Oui, c’est déprimant, avec toutefois un bémol…
… si l’on prend en compte la seconde fin.
Mais c’est aussi là le propos de N. June : aller à l’encontre de cette image de l’alcool joyeux et sans dommage qui est usuellement véhiculé dans la bande dessinée.
Que cet album ait été réalisé en grand format peut trouver plusieurs explications, et notamment cette volonté de l’auteur de laisser respirer son récit qui, comme tu l’as relevé, est assez dur en soi pour ne pas nécessairement en remettre une couche. Ensuite, on peut considérer que cela permet une grande lisibilité (c’est typiquement là un album qui s’adresse au plus grand nombre, et tu en conviens toi-même), sans pour autant baisser la garde sur l’aspect esthétique. C’est là un très beau livre, cette démarche de faire quelque chose de beau se retrouve d’ailleurs dans l’image bichrome proposée avec l’album. Avec cette dimension l’auteur a pu faire un véritable travail sur l’occupation de l’espace dans ses planches, il ne s’est pas privé, jouant même sur le fond de ses cases, optant pour la transparence ou non selon la tonalité qu’il souhaitait donner à telle ou telle d’entre elles. Tu sens qu’il n’y a rien de laisser au hasard, que tout a été réfléchi.
Tu fais justement écho à
Amères saisons d’E. Schréder où ce dernier décrit son parcours chaotique guidé par l’alcool : il est victime de sa maladie. La démarche de N. Moog diffère, il se concentre sur les dommages collatéraux de cette consommation d’alcool, ce qui peut expliquer assez aisément qu’il ne s’étende pas outre mesure sur les causes, ce n’est pas là l’objet.