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ifficile pour le quidam moyen de s’y retrouver aujourd’hui dans la cosmogonie Marvel Comics ?
À titre d’exemple, actualité oblige, prenons Black Widow !
La Sainte Russie et sa fameuse Chambre rouge, les missions à travers le monde pour le compte du S.H.I.E.L.D, les interventions au titre de The Avengers, comme les digressions offertes par The Champions et The Secret Avengers… sans évoquer Yelena Belova ou même Anya Derevkova, imposent aux auteurs qui se succèdent de déployer des trésors d’inventivité pour donner un semblant de logique aux pérégrinations à cette espionne venue du froid ! Et que dire des développements récents avec Sans limites et Réminiscences qui ressuscitent l’ex-espionne du K.G.B. décédée dans Secret Empire… et laissent le lecteur lambda plus que circonspect !
Dans Sans limites, sur lequel Flaviano comme Veronica Gandini rendent une copie graphique propre, dynamique et colorée, justice expéditive et bons sentiments sont au menu. L’ancienne Advengers se retrouve en rupture de ban dans une ville de tous les dangers et peut ainsi donner libre cours à son instinct de tueuse dans un opus scénarisé, sans retenue, par les sœurs Soska. À noter que ces dernières laissent cependant quelque place aux questions existentielles qu’induit inévitablement le clonage de leur héroïne…
Avec Réminiscences, Jody Houser s’intéresse, pour sa part, au passé de la Veuve noire et aux descendants de ses victimes que quelqu’un, qui ressemble beaucoup à Black Widow, fait disparaître systématiquement. Pour cela, il fait appel à la vieille garde Marvel et utilise nombre de flashbacks censés éclairer des situations qui, à force de crossovers, d’easter eggs, mashups, spins-off, team-up, ties-in… et autres figures scénaristiques, deviennent compliquées à gérer ! Pour l’occasion, Stephen Mooney, qui restitue avec ce qu’il faut d’effets la cinétique des combats, peine toutefois à stabiliser son graphisme et laisse quelques encrages pâteux venir altérer le plaisir de cette lecture.
Sous la contrainte éditoriale des autres productions Marvel, la vie de la Veuve noire est un chemin tortueux à suivre, sur lequel les auteurs se succèdent davantage dans un souci de continuité que de cohérence ! À ce titre, la parution au printemps 2021 de Black Widow : le prologue du film ou Black Widow ne viendra probablement pas simplifier la phylogénie de Natasha Romanoff, laissant à Sans limites et Réminiscences le soin d‘occuper le terrain et de faire patienter l’auditoire jusqu’à la sortie du film de Cate Shortland… prévue en mai de l'année prochaine !
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