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ontréal, années 2010. Maxim Boudelle dit Minimax est une étudiante en fin de vingtaine pleine d’énergie. Elle finit une maîtrise à l’université, joue dans un groupe punk, milite pour plus de progrès social et tente de se trouver une âme sœur. En gros, elle vit pleinement son âge et profite de l’instant présent. Par contre, malgré la certitude de ses convictions, elle est en train de se rendre compte que la réalité n’est pas toujours en phase avec ses attentes.
François Donatien signe un album rock’n’roll sur le passage de l’adolescence à la vie d’adulte. Ce moment, où même le plus libre des électrons en arrive au constat que rien ne peut rivaliser avec les forces électromagnétiques de la réalité et de la normalité. Raconté sous la forme de petits récits indépendants, le portrait de ce sympathique feu follet constellé de taches de rousseur s’avère admirablement construit. Forte en gueule, drôle, mais aussi fragile et hésitante, Minimax se dévoile petit-à-petit alors qu’elle s’aperçoit que ce qu’elle pensait immuable – sa famille et ses amis, tout spécialement – évolue et change sans qu’elle ne puisse rien y faire. Pas facile alors de se positionner et d’accepter les compromis. Le reality-check est cinglant pour celle-ci et la démonstration particulièrement parlante pour le lecteur.
Première œuvre marquée par la BD underground américaine, le dessin montre quelques hésitations ici ou là. Donatien se cherche encore, preuve en est les nombreux changements de techniques d’un chapitre à l’autre. Cependant, l’ensemble conserve quand suffisamment de cohérence. De plus, ce patchwork narratif fait parfaitement écho avec les différents déboires de l’héroïne. L’efficacité des découpages et l’excellente lisibilité générale est à relever ; l’auteur sait raconter, ça ne fait aucun doute.
Humour grinçant, catalogue de situations plus ou moins douloureuses, nombreuses références politico-culturelles et une réelle réflexion ancrée dans un quotidien immédiatement reconnaissable, Minimax reprend, à son niveau, des interrogations similaires à celles qu’avaient pu avoir un Peter Bagge ou une Julie Doucet à leurs époques respectives.
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