Rouge Tagada - Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini

[vacom]

Petit album atypique, attendrissant, paru chez Gulf Stream. Quelqu'un l'a lu ?

[edgarmint]

Yep, comme dit ailleurs, c'est l'histoire d'une jeune adolescente (en 4ème) qui ne comprend pas exactement ce qu'elle ressent, mais perçoit qu'il y a quelque chose qui monte en elle. Ça tourne autour de la montée du désir d'une adolescente pour une amie, sans qu'il n'y ait réellement de prise de conscience, sans qu'elle soit capable de mettre des mots sur ce qui lui arrive. Le récit est sans doute assez basique et guimauve, mais aurait presque pu être pré-publié dans du Bayard presse, je pense à Okapi par exemple. En ce sens, elle peut très bien être lue par de jeunes adolescents et, quelque part, je ne suis pas certain qu'il y ait tant de bandes dessinées qui proposent ça, à ma connaissance c'est la première. Alors, rien que pour ça, pour ce travail d'ouverture de la pensée, c'est une bonne chose que de telles démarches voient le jour.

[vacom]

Oui, j'ajouterais que sous des dehors d'extrême simplicité, l'album parvient à parler d'un sentiment très complexe qui s'installe dans la tête de la jeune fille. Beaucoup de justesse dans le ton.

[vacom]

En fait, c'est une des premières BD - si pas la première - qui s'adresse directement aux enfants et aux adolescents, contrairement à des auteurs comme Neaud ou Barthe qui s'adressent aux adultes.

Or, le chanteur Antony affirmait récemment en concert quelque chose qui, traduit à la truelle, ressemblait à ça :

Longtemps, la question des personnes gays et transgenre a été perçue comme une question d’adulte, une question d’orientation sexuelle adulte. Mais de plus en plus, on se rend compte que c’est une question qui concerne les enfants, les familles. C’est une question qui affecte les enfants, probablement bien plus qu’elle ne nous affecte nous. Si, en tant que personne transgenre, vous arrivez à l’âge adulte, vous avez probablement survécu. C’est une question de survie à l’enfance. On a longtemps considéré que c’était malsain de relier l’enfance à la question des personnes gays et transgenre, parce que c’était perçu comme une sexualisation de l’enfance.

On est en plein dans le sujet ici. Pour une fois, ce n'est pas un message d'adulte qui décrit une réalité pour l'expliquer aux adultes "oh regardez comme ils sont malheureux", c'est un livre qui parle d'attirance et de sentiment plutôt que de sexualité et qui donne aux jeunes adolescents qui ressentent des sentiments de ce type-là un moyen de se comprendre eux-mêmes. C'est quelque chose qui ne me semble pas très développé (c'est peut-être même inexistant) en BD et c'est pour ça que c'est un livre important...

[edgarmint]

L'extrait du concert en question (la première partie de la vidéo propose la prise de parole d'Antony, la seconde, son interprêtation de la chanson Sometimes I feel like a motherless child de Jimmy Scott) :

[vacom]

Voilà, merci pour la vidéo

[edgarmint]

Une chronique sur le site "LGBT BD" : http://lgbtbd.free.fr/site/index.php/ro ... a-841.html

[Marion N]

Chronique de Rouge Tagada par D. Wesel.

[vacom]

On en parle aussi dans ce sujet, en plaçant l'album dans une perspective plus large : post2903899.html#p2903899

[abrahamT]

Bonsoir, j avais acheté cet album il y a quelque temps un peu sur un coup de cœur ( quand je l ai eu dans les mains je n ai pas pu le reposer, j adore la texture de la couverture, je pourrais la caresser des heures ... ) , et c est vrai que c est drôlement bien... Émouvant avec un côté désinvolte, il est clair que cet album peu s adresser à de jeunes lecteurs sans problème. Cet album doit être la première parution de Gulf, car il me semble que quand je l avais rentré dans la BEL elle n existait pas. ( les auteurs aussi d ailleurs )
Une très belle réussite en tout cas !

[flocon]

http://www.gulfstream.fr/

[abrahamT]

À oui, il y a eu deux albums d édités avant en 2009 ...

[edgarmint]

Interview de Charlotte Bousquet et de Stéphanie Rubini

[edgarmint]

Des mêmes auteures, de qualité égale, dans le même environnement et destiné au même public (début/milieu de l'adolescence), vient de paraître :

Je me suis levée, les mains tremblantes. J’entendais des chuchotements, des rires dans mon dos. J’ai pris le morceau de craie, regardé les chiffres inscrits sur le tableau. Des fractions qui auraient dû être faciles, des fractions qui se délitaient devant moi, des chiffres bizarres, monstrueux, qui me frappaient comme les insultes et les ricanements, comme la vérité qui me sautait au visage...

[ask]

Une petite chronique de Rouge Tagada

https://leslubieslunaires.wordpress.com/2015/03/21/rouge-tagada/

[edgarmint]

Puisque ça remonte, le 3ème tome vient de paraître :



Avec, là aussi, une chronique : https://chroniquesdelinvisible.wordpres ... a-semaine/

[ask]

Des avis sur ce denier titre ?

[edgarmint]

Parution cette semaine de :



Pour mémoire, concernant le principe, une photo de classe d'un collège dont, tome après tome, Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini extirpent un ou plusieurs élèves dont elles narrent une tranche de vie autour d'une thématique dont elles dévoilent les enjeux au fur et à mesure qu'elles déroulent la pelote de leur histoire. Dans le cas présent, la fille dont il est question n'était pas sur la photo de classe, d'ailleurs, elle n'existe pas aux yeux des autres, tout du moins le ressent-elle ainsi. Peut-être aussi n'a-t-elle pas trop envie d'être vue, elle ne se trouve pas très belle et surtout très quelconque. De lart et la manière de se déprécier. A l'atelier théâtre, elle officie comme costumière ; même pas comme figurante. Mais ça lui permet de fréquenter le beau Soan, lequel accepte d'échanger avec elle... Marie, l'invisible, donc, se met à rêver. Elle va se perdre, toute seule.

Toujours ce dessin très doux, mais trompeur ; encore davantage dans ce tome que dans les précédents. J'ai vraiment apprécié le cheminement choisi par Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini pour leur histoire.

[Révéler] Spoiler:

Même si c'est dur, j'ai apprécié ce choix, ce final, pas nécessairement évident pour le public potentiellement ciblé. Pour avoir eu une discussion avec un autre auteur autour d'une pareille fin qui n'était finalement pas venue (et qui me semblait encore plus que dans le cas présent devoir venir), j'avais compris à demi-mot que l'éditeur avait influencé pour qu'il trouve une autre option. Ce n'est pas le cas ici, les ficelles du récit sont peut-être un peu chargées, je ne le nie pas, mais pas tant que ça non plus, disons que c'est concevable. Il y a chez Marie comme une incapacité à faire preuve de discernement, de recul, notamment entretenue par certaines lectures (sur ce point, j'y ai vu, sans aucun doute parce que je le relis actuellement - le rapprochement n'est peut être pas si limpide que ça -, un point d'accroche avec le fonctionnement d'Emma Bovary - sur l'influence que ses lectures avaient sur elle - et son cheminement au final).