BDGest´ : Pourquoi ce trou d’une décennie sur la série Olivier Rameau ?
Dany : Il y a plusieurs raisons en fait. Une d´entre elles, c’est que j’ai horreur des étiquettes. Depuis le début de ma carrière j’avais l’étiquette du dessinateur poétique, gentil... Je n’aimais pas trop ça et je voulais casser cette image. Alors j’ai commencé à faire d’autres choses, comme Histoire sans héros avec Jean Van Hamme, des reprises de Bernard Prince, des choses comme ça, et donc ça a mis un petit peu en veilleuse Olivier Rameau.
De plus, Greg avait d’autres ambitions que d’être « simplement » scénariste et auteur de bandes dessinées. Il avait envie d’être éditeur et notamment en Amérique, c’était son rêve d’adolescent. Il l’a réalisé, mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que c’était au détriment de sa création. Et donc il est parti aux Etats-Unis; moi j’étais beaucoup plus disponible. Je me suis donc lancé dans tout autre chose, comme les Histoires coquines etc.
Mais dans mon esprit, je n’avais pas du tout abandonné Olivier Rameau, je l’avais simplement mis de côté pour un temps. Malheureusement, le temps passe à une allure beaucoup trop rapide à mon goût pour tout ce que j’ai à faire. Je me suis aperçu avec horreur qu’il y avait 17 ans qu’il n’y avait plus eu d’Olivier Rameau, et ça me sidère (rires). Ce sont des explications qui en valent bien d’autres … (rires).
BDG : Olivier Rameau est une création commune entre Greg et vous, quel est l’apport de chacun par rapport à cet univers assez atypique ?
Dany : C’est peut-être sa chance, d’être aussi atypique. Et que l’on puisse la reprendre, avec apparemment autant de de bonheur, après 18 ans. De retrouver un public : de nouveaux lecteurs, les anciens qui ne nous ont pas oubliés; c’est peut-être à cause du côté intemporel de cette série.
La part de Greg est beaucoup plus importante que la mienne, au départ en tout cas. Parce que j’avais envie tout au début de faire une histoire un peu à la Tillieux, à la Gil Jourdan , c’était pour moi le sommet de ce que l’on pouvait faire. Bon Franquin, évidemment, comme tout le monde c’était extraordinaire, c’était un Maître, mais Tillieux a toujours été pour moi mon préféré, si vous voulez. J’étais dans le studio de Greg depuis un an - je travaillais sur ses différentes séries, comme assistant - je lui parlais de mes envies de faire ce genre d’histoires. Et un beau jour il s’amène et il me raconte une histoire mais complètement différente ! Cette anecdote est connue, mais je peux la raconter : Greg passait un week-end dans les Ardennes belges, et il se baladait le long des petits chemins. Jadis, les communes étaient reliées par des tramways vicinaux qui, ensuite, ont été remplacés par des autobus. Mais les voies de trams n´avaient pas encore enlevées à l’époque, et elles suivaient très souvent les chemins, puis s’enfonçaient de temps en temps dans les taillis pour prendre un raccourci. C’étaient évidemment des voies complètement désaffectées, des rails rouillés avec des champignons, des herbes folles etc. et Greg se baladant là-bas, voyant ces rails s’enfoncer dans les taillis, s’est imaginé que de là allait venir un tramway complètement fantaisiste qui allait l’emporter dans un monde de rêve. Il me raconte cette histoire là qui était le départ du monde d’Olivier Rameau. Il a imaginé Olivier Rameau et M. Pertinent embarqués par hasard, pour un monde imaginaire où ils allaient rencontrer Colombe, les Zirobourdons... J’ai été un peu sidéré puisque ce n’était pas du tout ce que j’avais envie de faire, puis j’ai été emballé et petit à petit je me suis approprié cette série. C’est devenu quelque chose qui m’était extrêmement proche, où je me sentais chez moi, encore maintenant je m´y suis retrouvé avec énormément de facilité. Je n’ai pas eu à reprendre mes albums pour retrouver comment mes personnages étaient habillés, je les avais en moi, c’est le style et l’histoire qui me ressemblent peut-être le plus.
BDG : C’est aussi une série sur laquelle vous avez énormément évolué graphiquement.
Dany : Ah oui, ça c’est le moins qu’on puisse dire .. (rire) Si de jeunes dessinateurs présentaient aujourd´hui des dessins comme je les présentais au début, ils seraient refusés d’office. C’était une autre école, une autre époque aussi. On faisait ses armes dans le journal, dans le journal Tintin en l’occurrence, ou le journal Spirou. Maintenant on exige un niveau de qualité graphique extraordinaire aux jeunes auteurs. Parce qu’il y a tellement de propositions aussi.
