Le voyage est-il plus important que la destination ?
Oui parfois, pourrais-je dire. Mais pas dans tous les cas,en effet, la vie comporte bien plus d’un voyage. Si l’on est fatigué, il est bon d’atteindre un but pour pouvoir poser le sac.
Qualifiez-vous ce voyage d’initiatique ?
Oui, vous avez raison. Il s’agit du rêve de ce qui est nécessaire à une bonne fin du voyage. Car rien ne dit qu’un voyage que l’on entreprend apportera le résultat escompté. Cela peut aussi tourner au cauchemar. En fait, on peut dire, "OK", j’ai appris quelque chose sur les cauchemars et ce que je dois faire pour les éviter. Mais je pense surtout que tout un chacun attend du merveilleux ou un conte de fée.
Votre histoire oscille entre rêve et réalité, mais si le rêve met en doute la réalité, peut-il mettre en doute la réalité du rêve ?
Si l’on a des problèmes avec la réalité, on peut soit la reconnaître, soit se réfugier dans le rêve. Mais si l’on est dans un rêve, alors il n’y a plus de place pour le doute. Parce qu’on construit ses propres rêves et qu'on les fabrique du mieux que l’on peut, les rêves sont parfaits et ils ne laissent aucun espace au doute.
Quelles ont été vos références artistiques pour cet album ?
Quelques images sous-marines, de maisons au Labrador, d'Inuit" ou de voitures. Le tout trouvé sur Google. Le reste me vient de mes souvenirs de voyages aux Etats-Unis, dont l'Alaska.
Il manque une bande son à ce road-movie, selon moi, laquelle pourrait-elle être?
Merci pour cette impression. Vous avez raison. J’ai écouté plusieurs morceaux de musique pendant que je travaillais. Aussi bien pour les parties les plus puissantes que pour les parties de tristesse et de désespoir. Voici les morceaux que j’ai utilisés : Alabama 3, La Peste / M.O.R. / Outlaw. Tony Jo White pour la chaleur du Sud : Deep Cuts / Uncovered / Take Home The Swamp. Emerson Lake & Palmer : Luck Man. La bande originale du film “First Snow”. Mais si j’avais un souhait pour une bande-son, elle serait de Nick Cave. Tirée du film « The Killing of Jesse James » avec Brad Pitt. Oui, voilà le son que je mettrais sur cette histoire.
Peut-on dire que Bill est une sorte de psyché ?
Je dirais que Bill est le reflet de tous ces gens qui deviennent vieux et se demandent : « merde, qu’est ce que j’ai foutu de ma vie ? » J’aime ces gens pour le courage dont ils font preuve en se posant cette question dangereuse. Je les rencontre dans les cafés le long des routes, dans les bars, dans les villes où ils attendent le dernier bus dans la nuit.