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ous les cinq cycles, Perdita est colonisée par les pacifiques Rans qui doivent cependant combattre les velléités guerrières des Tayans qui désirent également s’y établir. Mais, les deux belligérants feraient bien de ne pas mésestimer les Lumanis, peuplade autochtone pas aussi primitive qu’elle n’y parait et, surtout, de se garder de la colère des Géants endormis …
Sonata est la nouvelle série du duo Hine & Haberlin publiée en fascicules outre-Atlantique chez Image Comics et dont Delcourt édite les six premiers épisodes sous le titre La vallée des Dieux.
Sonata définit une cosmogonie particulière et une planète qui l’est tout autant. Au fil des pages, la vie sur Perdita apparait dans toute sa complexité. Empruntant ou recyclant, selon l’humeur, nombre d’éléments déjà vus ou lus par ailleurs, le scénariste anglais en donne toutefois une lecture différente en jouant principalement sur les relations entre les divers protagonistes et, pour peu d’accepter quelques postulats propres au genre, sur l’enchaînement des évènements. Ainsi, le thème récurrent de l’Élue, le mythe de Roméo et Juliette, le manichéisme Bien versus Mal ou la fantasmagorie qui entoure la genèse de l’Humanité sont recomposés et agrémentés de certaines nouveautés qui changent un tant soit peu la logique des choses. Graphiquement parlant, Brian Haberlin se devait d’imposer un dessin qui fasse écho au récit démiurgique de son scénariste attitré. Largement aidé en cela par la mise en couleur de Geirrod van Dyke, il propose un bestiaire aux physionomies réussies et un univers visuel qui tire sa force du décorum steampunk et d’une dynamique dans l’agencement des vignettes que viennent parfois perturber des dialogues pas toujours des plus lisibles.
Sans être exempt de défauts, notamment, au niveau de la constance et de l’expressivité des personnages, Sonata a la volonté affichée de proposer un monde rétrofuturiste mâtiné de fantastique, tout en offrant un scénario aux multiples rebondissements. La vallée des Dieux répond globalement à cette ambition et le recours à la réalité augmentée fait office de cerise sur le gâteau.
Ce récit de conquête est doté d’un background plutôt fourni et intéressant et de personnages attachants avec cette Sonata, jeune femme aussi intrépide que pacifique qui va se retrouver dans les bras du bellâtre fils du chef ennemis Tayan. Surtout le bonhomme Treen, indigène à la physionomie de crapaud inquiétant qui s’exprime à la troisième personne et dont le code d’honneur tribal va entrer en contradiction avec son amitié pour Sonata. Si l’intrigue et les relations entre les deux clans antagonistes est déjà vue et s’inspire du schéma cowboys/indiens, l’articulation avec le mystérieux peuple Lumani apporte un déséquilibre intriguant par les révélations qui sont distillées tout au long de l’album. Avec des airs d’Aquablue, Sonata sonne comme une belle histoire écolo un peu naïve, dont la plus-value (hormis les graphismes, j’y reviens) est apportée par ces titans aux formes archaïques, entre le cadavre de Cyclope antique et le monstre de cauchemar… Survenant à plusieurs moments de l’histoire sans que l’on ne connaisse leur rôle ni leur fonctionnement, ils semblent liés au peuple Lumani dont l’aspect archaïque cache une réalité toute autre que les naïfs humains récemment arrivés sur ce monde sont loin de se douter. Avec ces géants, c’est une dimension mystique qui enrichit des séquences parfois proches de la sitcom et monte l’album dans les dimensions mythologiques tout à fait captivantes de cet univers.[...]
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