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Tueuse : trait noir pour noir dessein

Rencontre avec Damien May

Propos recueillis par F. Mayaud Interview 18/02/2010 à 21:18 5961 visiteurs
En marge des collections dédiées aux polars en bandes dessinées, la maison d’édition « Des ronds dans l’O » permet aux amateurs du genre de découvrir une pépite. Tueuse, one-shot adapté du roman éponyme d’Annie Barrière, révèle un contenu incisif et sans concession qui fait la part belle à un personnage féminin complexe et entier qui voit ses certitudes vaciller. L’auteur, Damien May, est un nouveau venu. Autodidacte, son trait est plein de promesses...

Tueuse est votre premier album, et il paraît pour l’ouverture d’Angoulême. Quel a été votre contact avec le public ?

Il y une part des personnes que j’ai rencontrées qui en ont entendu parler. D’autres sont peut-être attirés par la couverture. Je ne sais pas comment sont perçus la couverture et le format qui font clairement écho à l’univers du polar et du roman noir - c’est d’ailleurs mon éditrice qui m’a guidé sur cette voie. Après des essais en noir et blanc, nous avons finalement opté pour que la partie texte apparaisse en jaune.

Vous êtes parti sur l’adaptation d’un roman pour votre première bande dessinée. N’avez-vous pas eu envie de créer quelque chose de toutes pièces ?

Écrire, je n’ai peut-être pas encore l'imagination nécessaire pour ça, c’est un de mes regrets. Quand je lis un bouquin qui me plait, j’ai envie de rentrer dedans, dans son monde, et de le faire partager parce que c’est aussi moi que j’y retrouve.

Qu’est ce qui vous a séduit dans ce livre d’Annie Barrière ?

Je ne suis pas un habitué des polars. En tout et pour tout, j’ai dû en lire une dizaine, il y a une dizaine d’années, dont certains d’Izzo ou encore de Fregni. J’ai aussi commencé Fatale de Manchette, ça a l’air génial, mais je ne l’ai pas fini. En fait, j’ai de nombreux de bouquins en cours de lecture. Je suis tombé sur Tueuse un peu par hasard et, en le lisant, je suis tombé amoureux de l’héroïne. Son côté nihiliste, antisocial et noir par rapport à ce qui l’entoure, ainsi que la violence qui émane de l’histoire, me plaisent. Je ne sais pas si ça se ressent à la lecture.


Alors, pour adapter ce roman, quelles règles vous êtes-vous fixé ?


Je suis resté très fidèle au texte, à quelques rares exceptions près où je me suis octroyé le plaisir de mettre une touche personnelle. J’étais parti comme ça et je pense qu’Annie Barrière y tenait, qu’elle voulait retrouver son texte. C’est devenu une sorte d’accord tacite. Dans l’absolu, j’ai travaillé de mon côté. Je lui ai fait lire pour voir si ça lui convenait et elle n’a rien changé, ça lui plaisait.

Comment s’est opérée la transposition du roman à la bande dessinée ?

Techniquement, je ne peux pas expliquer, ça s’est fait au feeling. Une fois le premier jet terminé, j’en ai discuté avec Nathalie Meulemans (éditrice des « Enfants Rouges ») qui m’a conseillé sur quelques points de détails, pour des problèmes de liaison entre les scènes. Là, j’ai repris quelques planches. Après, c’est Marie Moinard (éditrice « Des ronds dans l’O ») qui l’a pris tel quel.

Vous êtes arrivé avec le projet « clé en main » ?

Oui. On me l’a souvent reproché - les éditeurs n’aimeraient pas ça. Dans le même temps, c’était mon premier album, il fallait bien que je me fasse la main. Et je ne concevais pas de le présenter sans qu’il n’y ait rien d’autre derrière.

Quand vous est venue l’idée de faire une bande dessinée ?

