Le 6ème tome d’Il était une fois en France a été élu Album de l’année par les lecteurs de BDGest.
Plus de 2.700 votes ont été recueillis sur deux semaines et demi (+ 3 % par rapport à 2011) avant que la conclusion de la série créée par Fabien Nury et Sylvain Vallée ne décroche la palme de cette vaste consultation d’amateurs de Bande dessinée.
Comme chaque année, dans sept catégories distinctes, les internautes de BDGest ont pu exprimer leurs choix dans le cadre d’une sélection établie par un Jury. Les listes de dix titres proposées étaient variées et pouvaient inciter à confirmer des succès enregistrés en librairie mais également inviter à découvrir des titres disposant de qualités et qui méritent de rencontrer un public plus large.
Si l’on en juge par la concentration des suffrages sur quelques titres, le verdict des urnes confirme certaines « valeurs sûres ». Il traduit peut-être également une volonté de limiter la prise de risque, au détriment parfois de l’esprit de découverte, régulièrement exprimée sur notre forum. Au-delà d’une certaine fidélité à des auteurs reconnus ou à des séries inscrites dans le paysage depuis quelques temps, cette orientation (établie à partir d’un panel qui ne prétend pas être représentatif) valide l’idée d’une concentration des lectures et des achats sur un nombre plus limité de titres alors que, dans le même temps, le nombre de nouveautés proposées continue de progresser (4.109 ont été publiées en 2012 selon le rapport de Gilles Ratier pour l'ACBD).
Il n’en reste pas moins que les lauréats des BDGest’Arts 2012 sont de beaux vainqueurs qui ont leur place dans toute bédéthèque digne de ce nom.
Merci de votre fidélité et rendez-vous mi-décembre 2013 pour la 11ème édition. D’ici là, bonnes lectures et bonne année !
Avec son 6ème tome, la page d’Il était une fois en France (Glénat) s’est refermée, de la manière la plus convaincante qui soit. Au rythme d’un nouveau chapitre par an, Fabien Nury et Sylvain Vallée ont décrit le parcours d’un des personnages les plus ambigus qu’il ait été donné de découvrir en bande dessinée. Toujours sur le fil par son comportement et ses actes, Josef Joanovici restera comme celui sur lequel on ne peut pas véritablement coller d’étiquette : opportuniste, salopard de première, héroïque par certains côtés, collabo ou résistant selon les circonstances, bigrement malin mais aussi capables d’erreurs. Le dernier volet de ses aventures romanesques, riche en rebondissement, s’impose comme la digne conclusion d’une saga se déroulant dans une période trouble et contée de mains de maîtres. Déjà plébiscité par les lecteurs de BDGest dans la catégorie Scénario pour les tomes 1 et 2, puis en Album pour le 3ème, la consécration s’imposait pour l’ultime chapitre d’une série qui fait déjà figure de classique.
À une poignée de voix du lauréat, le 7ème tome de Bouncer (Glénat) fait un réjouissant deuxième dans une consultation de lecteur. À la faveur d’un changement d’éditeur, Alejandro Jodorowski et François Boucq ont remis en selle leur bourreau manchot pour qu’il puisse exécuter une nouvelle vengeance. Et les deux complices ont l’air de s’en être donné à cœur joie si l’on en juge le résultat. « Jodo » reste fidèle à quelques thèmes et excès qui sont comme une marque de fabrique tandis que Boucq offre un dessin diabolique de précision et d’énergie (et il en faut pour suivre le périple de leur anti-héros !) à ce western hors norme qui leur permet d’élargir leur lectorat au-delà de celui de leurs autres créations.
Troisième tome et troisième podium pour Blast (Dargaud) ! Avec les confessions de Polza Mancini, Manu Larcenet captive, effraie, fascine. La tension qu’il a installée ne se dément pas et l’incertitude continue de planer lourdement sur ce récit dont on attend prochainement l’apothéose. Pour un couronnement avec un prix de Meilleur album ?
Primé en Meilleur album et lauréat pour les deux premières places en scénario, Fabien Nury règne sur l’année BD 2012 pour les lecteurs de BDGest. Que ce soit seul pour La mort de Staline t2 (Dargaud) ou en duo avec Maurin Defrance pour L’or et le sang t3 (12bis), le scénariste entraîne dans son sillage les amoureux de récits épiques ancrés dans un contexte historique, sans se priver d’aborder une dimension politique souvent édifiante. Chacune de ses créations est désormais attendue et 2013 sera de nouveau une année de découvertes (cf. interview
Nous parlions de valeurs refuges en introduction et, aux yeux des membres du site, Luc Brunschwig illustre typiquement cette notion. Son intimiste Lloyd Singer (Bamboo) fait partie des chouchous régulièrement mis en avant par les lecteurs qui apprécient le virage pris par une série qui explore les relations familiales avec précision et délicatesse. De quoi regretter que le prochain album soit annoncé comme le dernier, le succès d’estime n’étant pas un succès commercial.
