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obert Sax ne comprend pas comment les fabricants de la Guêpe peuvent vendre leur voiture à un prix aussi ridiculement bas que quarante mille francs belges. Il y pense un moment, puis porte son attention vers sa nouvelle flamme, Peg, sa secrétaire, qu’il emmène au cinéma voir Les martiens sont parmi nous. Parallèlement, la Banque de Flandre et le Musée royal sont cambriolés par des surhommes, tous identiques. Le bellâtre mène l’enquête avec son ancien beau-frère, l’inspecteur Martine.
La guêpe et toute la série Robert Sax constituent un hommage assumé à la bande dessinée des années 1950, particulièrement celle de Jacob, à cette différence que le scénariste, Rodolphe, est moins bavard que son illustre prédécesseur. Les rôles sont archétypaux : un héros sans peur et sans reproche, une amoureuse décorative, sans oublier un savant fou et mégalomaniaque inspiré par les nazis. L’intrigue est originale, bien construite et la conclusion est celle attendue, alors que le méchant est démasqué. La mort violente de l’épouse du personnage principal demeure à l’arrière-plan, un peu comme un fantôme dont le paladin est prisonnier. En attendant l’album levant le voile sur ce mystère qui sert de fil conducteur entre les différents opus, le bédéphile cherche, en vain, des indices.
Pour mettre en images un tel projet, Louis Alloing adopte, comme il se doit, la ligne claire. À défaut d’être original, son dessin se montre efficace avec un découpage précis et une caméra fluide. Un exemple parmi d’autres, une séquence en quatre cases commence par une vue d’ensemble en plongée, suivie d’une vignette avec les acteurs de côté occupant tout l’espace, d’un plan moyen où ils apparaissent de face et d’un dernier, plus large, alors qu’ils s’apprêtent à entrer dans le restaurant où se poursuivra l’action. La reconstitution de Bruxelles il y a soixante ans est par ailleurs réussie, avec ses vieilles publicités et ses commerces de quartier qui n’ont pas encore été remplacés par des chaînes internationales. Un bémol, la couverture donne vraiment beaucoup d’information.
Les auteurs s’approprient tous les ingrédients d’une recette à succès, et ça fonctionne très bien.
Nouvel hommage, cette fois à "Blake et Mortimer" de Jacobs. Et c'est très réussi, avec du mystère et de la SF (façon "Marque jaune").
L'histoire est très bien construite, sans temps mort, avec de délicieux moments rétro, des décors impeccables et des couleurs d'époque.
Le titre va faire une pause pour permettre aux auteurs de réaliser un projet de SF ; dommage, je crains que cela ne tue cette série qui avait gagné ses lettres de noblesse et devait certainement commencer à cristalliser un public de plus en plus important.
Il n'empêche, je ne boude pas mon plaisir, pour ce titre décidément surprenant.