Alors résumons nous : le mardi 5 janvier, le Festival International de la Bande Dessinée (FIBD) dévoile la liste des auteurs pressentis pour être élus Grand Prix de la ville d'Angoulême, liste parmi laquelle le collège des auteurs est appelé à se prononcer en effectuant trois choix. Stupéfaction : aucune femme ne figure dans cette liste. Émois dans le Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme qui pensait avoir établi les bases d'un dialogue avec le FIBD et qui appelle au boycott de l'élection. Dans l'après-midi, Riad Sattouf s'indigne sur Facebook et demande son retrait de la liste au profit d'une consœur, imité peu de temps après, stimulé par tant de courage, par Joann Sfar. Suivent ensuite Etienne Davodeau, Christophe Blain, François Bourgeon, Pierre Christin, Daniel Clowes, Charles Burns, Chris Ware et Milo Manara.
La liste amputée d'un tiers de ses membres, l'élection n'a plus grand sens et le lauréat ne saurait être qu'un infâme macho, ne s'étant pas désisté. Le festival, empêtré dans ses relations avec les auteurs d'une part et les médias d'autre part, décide dans un souci d’apaisement non seulement de ne radier personne, mais de rajouter des auteurs femmes. La page des candidats désignés devient alors un work in progres assez fascinant. La communication du festival a beau emballer le tout à grands coups d'Auteur.e.s dans ses interventions, rien n'y fait : nouvel effroi sur les réseaux sociaux aux cris de "Les femmes ne sont pas des plan B". La situation n'en devient que plus ubuesque lorsqu'on apprend que la directrice de communication du festival n'est autre que... la présidente des Chiennes de garde.
En ayant visiblement un peu sa claque de se faire taper dessus quoi qu'il fasse, le FIBD décide alors, sous couvert élégant de rendre au collège des auteurs son libre arbitre, de supprimer purement et simplement la liste. Traduction : "Vous nous les brisez menu, votez pour qui vous voulez, démerdez vous".
