Louis XIV. Il suffit de faire de bonnes rencontres au bon moment. Cela tombe bien car Gabriel va rencontrer Molière qui lui offrira la possibilité de jouer dans l'une de ses pièces devant le roi. C'est une occasion unique de performer.
Il faut dire que la BD est tirée d'un roman de Jean-Côme Noguès et malheureusement, comme dans la plupart des cas, cela se mélange avec la fiche de la BD qui devrait être distinct entre l’œuvre de littérature et le roman graphique.
En effet, la couverture n'est pas la même. Celle de la BD possède un titre avec une parure dorée du plus bel effet.
Le dessin m'a semblé tout à fait magnifiques de beauté et de précision sans tomber dans le caractère trop enfantin.
Il est dommage que la fin soit aussi expéditive car c'était assez intéressant de nous présenter cette petite tranche de vie et d'expérience au milieu d'un événement marquant la vie du roi Louis XIV qui a été fort jaloux de son surintendant des finances au point de déclencher une arrestation et de lui piquer sa fortune pour construire son futur palais de Versailles. C'est pratique quand on est roi et qu'on dispose de tous les pouvoirs absolus.
La moralité est qu'il ne faut point étaler sa richesse car cela crée des envieux et des jaloux qui peuvent vous atteindre de manière assez sournoise.
J'ai bien aimé également le personnage de Molière qui est mis un peu en retrait bien qu'il soit indispensable à ce récit. On fera également connaissance de sa compagne mais qui sera la méchante de cette BD.
A découvrir car cela se lit assez agréablement et cela nous apprend bien des choses sur l'univers de Louis XIV et son goût pour les représentations théâtrales à l'image de son destin hors du commun.