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A la rentrée, ressortez les Cahiers !

Le retour des Cahiers de la BD

LC Webzine 30/05/2017 à 20:19 8783 visiteurs

Vingt-sept ans après la publication du dernier numéro, une nouvelle version des Cahiers de la BD revient sur le devant de la scène à l'initiative de Vincent Bernière. Le journaliste a choisi de miser sur le financement participatif pour sécuriser le lancement de son projet. Les soutiens sont invités à se rendre sur kisskissbankbank : Les cahiers de la BD.

Au fait, les Cahiers, pourquoi ? pour qui ?

Faire renaître Les cahiers de la BD, est-ce une idée saugrenue d'amateur de petits miquets ou un projet longuement mûri d'éditeur ?

Vincent Bernière : J’y pense depuis 2014, date à laquelle j’avais contacté Jacques Glénat pour qu’il porte le projet mais celui-ci, malgré son enthousiasme à voir renaître la publication qu’il avait lancée alors qu’il était adolescent, m’avait dit : « Surtout pas ! Aucun annonceur ne vous soutiendra si Glénat est associé à cette renaissance. » Et quand on fait un journal en kiosque, il faut pouvoir compter sur quelques annonceurs fidèles. C’est la loi. J’en avais parlé également à mon ami Stéphane Beaujean, qui a accepté d'être conseiller de la rédaction des Cahiers de la BD, mais celui-ci venait de lancer Kaboom. J’ai donc dû attendre, un peu malgré moi, que Stéphane Beaujean soit à nouveau libre. Il est est un alter ego idéal : il ne pense pas comme moi, il a des idées que je n’ai pas (et inversement), nous avons donc des regards complémentaires sur la bande dessinée et sur la presse. Pour faire court, cette nouvelle série des Cahiers de la BD est un peu l’aboutissement de 20 ans de carrière. J’ai eu ma première carte de presse en 1999 et, comme vous le savez sans doute, j’ai acquis au cours de toutes ces années une certaine expérience dans les deux domaines voisins de la presse et de l’édition, option bande dessinée. Ce que je ne voulais surtout pas : prendre le risque de ne faire que deux ou trois numéros avant de mettre la clé sous la porte. Le projet a donc été beaucoup réfléchi économiquement de façon à rester pérenne et pouvoir se développer sereinement.


Succéder à Glénat, Groensteen et Numa Sadoul donne-t-il des ailes ou place-t-il une enclume sur les épaules à l'heure de rendre le départ du sprint du montage financier ?

Jacques Glénat est un monsieur généreux et ouvert d’esprit. C’est un bon businessman, je ne vous apprends rien. Il est certain qu’en relançant les Cahiers de la BD en 2017, je n’ai aucune chance de parvenir à réaliser ce qu’il a fait en plus de 40 ans d’édition! Si vous parlez de Numa Sadoul, j’ai un grand respect pour lui, ainsi que pour Thierry Groensteen. Ces deux rédacteurs en chef historiques des Cahiers ont eu une vision différente du titre. Ceci a été plusieurs fois raconté. Il a été dit par exemple que Groensteen défendait une version Cahiers du cinéma des Cahiers de la bande dessinée et que Sadoul faisait du Première. Disons qu’à ce tarif, je ferai sans doute du Studio. Je souhaite que les Cahiers de la BD ne soient pas renfermés sur une vision élitiste de la bande dessinée. D’ailleurs, ce n’était pas forcément le cas à partir de 1984, les sujets ne l’étaient pas en tout cas, mais le discours était parfois un peu complexe et loin de ce que je pense être l’objet d'un magazine diffusé en kiosque, c’est à dire à destination de tous les lecteurs et lectrices francophones. Edité pour être lu, cela a toujours été mon ambition, même si on y parvient pas toujours ! En tout cas, Thierry Groensteen et Numa Sadoul sont les bienvenus dans cette nouvelle série des Cahiers. Le second aura d'ailleurs une rubrique, c’est acté, intitulée « Spécial dédicace » dans laquelle il commentera certains dessins de ses admirables livres d’or, avec des crobards forcément inédits d’Hergé, Franquin, Moebius, Tardi…


En quoi cette nouvelle version va-t-elle être différente des précédentes ?