Deux albums se partagent près de la moitié des suffrages et arrivent largement en tête de la consultation. Deux albums aux tonalités bien différentes mais réalisés par des auteurs dont le travail d'orfèvre a su convaincre une majorité de lecteurs. À la première place du classement se trouve le Livre III de Holmes, l'Ombre d'un doute (Futuropolis), dont les deux premiers avaient déjà séduit par une exigence permanente de réalisme et de précision. Cécil récidive dans le troisième et permet d'admirer, une fois de plus, des planches dont l' utilisation parfaite de la lumière confère au récit de Luc Brunschwig une atmosphère extraordinaire.
À quelques encablures, c'est un navigateur expérimenté qui pointe le bout sa coque. Des récits de marins aventuriers, Riff Reb's n'en est pas à son premier. Il avait inauguré, il y a déjà presque quatre ans, la collection Noctambule des éditions Soleil par une adaptation d'un récit de Pierre Mac Orlan, À bord de l'étoile (Soleil). C'est Le Loup des Mers (Soleil) de Jack London qui a cette fois inspiré l'auteur et ses crayons : une bichromie magistrale qui rend parfaitement l'ambiance oppressante de ce huis clos malgré les espaces infinis qui se dressent devant le Fantôme. Ça tangue, ça suinte, ça transpire. De ce duel en haute mer ne sortira qu'un seul vainqueur.
Un peu plus loin derrière, se dresse le cinquième tome du Trône d'Argile (Delcourt). D'une fresque historique relatant la Guerre de Cent Ans, Theo a su la rendre à la fois passionnante et captivante. Passionnante par son souci du détail qui plonge le lecteur dans une ambiance qui sent bon la fin du Moyen Âge. Captivante par son sens du découpage qui dynamise le récit de France Richemond. La bande dessinée historique a encore de beaux jours devant elle.
Parmi les auteurs occupant les trois premières places de cette catégorie, aucun n'est coloriste de métier. Ce sont néanmoins deux spécialistes des couleurs directes qui se trouvent sur les plus hautes marches.
En premier lieu, Guillaume Sorel dont la réussite de l'adaptation du roman de Laurent Seksik, Les Derniers Jours de Stefan Zweig (Casterman) tient notamment à la remarquable harmonie entre le dessin et sa mise en couleurs qui en rend la lecture quasi envoûtante.
Une légende vivante de la bande dessinée occupe la deuxième place et prouve, malgré le temps qui passe, que son talent reste intact. Il faut absolument lire ne serait-ce que les toutes premières planches du quinzième tome des Tours de Bois Maury (Glénat) pour s'en assurer : l'utilisation d'une incroyable palette de vert rend la jungle mexicaine terriblement glauque oppressante. Puis, quand on se rend compte que le reste de l'album est l'avenant, une chose est sûre, l'heure de la retraite est loin d'avoir sonné pour Monsieur Hermann.
C'est dans un tout autre registre que Federico Bertolucci a assuré le dessin et les couleurs de Love (Ankama) . La bande dessinée animalière réclame à la fois de la précision dans le rendu morphologique mais également du dynamisme quand il s'agit de mettre en mouvement la faune locale. Ajoutez à cela des paysages somptueux avec la fin de l'automne et l'arrivée de l'hiver, et Love est loin d'avoir usurpé sa place.
Une chose est sûre, Wilfrid Lupano sait offrir des scénarios en or à des débutants bourrés de talent. L’an dernier, Paul Salomoné s’était révélé au public en mettant en images une histoire peu banale dans l’Arizona du début du XXème siècle. Cette fois, c’est le travail de Jérémie Moreau qui est distingué pour Le singe de Hartlepool (Delcourt) qui livre, à sa manière, l’origine d’une rancune tenace née à l’époque napoléonienne et qui continue d’opposer anglais et français. Point commun entre les deux, une faculté à créer des personnages « à trognes » particulièrement typés. La composition de Moreau se distingue également par un découpage et une mise en couleurs qui font preuve de caractère.
Autre époque et une vision plus "noire" que caricaturale pour Les amis de Pancho Villa (Casterman) signé par Léonard Chemineau. Son adaptation d’un roman du Mexicain James Carlos Blake en restitue parfaitement la brutalité et l’atmosphère parfaitement typée, en étant admirablement secondé par une mise en couleur de haut vol signée par Sophie Dumas et Scarlett Smulkowski.
Autre temps, autre style pour Herakles (Akileos) d’Edouard Cour. Son portrait du mythique Herakles sort de l’ordinaire grâce à un ton qui donne un éclairage inédit au personnage au vécu jalonné de morts sans être lugubre et dans un style graphique exaltant. Et nous n’étions qu’à mi-chemin des aventures du colosse…
C’est rythmé comme du papier à musique : tous les trois ans lorsqu’Estaban pointe son nez, il rafle la mise. Après le tome 2 en 2006, le tome 3 en 2009 qui ont eu les honneurs du prix Jeunesse et voici le quatrième volet, Prisonniers du bout du monde (Dupuis) qui l’emporte une fois de plus. Le choix de Mathieu Bonhomme d’abandonner l’univers maritime pour un environnement carcéral s’est révélé efficace du point de vue de l’aventure et propice à un discours humaniste d’autant plus efficace qu’il est exprimé sans effets ni tapage. Et dire que le dessinateur était à deux doigts d’obtenir une citation en Album et en Couverture pour Texas Cowboy co-signé avec Lewis Trondheim…
Sur la seconde marche, un très joli diptyque proposé par Valérie Vernay et Matthieu Reynès, La mémoire de l’eau (Dupuis). Là aussi, l’histoire, parfaitement équilibrée, basée sur différents types de découvertes (environnement, évènements passés) distillant des ingrédients capable aux lecteurs de se projeter dans certaines situations (récentes ou passées selon l’âge qu’ils ont) est une véritable réussite.
