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Ainsi danse

L’incidence des mots

Alexandra.S. Choux News 20/12/2008 à 01:09 3020 visiteurs
7 personnages, 7 histoires, que le destin choisit de croiser . "Ainsi danse" est un récit intimiste, drôle parfois, sensible toujours.

Quelle est la part autobiographique de cet album ?
Michel-Yves Schmitt : Elle joue un rôle important, mais certainement moins que dans mon précédent album Dérives, où la biographie était l’essentiel du récit. Ici, il y a plus de fantaisie, la narration est romancée. Je me suis basé sur ce que j’observe autour de moi : les préoccupations de chacun, les réactions face aux épreuves, les joies ou les tracas des personnes plus ou moins proches, pour rendre un côté universel à ces tranches de vie qui me parlent et, qui je souhaite, parlent aussi aux autres. Mais bon, c’est certain, on est toujours tenté d’interpréter ce qui arrive à autrui par rapport à son propre vécu, c’est parfaitement humain et c’est dans ce sens qu’on peut dire que cette histoire peut être autobiographique. En fait, cette part personnelle est dans le « jeu d’acteur » des individus de cet album. En leur créant une situation conflictuelle ou inattendue, j’essaie de voir comment ils s’en sortent, et même si pour autant je ne l’ai pas vécu, forcément, mes propres réactions influencent le fil de l’histoire.

Qui êtes-vous ?
Un passionné de BD, et ce, depuis l’enfance. J’ai toujours dessiné des BD pour mon plaisir perso, d’abord en copiant les albums que je vénérais, ensuite en imaginant mes propres histoires. Je suis passé par deux écoles : Arts appliqués et Beaux-Arts de Nantes. Puis j’ai travaillé dans la communication et la presse pro en tant que graphiste. Fanzines, collectifs et propositions de projet bd m’ont amené au final à publié Dérives chez La Boîte à Bulles.
Je suis aussi un boulimique de cinéma. C’est une narration en image qui nourrit également mes propres récits.

Lequel des personnages d'Ainsi Danse vous ressemble le plus ? Pourquoi ?
Oups, question piège, docteur… Impossible d’en choisir un seul, il y a un peu de moi dans chacun des personnages, surtout et naturellement dans les personnages masculins. J’ai accentué un trait de caractère particulier pour chacun d’eux en évitant de tomber dans la caricature. Je sais, ça fait un peu schizophrène comme procédé, mais écrire les vies de différents protagonistes, on en vient à fractionner ses propres tempéraments. Allez, pour répondre à la question, je vais dire le personnage masculin du début : Max. Je suis assez frileux qu’on dérange mes habitudes et mes principes de vie, mais pas au point où lui en devient intolérant et buté.

Comment avez-vous élaboré ce récit ?
En pensant avant tout à raconter la rencontre imprévue de 2 personnes. C’est pourquoi l’album s’ouvre sur une rencontre amoureuse. Au fil de l’écriture, je me suis posé des tas de questions sur leur caractère, leur avenir, en ayant l’intention d’explorer différentes facettes du sentiment amoureux, j’ai vite préféré faire intervenir d’autres protagonistes pour m’y aider. Je suis parti alors sur un récit choral où je me suis amusé (et parfois arracher les cheveux) à donner vie à 7 personnages, en articulant les scènes et en donnant autant d’importance à chacun.

Vous êtes un optimiste de nature ou vous forcez le trait ?
Euh, oui, ça se voit pas ? ;)
Je suis plutôt d’un naturel optimiste, mais je vais dire avec une tendance à mépriser le côté sombre de mes sentiments. Comme tout le monde, je pense. C’est pourquoi je les jette volontiers dans mes albums, histoire de soulager ce sac de vilaines humeurs. Et puis j’admets que je force aussi le trait de certaines situations, c’est pour moi dans des contextes éprouvants ou difficiles qu’on s’aperçoit de la nature réelle et touchante de chacun de nous. Le bonheur parfait, rose et fleuri, c’est bien joli, mais je trouve ça lassant à raconter, et surtout à lire. Faut un peu de drame pour faire une histoire intéressante.

Vous pensez d’abord récit ou dessin ?
Essentiellement récit. Je crois que je suis avant tout scénariste. J’aime raconter des histoires, élaborer des trames, pondre des dialogues. J’accorde un souci primordial à trouver la réplique qui sonne bien, qui explique le principal en quelques mots, qui fonctionne en parlant à voix haute. C’est pas toujours évident, mais je suis assez content de moi lorsque j’y parviens. Le dessin vient ensuite. C’est encore un peu fastidieux pour moi, car j’ai tendance à vouloir des cases qui fourmillent d’éléments pour crédibiliser un décor ou une ambiance. Par rapport à Dérives, mon dessin tend vers plus de réalisme, alors que j’ai toujours souhaité tendre vers un style plus épuré. Tant pis. Faut pas contrarier la nature, je laisse libre l’évolution de mon trait.


Si vous deviez faire découvrir la bande dessinée à un ami, laquelle lui offririez-vous ? Pourquoi ?
Tout dépend de l’ami en question. J’ai différents amis avec des goûts totalement différents.
Pour une personne abordant pour la première fois la bande dessinée, disons que je lui offrirai un bon classique style Spirou : QRN sur Bretzelburg. C‘est avec ça que j’ai commencé à aimer la BD. C’est beau, bourré de qualité, furieusement marrant et ça se lit à tout âge, sans que l’histoire délaisse ce côté militant cher à Franquin.
Sinon, pour une personne voulant aborder la bande dessinée dite indépendante, j’offrirai Pilules bleues de Frédérik Peeters. Un album magnifique que j’ai lu 15 fois, touchant, profond, maîtrisé de bout en bout. Du grand art.
Alexandra.S. Choux

Information sur l'album

Ainsi danse

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