J’ai toujours eu envie d’en faire. J’ai longtemps tourné autour du pot, avec de mauvaises excuses... Ça m’a pris du temps de franchir le cap, une dizaine d’années. J’avais déjà fait un essai avec Kessel. Je l’avais présenté à certains éditeurs, ça a été refusé et c’était normal : ça n’avait rien de formidable. J’ai aussi fait une autre tentative avec un roman de Zazoubrine, Le Tchékiste, mais là, c’est moi qui ne suis pas allé au bout.

Tueuse, je l’ai trouvé en 2003, à sa sortie. Comme il me plaisait vraiment, j’ai fait quelques planches, puis ai eu l’opportunité de rencontrer Annie Barrière, que je ne connaissais pas avant, par le biais d’un auteur croisé lors d’un salon du livre à Cassis avec lequel j’ai évoqué mon projet (Henri-Frédéric Blanc). Ça a mis du temps, je me suis arrêté de dessiner pendant plus d’une année, je n’y croyais plus trop. J’ai mis du temps à sauter le pas parce que j’avais beaucoup de travail et qu’il n’est pas facile de mettre une croix sur des revenus ! Ça s’est fait très lentement. Il y a eu plusieurs versions. Pour la première, j’ai voulu dessiner directement sans passer par le crayonné, mais le résultat n’était pas probant. J’aime que ça soit direct, ne pas changer d’outils, ne pas avoir de crayonnés sous mon dessin. C’est un peu comme pour l’écriture, je ne sais pas si ça se ressent, mais je souhaite aller encore davantage dans ce sens pour le prochain : plus libre. Le travail de Baudouin m’a énormément influencé, peut-être trop, je ne sais pas. Je ne pense pas que l’on puisse faire quelque chose sans influence. Mais quand je lis ses bouquins, c’est le rêve : la poésie, la vie ... Pour ma part, ses débuts ne sont pas ce que je préfère chez lui. Je considère qu’il a opéré comme une rupture sur la fin de son album Un flip coca : les dernières planches changent complètement. Le dessin apparait comme libéré, même si le trait n’est pas nécessairement encore celui d’aujourd’hui.

Comment avez-vous appréhendé la représentation graphique de vos personnages ?


Ce que je regrette c’est de ne pas avoir mieux travaillé les personnages secondaires, ils sont venus comme ils sont venus, au fur et à mesure que je dessinais les planches. L’héroïne, elle, s’est imposée à moi. L’auteure ne la décrit pas, et c’est l’une des choses qui me plait chez elle : tout est envisageable. De plus, comme j’essaye d’avoir un dessin assez libre, j’ai dû la reprendre cinq ou six fois à chaque planche, sans exagérer. J’aimerais retrouver un personnage comme ça, avec une vision de la vie qui, peut-être, me ressemble. Je crois avoir lu une chronique qui évoquait ce côté trop « laconique » du personnage, je vois la chose différemment. Une auteure de bande dessinée m’a fait une remarque similaire, sur son côté trop dur, trop définitif dans ses jugements. Je ne la vois pas comme froide, juste une vision désabusée. Je pense l’avoir représentée avec ses doutes et les cauchemars qui la hantent. Elle est fragile.

Initialement, je ne voulais pas faire apparaître les scènes où elle tuait. Mais bon, ça reste tout de même un polar. Ce que je voulais montrer, c’était la profondeur du personnage et le changement qui s’opérait en elle au fur et à mesure de l’évolution du récit. Cette représentation a dû influer sur la perception qu’ont pu avoir certains lecteurs de ce personnage.

Avez-vous des projets en cours ?


Oui, je travaille sur une nouvelle d’Isabelle Eberhardt (1877 - 1904), une femme notamment connue pour avoir revêtu l’identité d’un homme pour pouvoir circuler où elle le souhaitait en Algérie. Je crois d’ailleurs qu’elle est représentée dans la série Carnets d’Orients de Jacques Ferrandez. La nouvelle porte sur un thème similaire à celui de Madame Butterfly : une jeune Kabyle qui tombe amoureuse d’un militaire français, source d’incompréhensions et de décalages. C’est un sujet auquel je suis particulièrement sensible.
Propos recueillis par F. Mayaud

Information sur l'album

Tueuse

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