L’époque a changé, la bande dessinée et la presse aussi. La nouvelle série des Cahiers de la BD sera trimestrielle, donc l’actualité qui y sera traité sera plutôt froide. Je veux qu’on puisse garder les numéros, qui ressembleront à des mook, et donc qu’ils ne soient pas trop datés. L’iconographie sera particulièrement choyée, c’est une de mes marottes et je trouve ça très important quand on fait des journaux. Il y a aura donc des documents inédits, des reportages photo et des raretés exhumées. Journalistiquement, tout ça sera plutôt "anglé". Aussi, entre cinq et sept histoires complètes de 2 à 6 pages viendront rythmer la structure du numéro découpée en huit cahiers spécifiques. De la création, des interviews dessinées, de la traduction de matériel étranger et des rééditions mais jamais de prépublication, sauf exception. J’ai toujours trouvé dommage que les journaux sur la bande dessinée n’en publie pas au moins un petit peu, en rapport avec leurs articles, alors que c’est possible ! Pour un magazine de cinéma, si je reprend la comparaison évoquée plus haut, c’est impossible.

Quelle sera la périodicité ? le mode de diffusion ? qu'y trouvera-t-on ? à quel prix ?

Tous les trois mois en kiosque et en librairie. Si la campagne de financement réussi, le journal fera 164 pages et, sinon, 140 pages, pour 9,50 euros, avec plus de bande dessinée à l'intérieur. On pourra s’abonner bien sûr.

Vous avez recours au financement participatif : le choix de l'indépendance ? un moyen de valider la viabilité de l'entreprise ? 

Oui. Tout à fait. Je ne suis pas familier de ce genre d’opération. Je n’y connais rien en réseaux sociaux par exemple. Je n’ai même pas de compte Facebook mais, heureusement, l’équipe de ces nouveaux Cahiers est très active! Les gens de KissKissBankBank nous ont beaucoup aidé aussi, en particulier Jean-Samuel Kriegk, un dingue de BD et de jeux vidéos.

BDGest a choisi de compter parmi les investisseurs de la première heure et d'appuyer cette campagne en la relayant auprès de ses lecteurs :  un commentaire ?

J’en suis très heureux ! Comme tous les passionnés de bande dessinée, je me rend très souvent sur les sites d’information de bande dessinée. BDGest’, ActuaBD, BoDoï… Les gens ne vous le diront pas forcément mais j’en connais de très snobs qui s’y rendent chaque jour… La collection est un phénomène très courant en BD, depuis quasiment les origines, et je trouve ça très important .Je suis journaliste à Beaux Arts magazine depuis 1999. Dans le monde de l’art contemporain, les collectionneurs sont des personnages très importants dans l’écosystème artistique alors qu’en BD, ils sont parfois méprisés. Je fais aussi le journal pour eux… Par exemple, les dos seront particulièrement étudiés de façon à bien se ranger dans les bibliothèques. Les galeries et les ventes d’originaux seront aussi traités. Concernant le site BDGest' en lui-même, il me permet de m’informer sur ce public, disons mainstream, duquel je suis parfois éloigné (mais pas toujours). Cela dit, je suis plutôt friand d’information et je soutiens les récentes évolutions du site vers ce type de contenu. Je vois aussi que le public de BDGest’ évolue dans ses goûts, ce dont je ne peux que me réjouir. Je vais aussi très souvent sur le site bedetheque.com qui donne des informations éditoriales. La bande dessinée vit un véritable âge d’or à de nombreux niveaux. Internet accompagne cette évolution. Profitons-en !



Pour participer au lancement des nouveaux Cahiers de la BD, 
rendez vous sur kisskissbankbank : Les cahiers de la BD




LC