L
e sergent Azami Tanaka forme une drôle de famille avec Pavel, le tatoueur qui l'a adoptée. Une Américaine d'origine japonaise bodybuildée et un Russe rescapé des camps de Kolyma. Ainsi, lorsque le passé de l'ancien resurgit dans le présent de la policière, il n'est pas étonnant que tout dérape sévèrement.
Pour leur quatrième association dans la prestigieuse collection Signé, le duo Jérôme Charyn - François Boucq reprend ses basiques. Les bas-fonds new-yorkais, les immigrés qui fuient les goulags, la mafia et la violence. Dans le prolongement de Little Tulip, les lecteurs retrouvent Pavel, Azami - qui a bien grandi - et tout leur petit monde. Une nouvelle fois, la peinture de ce New-York semble fidèle et les décors comme les cadrages du dessinateur restituent des ambiances marquantes. L'atmosphère, années 90 cette fois, qui se dégage des ruelles, des appartements discrets ou des bouges devient rapidement étouffante. Accidentés de la vie, laissés pour compte, gangsters sans foi ni loi se livrant à des trafics en tous genres, la faune ne brille guère par sa joie de vivre et sa candeur.
En spécialiste du sujet, le scénariste a imaginé une intrigue retorse, sur mesure pour son complice. Celui-ci peut y déployer tout son talent pour ces gueules cassées et leur anatomie déformée. Trop peut-être. Non pas que le style Boucq ne soit pas adapté, mais l'exagération des faits, rebondissements comme motivations, ajoutée aux (grosses) ficelles désormais récurrentes chez le tandem rendent l'immersion aléatoire. Majoritairement prenante, la trame souffre, par moments, de ses élans alambiqués. La faute à l'utilisation de l'irrationnel, pas toujours bien amené ni crédible même si les intentions restent clairement bonnes et la réalisation appliquée. Toutefois, l'ensemble se tient et ravira les fans du binôme comme les amateurs d'affaires sombres sanguinolentes à tendance fantastique.
Les aficionados de François Boucq verront dans ce New York cannibals que, malgré le temps qui passe, son talent ne faiblit pas. Une histoire sombre, glauque et violente saupoudrée de mysticisme qui, à défaut d'être un indispensable du duo, vaut le largement le détour. C'est déjà beaucoup.
Lire la preview de New York Cannibals.
Merci à @bullesentete de m’avoir permis de gagner un exemplaire dédicacé de cet album … Je ne suis pas sûr que je l’aurais acheté et j’aurais eu tort. Je n’ai pas lu Little Tulip et ne suis pas trop coutumier de l’univers de Boucq ou/et Charyn. Au final j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette histoire pas simple mais bien scénarisée, à rencontrer ces personnages atypiques, ces gueules cassées, ces shamans improbables, des ingrédients qui ne m’attirent pas forcément mais qui je dois l’admettre fonctionnent très bien ensemble quant c’est aussi bien dessiné, ambiancé et mis en scène. Une réussite donc . J’en conclus qu’il est parfois bon de dépasser ce qu’on croyait être ses propres limites.
Très bon moment passé dans les bas-fonds de New York avec son côté sombre qui tente d'absorber, sans cesse, le peu de lumière...Big apple sous fond d'histoire de traffic pas très catholique . En fermant le livre, un vent mystique souffle dans l'air. Très réussie. Je retrouve un peu de Dufaux dans ce superbe one shot.
La couverture laissé transparaitre une histoire bouleversante... malheureusement, le résultat n'est pas à la hauteur des espérances. Pas fan de ce genre de dessin, très conventionnel, quasi ringard...
Et aucune émotion... certains passages sont traités de manière très très rapide ce qui accentue évidemment ce manque d'émoi... très dommage
Quand j'ai aperçu cet album dans les prévisions des nouveautés sur le site du Lombard, j'ai été très étonné d'apprendre qu'il était une suite à Little Tulip car ce dernier ne laissait pas de porte ouverte pour une suite. Je me suis naturellement jeté dessus car déjà, la couverture est très belle avec cette femme tatouée imposante, massive, qui tient un bébé de façon très affectueuse et le contraste offert est touchant, délicat, appelle aux mystères. Ensuite, j'apprécie fortement le dessin de Boucq pour son dynamisme, sa façon de représenter les bas fonds new-yorkais et sa variété dans les cadrages qui alternent gros plan et petit plan sur les visages expressifs des protagonistes. Tout cela me facilite l'achat sans aucune hésitation. Après, il y a le scénario de Charyn et là, je me méfie. Les dialogues sont relativement fluides mais je lui reproche souvent son recours au fantastique qui me laisse perplexe. C'est de nouveau le cas ici et ça m'emballe moyennement car les éléments fantastiques restent inexpliqués (on ne sait rien de l'origine des pouvoirs du bébé), jurent avec le côté réaliste du décor et sont prétexte à des facilités. La fin mystique est graphiquement spectaculaire mais hélas, elle vire au grand guignol avec cette apparition du surnaturel qui laissera les esprits cartésiens bien songeurs (j'en fais partie). Au final, un album agréable à lire malgré quelques réserves, et je ne serais pas étonné d'y voir une suite car le sort de certains personnages est laissé en plan.
Je me suis laissé captiver par cette histoire, qui pourrait ressembler à un conte macabre.
Les personnages principaux sortent de l'ordinaire et apportent une richesse au récit.
Malheureusement, j'ai trouvé que le scénario avait des zones d'ombre au niveau de la cohérence du récit et des facilités à certains moments : de plus, le final est trop abrupt.
Ma note : 2,5 étoiles.
