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epuis sa sortie du programme, Ninja-G se fait appeler Blindside. En rentrant chez elle, au cœur de la chaîne des Rocheuses, elle retrouve sa compagne étendue au milieu d’une mare de sang. À ses côtés, un homme gît sans vie. En sanglots, la combattante jure de se venger et quitte le Colorado afin d’obtenir des réponses auprès du responsable officiel de l’agence à Londres. Simultanément, Roger Thorpe est attaqué par une bande de tueurs cagoulés dans une discrète localité italienne. Identifié par le pseudonyme de Carapace, Ninja-J élimine promptement ses assaillants. Il est alors approché par la fille du Jonin, son maître, qui tente de l’appâter en lui offrant un défi à sa mesure : récupérer les larmes du moine qui brûle.
Le personnage de Colin King, alias Ninjak, a connu une célébrité fulgurante. Créé par Mark Moretti et Joe Quesada en juillet 1993 à l’occasion d’un kiosque de Bloodshot, le héros gagne rapidement les faveurs du lectorat. En février 1994, son premier épisode se vend même à un million d’exemplaires. Pourtant, son tempérament réservé n’a pas véritablement permis aux auteurs de créer un background. Puis, vint le magistral Matt Kindt. Le scénariste a la brillante idée d’expliquer que l’espion britannique porte le nom de code « K » et s’intègre au protocole « Ninja » des services de Sa Majesté. Toutes ressemblances à l’œuvre d’Ian Fleming ne sont pas purement fortuites, mais bien savamment orchestrées. Autre écrivain, Christos Gage a insisté sur la numérotation sous forme de lettre de l’alphabet et a intégré divers agents à la saga mère. Il ne manquait plus qu’à offrir à ses différents protagonistes une série propre. C’est désormais chose faite.
Aux manettes, B. Clay Moore (Savage) organise un récit réunissant pas moins de cinq shinobi. Spécialisés dans le sabotage, les infiltrations et les assassinats, ces guerriers constituent un outil fort utile pour le MI6 (Military Intelligence, section 6 : le renseignement extérieur du Royaume-Uni). Seulement, à l’instar des membres du Détachement International des Vipères Assassines tout au long du diptyque Kill Bill, ces pratiquants du ninjutsu se sont rangés. Par conséquent, l’appel de l’aventure formulé par leur sensei peine à convaincre. D’ailleurs, cette invitation ne sied à personne, tant le précepteur s’est montré redoutable et vicieux durant leur formation. Malgré cela, le sage connaît pleinement ses élèves et, étonnement, il obtient d’eux l’engagement souhaité.
Principal attrait de l’album, le comics arbore la patte de Fernando Dagnino (L’agent, Smart Girl). Son dessin réaliste est contrebalancé par un parfait équilibre des masses de noir sur ses planches. La caméra oscille avec justesse, présentant une belle variation des cadrages et provoquant une immersion efficace dans les scènes d’actions. La copie est de toute beauté d’autant que la colorisation valorise le découpage. Le style grand public de l’artiste s’intègre ainsi idéalement à la charte développée par l’univers Valiant.
Au final, l’intrigue légère de Killers l’apparente à un blockbuster hollywoodien dans lequel les effets visuels prennent le pas sur le reste. Un divertissement qui conviendra donc aux amateurs de débauches d’énergie graphique.
Trop court, quel dommage. Les idées dedans sont géniales mais vraiment mal développées ! Il y a pléthore de bons points non transformés (le Jônin et sa fille, le moine qui brûle, les différents ex Ninja du MI6, etc.). Les auteurs les mettent tous en pagaille et les font s’affronter bêtement. Non pfff ! Dommage !