L
a vie ordinaire de Yamato a basculé le jour où un inconnu lui a remis un bracelet lui permettant d’aller, une unique fois, dans le futur puis de retourner dans le présent. L'adolescent s’est empressé d’essayer, mais n’a été projeté que cinq minutes plus tard. Bien vite, cet avenir immédiat s’est révélé cauchemardesque : des statues de bouddhas se sont mises à massacrer tous les humains. Rescapé, le lycéen tente de survivre au chaos, en compagnie de son jumeau, Yûto, et de Kakeru, la sœur de leur meilleure amie. La rencontre du trio avec le mystérieux Jirô Fuyukawa et son groupe change la donne. L’homme affirme avoir voyagé dans le temps et en avoir rapporté une arme biologique, l’Odd Genius, qu’il propose de leur inoculer. Les deux frères acceptent, tandis que Kakeru préfère chercher des indices dans les notes de lecture de son aînée. Elle est persuadée que celle-ci a lu un récit racontant exactement ce qui se passe. Mais les sculptures tueuses leur laisseront-elles l'occasion d'inverser le cours des choses ?
Imaginer le fondateur spirituel du bouddhisme en arracheur de têtes ou aplatisseur de corps, voilà que détonne par rapport à la figure pacifique qu’il incarne. Pourtant, Hiroshi Fukuda n’hésite pas et lance une histoire sombre où violence et hémoglobine éclaboussent presque chaque page. Au cours des deux opus précédents, après une mise en place abrupte qui plongeait le lecteur dans une atmosphère glauque et apocalyptique, le héros et ses proches étaient parvenus à se joindre à une équipe de résistants et avaient entamé un combat difficile contre une des créatures terrifiantes. Dans ce troisième volume, l’affrontement se poursuit, en mettant surtout en avant la volonté d’investir toutes ses forces dans l’idée de se sacrifier pour sauver les autres. Ainsi malmenés et étrillés, les protagonistes peuvent prouver leur courage et leur grandeur d’âme, tout en titillant gentiment la fibre émotionnelle. Il faut attendre la deuxième moitié de l’album pour obtenir de nouvelles informations succinctes sur les statues meurtrières. Cependant, de nombreux mystères demeurent et les pistes s’élargissent, bien que la fin recèle une petite surprise, tout en laissant entrevoir un début de réponse. Par ailleurs, le trait expressif, soulignant les divers sentiments, ainsi que le découpage dynamique des planches accompagnent efficacement le propos. Le plaisir du mangaka à dessiner des scènes gore est palpable, quitte à les multiplier jusqu’à la nausée. Quant à sa capacité à rendre particulièrement glaçants des bouddhas entravés et destructeurs, elle se révèle plutôt réussie.
Au final, ce volume de 5 minutes forward est au diapason des débuts de ce manga horrifique : il offre de l'action, du sang et parvient à créer le malaise, sans beaucoup avancer sur le fond.
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