"Fausse" suite de Little Tulip, le destin de Pavel et sa fille adoptive font donc l'objet d'un album qui ne manque pas de qualités : le graphisme de Boucq est fidèle à lui-même (même si la colorisation numérique est parfois contestable), et l'histoire s'attaque à un New York sous-terrain (drogue, trafic d'enfants...) aussi fascinant qu'il est inquiétant. En revanche, on peut se sentir décontenancé de la tournure mystique et fantastique que prend l'histoire dans sa dernière partie, et on s'interroge de la pertinence de ces choix qui tranchent radicalement avec le réalisme cinglant de Little Tulip, pourtant respecté et continué de façon convaincante dans les 3/4 de cet album. Sentiment mi-figue-mi-raisin.
Tout ce que je n'aime pas dans une bd. Un dessin année 90 totalement démodé. C'est pas beau, sans âme, sans finesse,... Et puis un scénario vu et revu. Une agence d'Etat un peu secrète mêlée à une sombre histoire un peu fantastique. Enfin, les personnages ne dégagent rien du tout, aucune émotion, ni peur, ni attachement,... Rien.
Alors pourquoi avoir acquis une telle BD? Car c'est un cadeau de belle maman qui a été sans doute attrapée par l'autocollant France Inter et la belle mise en avant chez le libraire. Dommage pour moi :(
Je dois bien avouer que j'ai préféré Little Tulip,à cette pseudo-suite qui n'avait pas vraiment de raison d'être tant la première histoire se suffisait à elle-même avec sa part de fantastique vers la fin.
Là, on commence avec un postulat un peu étrange qui refait apparaître un personnage mort depuis bien longtemps et qui semble avoir conservé toute sa jeunesse. On aura tout de même du plaisir à trouver Pavel et Azami qui a bien grandi depuis et surtout qui a beaucoup changé à coup de stéroïdes.
C'est surtout l'ambiance de ces quartiers de New-York laissé à l'abandon dans les années 90 que l'on ressent. Cette histoire de cannibalisme n'est également qu'une métaphore pour indiquer que le mal se nourrit de tout ces exclus du système. On remarquera également que c'est moins crû que le premier opus qui ne faisait pas dans la dentelle.
Les dessins sont toujours aussi beaux sans parler des couleurs qui donnent le ton juste. Il manque juste l'inspiration d'un scénario crédible car celui-ci fait malheureusement dans la facilité. On aura droit à une ambiance purement chamanique à la fin de ce récit comme dans le précédent tome.
Cela reste malgré tout un album très agréable à lire et à posséder pour la talent graphique de Boucq au sommet de son art.
Mitigé. Du bon et du un peu moins bon tant scénaristiquement que graphiquement. Il y a un côté exagéré qui me gêne. Par contre, l'intrigue est intéressante et l'insertion dans une NY loin d'être clinquante est bien retranscrite. Ca reste un album qui se laisse lire et ravira ceux qui apprécient ces auteurs.
J'ai bien aimé le dessin de Boucq : pas de surprise, c'est bien lui ! Rien d'original dans le dessin (pour du Boucq), mais c'est bien posé, bien cadré, bien colorisé.
Côté scénario, je suis plus mitigé : on retrouve la patte de Charyn avec du fantastique dans sa plus simple définition : l'arrivée de quelque chose d'exceptionnel dans un monde réel (ici au travers d'un enfant). La galerie de personnages vaut le détour : à chacun ses caractéristiques physiques.
Cependant j'ai trouvé cela lisse, relativement linéaire - et avant de poster cet avis j'ai relu "la femme du magicien" pour m'assurer que ce n'était pas mon état d'esprit qui me jouait des tours.
C'est un bon album : pas de regret sur l'achat, mais je ne le relirai pas de sitôt.
J'ai hésité un moment avant d'acheter, non pas l'album en tant que tel, mais cette version proposée par les éditions du Lombard, une version grand format , noir et blanc ou plutôt en bichromie.
Et j'avoue ne pas avoir été déçu. Je ne dirai qu'un seul mot après la lecture de cet opus: Sublime !.
Avant de me lancer dans la lecture de "New York Cannibals", j'ai naturellemnt relu "Little tulip", véritable petit bijou de la bande dessinée.
Avec cette suite, Boucq et Charyn nous offrent un album flamboyant, encore meilleur que "Little tulip". Ici , nous retrouvons Pavel/Paul avec sa fille adoptive Azami qui s'est bien transformée.Mais les souvenirs de Goulag vont rapidement le rattraper .
Le rythme est bien soutenu, j'ai littéralement dévoré les 168 pages de l'album.Certes on va retrouver des personnages de "Little Tulip" mais aussi découvrir d'autres personnages attachant, comme l'étonnant "Albatros" qui joue un rôle important.
Pourtant le personnage principal ici ce n'est pas Pavel,Azami ou d'autres mais bien la ville de New York , ou plutôt ses bas-fonds , parfaitement illustrés par un Boucq très inspiré. D'ailleurs dans le dossier présent dans la version n&b, Charyn écrit:"le New York que nous présentons ici est une image miroir déformée du New York moderne...la ville s'est détraquée et plonge dans l'ombre des ténèbres ..."
Évidemment, côté scénario, nous n'échappons pas aux références chamaniques, parfaitement assumées par Charyn et Boucq mais cela colle au scénario de manière éclatante.
Et que dire du dessin de Boucq. Avec le noir et blanc de cette édition, je suis resté époustouflé devant les planches. Le grand format permet d'admirer toute la beauté du trait de Boucq, dessinateur pourtant que j'ai mis beaucoup de temps à apprécier.Il faut ajouter qu'il s'agit d'un superbe objet éditorial, avec dos toilé.
Il aura fallu la série "Bouncer" pour que je puisse me familiariser à son style.
Avec cet album, la rentrée débute bien.
Un véritable coup de cœur en tout cas pour "New York Cannibals"