Pour la troisième place, l’issue est restée longtemps incertaine entre deux titres très différents : d’un côté, Mermaid projet (Dargaud) basée sur une intrigue policière qui met le doigt sur les rapports de force entre communautés et les pratiques douteuses de certaines organisation, et de l’autre, Les carnets de Cerise (Soleil) où l’enquête menée par une fillette de onze vise plutôt à découvrir le monde des adultes en empruntant au conte.
Quatre couvertures dans un mouchoir de poche ! Douze voix seulement séparent Azimut t1 (Vents d’ouest) de Kililana song (Futuropolis) tandis que Folies Bergère (Dargaud) et La licorne (Delcourt) sintercalent entre les deux.
Pour retenir l’attention et inviter à ouvrir les albums, les compositions sont donc différentes : créature sculpturale et personnages étranges dans une ambiance rétro pour Jean-Baptiste Andréae, ambiance dépaysante, baignée de lumière et de chaleur pour Benjamin Flao, atmosphère de guerre et de mort pour Francis Porcel, machinerie mystérieuse et pâle silhouette pour Anthony Jean.
Faute de dégager un album qui fasse l’unanimité dans les rangs du Jury, celui-ci a choisi de distinguer une série qui a connu sa conclusion en 2012 ainsi que les premiers pas d’un éditeur.
L’acte I de De cape et de crocs (Delcourt) s’était ouvert un jour d’automne 1995 et le rideau s’est baissé dix-sept printemps plus tard. Durant dix tomes, Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou ont façonné une comédie d’aventure trépidante et savoureuse, menée sur terre, sur mer et même sur la Lune, qui a transporté de plaisir les amateurs de répliques délectables et de dessin ciselé. Armand, Don Lope et Eusèbe ont tiré leur révérence et les artistes ont été salués comme leur vivante prestation le méritait. Mais il est déjà question de les revoir dans un diptyque que les fans, dont la patience n’a jamais été déçue, se réjouissent à l’avance de découvrir.
Régulièrement, la question est posée sur notre forum : comment aborder les comics ? Sous quel angle ? Dans quel ordre ? Comment se fondre dans le flux d’une production aussi massive que tentaculaire sans perdre pied ? Un nouvel éditeur issu de la cuisse de Media Participation, Urban comics, propose depuis début 2012 aux novices d’accompagner leur cheminement pour s’imprégner des bases et des repères indispensables, sans négliger les amateurs chevronnés toujours avides de nouvelles sensations. Ne se contentant pas de mettre à disposition le catalogue DC Comics dont il a l’exclusivité des titres, Urban comics a livré quelques « Essentiels » et « Antholologie » de belle facture qui ont pu mettre le pied à l’étrier de futurs acharnés du genre. Et on ne le répétera jamais assez, il n’y a pas que Batman et ses acolytes costumés au programme des 91 titres proposés cette année… Il conviendra de faire au moins aussi bien en 2013.
Décerné pour la première fois, le Prix des chroniqueurs témoigne d’un véritable coup de cœur pour un livre sorti en début d’année. Au premier abord, on va vers David, les femmes et la mort (Le Lombard) avec une certaine appréhension devant le sujet traité, la maladie et la façon de la vivre pour celui qui est touché et pour son entourage proche composé de femmes de trois générations. Puis, rapidement, le récit de Judith Vanistendael (La jeune fille et le nègre) capte l’attention et la sensibilité du lecteur pour ne plus les lâcher. Les scènes sont tour à tour graves, aériennes, profondes, dramatiques, anodines, lumineuses, chaleureuses comme peuvent l’être les relations humaines. Certaines séquences, d’une force inouïe – ce qui n’induit pas qu’elles soient traumatisantes -, que ce soit sur le plan graphique ou du texte, restent inscrites dans notre mémoire pour longtemps. Cette œuvre magnifique sortie en début d’année 2012 fait l’objet d’une nouvelle édition (nouvelle couverture – bien moins convaincante selon nous) en janvier 2013. À découvrir séance tenante.
Quelques rappels à propos des BDGest'Arts :
Du 17 décembre 2012 au 3 janvier 2013, bdgest.com a organisé ses traditionnels BDGest’Art. Pour la 10e année consécutive, les habitués du site (93.300 inscrits début janvier 2013) ont été invités à élire leurs favoris dans le cadre de 7 catégories.
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