Lors de son apparition en librairie, Gantz avait frappé un grand coup. Avec son graphisme net mêlant trait dessiné et infographie, son sens du détail étonnant, son noir et blanc lumineux, il sortait indiscutablement du lot. Son pitch prenait également l'amateur de SF par le col. Songez, des inconnus, présumés décédés, confrontés à une forme inconnue qui les met au défi de supprimer l'occupant alien, dont ils ne soupçonnaient pas l'existence et qui prend des formes totalement surprenantes. En quelques mots, voilà de quoi titiller l'imagination et échafauder quelques hypothèses bien senties. Il y avait aussi une autre raison, intellectuellement moins affichable. Si l'auteur, Hiroya Oku, rappelle que la série était dès l'origine destinée à un public adolescent, il est vite apparu que la mention «Pour lecteurs avertis » n'était pas usurpée. La violence est au centre de Gantz, pas seulement visuelle avec ses éclaboussures gore et ses gunfights homériques, elle est prégnante dans les relations entre les personnages, les bastons entre jeunes ou les sévices psychologiques qui sont monnaie courante en témoignent. Le sexe est également très présent, les scènes et plans dévoilant l'anatomie de créatures, plutôt faibles de caractère mais dotées de courbes avantageuses, sont fréquents. Sans compter que les donzelles – ou d'autres tout aussi accortes – ponctuent l’intermède séparant les chapitres. Ajoutons à cela, les bénéfices de tenues particulièrement moulantes revêtues par les protagonistes... Autant d'arguments qui font que Gantz doit faire partie des mangas les plus feuilletés sans jamais atteindre le niveau des caisses dans les librairies.
Au début du mois, le 30ème volume est sorti, et, parmi les bluffés des la première heure, nombreux sont ceux qui ont lâché le navire, à mesure que l'action devenait répétitive, la surenchère dans le gigantisme des adversaires, ressemblant de plus en plus à des boss de fin de niveaux de jeux vidéo, ne suffisant pas à combattre une certaines forme de lassitude.
Pourtant, n'exagérons rien, le film se révèle divertissant. La sphère est bien présente et elle confie trois missions à une équipe de "fraîchement trépassés", de tous âges et des deux sexes, dont la composition est renouvelée par la force des choses. L'absurdité du profil des deux premiers E.T à abattre est bien rendue (un homme-poireau et une sorte d'automate doré, croisement d'un robot et d'une poupée de ventriloque), la gestuelle du martien Tanaka, qui prête à sourire, contrastant par exemple avec sa redoutable efficacité. La dimension onirique, voire transdimensionnelle, de l'univers dans lequel sont projetés les acteurs transparaît également ici et là, notamment lors d'une poursuite avec l'insaisissable homme-poireau qui échappe régulièrement à ses poursuivants pour surgir ailleurs, défiant toute logique. Les cibles suivantes, dont un Bouddha géant, respectent également les créations originales.
Gantz – Au commencement remplit donc son office de mise en images de la création originale (difficile de parler d'empreinte laissée par le réalisateur) mais reste un peu timoré lorsqu'il s'agit de faire passer les sentiments ressentis par les protagonistes. Les fans de la version papier devraient donc y trouver leur compte dans la mesure où les repères essentiels sont présents mais déploreront un manque d'audace évident, tandis que ceux qui n'en avait jamais ouvert un volume ne devraient pas s'ennuyer. Les deux types de publics ressortiront probablement un peu frustrés de ne pas avoir trouvé les réponses que la facette la plus intéressante du scénario aura fait naître. Le second groupe aura au moins l'espoir d'être exaucé en découvrant la seconde partie, annoncée pour janvier 2012, elle aussi en direct to video en France. Souhaitons que dans les suppléments, il soit au moins fait référence au manga, voire qu'il lui soit consacré un bonus spécifique, ce qui fait cruellement défaut dans cette édition.