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Arawn : retour aux sources de l'Heroic Fantasy

Sept questions à R Le Breton et S Grenier

Propos recueillis par L Cirade News 17/02/2008 à 09:39 11968 visiteurs
BDG : Attaquons "à la barbare" (rires): s'appeler Ronan Le Breton c'est un sésame pour se faire éditer dans la collection Celtic ?

Ronan Le Breton : C'est mon vrai nom. Je n'aurai pas osé inventer un pseudo aussi "téléphoné". En outre, je me suis dit qu'en étant édité chez Soleil Celtic, ça coulait de source. Pour ce qui est d'être publié au sein de cette collection, ça aide d'avoir des origines bretonnes, il suffit de demander à Thierry Jigourel (Les druides, Les fées) ou Gwendal Lemercier (Dragons, Les arcanes d'Alya), deux autres auteurs bretons signés dans la collection. Maintenant, ce n'est pas une obligation : la plupart des auteurs de Soleil Celtic, dont Sébastien Grenier, ne sont pas de Bretagne.

BDG : Le premier tome d'Arawn sonne le retour aux sources de l'Heroic Fantasy, à base de légendes revisitées et empruntant des thèmes à la tragèdie antique. Une volonté de marcher sur les traces des pères fondateurs ou simplement une façon de se démarquer de la production actuelle qui a peu à peu dévoyé le genre ?

Ronan Le Breton : Tout à fait. L'Heroic Fantasy, qui a été principalement définie par Tolkien, a toujours emprunté à la mythologie. La Fantasy, ce n'est rien d'autre qu'un courant de refondation du mythe, de modernisation des anciennes légendes. Un peu comme le renouveau arthurien au XIXe siècle en Angleterre. En outre, la mythologie et les mythes antiques en particulier furent mes premières lectures du genre, avant même Le Seigneur des Anneaux ou Conan le Barbare. Ça me paraissait donc évident.
Je reconnais également que j'avais envie d'écrire une épopée haletante, qui évite les embûches d'une quête insipide à la Donjons & Dragons.

BDG : Cette fidélité se ressent également au niveau du vocabulaire employé, précis, solennel, pince sans rire. Comment avez-vous abordé cet aspect du scénario ?

Ronan Le Breton : Le ton est donné dès le départ : grave, solennel, puissant. On est au coeur du mythe, de l'épopée, de la tragédie au sens où l'entendaient les poètes grecs.
On ne peut pas faire de digression dans le registre comique. Jean-Luc (Istin, le directeur de la collection) a insisté sur ce point, au début de la rédaction du scénario. Et il avait raison, le bougre... Le seul personnage, un tant soit peu, "léger", c'est Owen. Les autres, non. ça ne marchait pas.

BDG : Le style graphique réjouit également les amateurs du genre. Comment concevez-vous les planches ? les cases ?

Sébastien Grenier : Hormis les 5 premières planches (petit format A1 45x56cm) tout l'album est bossé par cases individuelles, et ce pour un meilleur confort de travail (gestuel, détails). Le format est relativement grand: certaines cases faisant 50x65 cm, une planche originale reconstituée fait a peu prés 1m x 2 m10...
J'ai utilisé l'acrylique, sauf pour les 5 premières où c'est de l'encre mais ce medium ne me convient pas : j'ai besoin de matière !!!
J'essaie de dessiner un maximum avec la peinture pour gagner du temps sur le crayonné et l'encrage (qui sont relativement sommaires, à quelques exceptions près). Inutile de dire qu'avec cette méthode de travail, le story-board (composition générale de la page) a une importance capitale.

BDG : Outre le bestiaire classique du genre qui est globalement au rendez-vous, certaines scènes, certains éléments de décors ou encore lesattitudes de personnages paraissent familières.

Sébastien Grenier : J'ai délibérément inclus quelques clins d'œil, pour la plupart cinématographique, à commencer par la couverture, un hommage à Conan le barbare de John Milius). Cela crée une sorte de jeu avec le lecteur, une connivence.
L'autre clin d'œil immanquable, du moins pour ceux qui connaissent, est l'influence directe du Death dealer de Frank Frazetta (le maître de la peinture figurative contemporaine, à mon avis). Le look d'Arawn ne serait pas le même sans cette référence.

BDG : Quelles sont vos auteurs-références ?

Sébastien Grenier : Frazetta, évidemment et tous ses enfants spirituels, Simon Bisley et Gerald Brom en tête. Je trouve également le travail de Marco Djurdjevic incroyable. Chez les français (quand même ^-^), Olivier Ledroit, indéniablement. Sinon je suis pas mal influencé par la mouvance des symbolistes, dont Gustave Moreau, Gaspard David Friedrich, Turner ...
En matière de narration, il me semble que rien n'a été fait de plus efficace que le Akira de Katsuhiro Otomo.

BDG : Avez-vous fixé une date pour la sortie du 2ème tome ?

Sébastien Grenier : Ça, ça ne dépend plus que de moi... A priori je devrais avoir bouclé le tome 2 pour la fin de l'année. Aujourd'hui, j'en suis à la page 10. L'idéal serait de sortir l'album pour l'anniversaire du tome 1, le 23 janvier 2009.

La chronique Arawn t1 Bran le maudit
Propos recueillis par L Cirade