BDG : ... au départ c’était une série très enfantine, qui au fur et à mesure a évolué, avec des personnages qui commencent à être beaucoup plus sexy. D´un style académique au départ, vous avez évolué vers un dessin presque réaliste.
Dany : Oui, j’avais tellement envie de changer de style de dessin - parce que j’ai toujours envie de changement - je crois que c’était dans L’oiseau de Par-ci, par là où Olivier Rameau devenait le petit frère de Bernard Prince. Il était presqu’aussi réaliste et c’était une erreur, parce qu’il y avait là une contradiction, on n'était plus exactement dans la même BD que les Zirobourdons et les Poyoutouffus...
BDG : Justement, cela peut-être logique puisque le personnage vient du monde réel...
Dany : Oui c’est vrai que tout cela pouvait se justifier, en tout cas on ne m’en a jamais fait le reproche. Mais moi je sais qu’il y avait là une distorsion, que ce n’était plus exactement ce qu’il fallait faire. En fait ça a été un banc d’essai aussi pour moi, et je me suis vraiment fabriqué en tant que dessinateur avec Olivier Rameau.
BDG : Pour Les disparus du Bayou Plalah, comment aviez-vous travaillé avec Greg, et comment avez-vous avez abordé cette suite seul ?
Dany : Hé bien, Greg, comme d’habitude, m’écrivait une dizaine de pages, me les donnait, mais sans me raconter la suite, c’était une sorte de pacte entre nous. Il a toujours fait ça. Pour toutes les histoires, même pour Bernard Prince, je ne connaissais jamais la suite de l’histoire.
Arrivé à la page 20 ou 30, il me donnait quand même les grandes lignes du synopsis jusqu’à la fin. Il aimait bien ça parce qu’il voyait aussi comment telle ou telle situation évoluait avec mon graphisme. Et un personnage, qui pouvait être de second plan, s’il venait bien dans le crayon du dessinateur pouvait prendre plus d’importance. Il faisait comme ça avec Hermann aussi d’ailleurs.
De retour des Etats-Unis, Greg revient en France s’imaginant qu´il allait reprendre tout naturellement une des premières places dans le domaine de la Bande Dessinée. Malheureusement pour lui, beaucoup d’autres étaient arrivés, comme Van Hamme, comme Dufaux, comme Arleston... Le monde de la BD avait terriblement évolué, s’était bien développé sans Greg. Il n’était pas attendu, et ça cela lui a fichu un sale coup au moral. Il a essayé de relancer différentes séries, et il m’écrit ces dix pages. Et puis, donc, comme d’habitude, il attend que je les dessine. Moi je faisais tout autres choses à ce moment là, j’étais en plein dans mon trip de Blagues Coquines qui marchaient du tonnerre, tout en gardant l’idée de dessiner les planches d´Olivier Rameau. Malheureusement il est mort avant, le pauvre.
Dernièrement, pour différentes raisons éditoriales et par envie de refaire un Olivier Rameau, j´ai décidé de reprendre la série. J’avais deux possibilités : j’ai un synopsis que j’ai écrit moi-même - il est même découpé et prêt à être dessiné - et j’avais ces dix pages de Greg. J’ai préféré, en hommage à Greg, reprendre ces dix pages que j’ai légèrement remaniées en fonction de ce que j’avais envie de faire. J’ai raconté une histoire dans la continuité de ces dix pages, en me servant du titre trouvé par Greg et des ingrédients. Le petit jardinier, par exemple, apparaissait déjà , mais je ne sais pas du tout si dans l’esprit de Greg, c’était un personnage principal ou juste un personnage secondaire. Bref, je me suis servi de tout ça. En fait, l’histoire de Greg commence à la page 3, les deux premières pages sont une sorte de prologue que j’ai ajouté en fonction de ce j’allais raconter par la suite. L’exercice m’a amusé.
Portfolio Colombe
J’ai essayé de respecter le cahier de charge d’Olivier Rameau, il y a un univers que je n’ai pas envie de transformer en heroic fantasy, par exemple. Mais j’espère y avoir ajouté quelques touches personnelles, une sorte d’humour ou de réflexion sur différentes choses. L’autre élément aussi, c´est que Greg maniait la langue comme personne. La dialectique c’était vraiment son fort. Il était le roi du dialogue percutant ! Je ne veux pas me battre sur ce terrain-là avec lui, et donc je préfère privilégier l’action et le gag de situation, mettre les personnages beaucoup plus en mouvement.
Je pense que ce n’est pas mauvais de toute manière, pas mal de gens m’ont dit que c’est plus vivant. J’ai déjà remarqué des mômes, par exemple, qui lisaient Olivier Rameau : quand il y avait un peu trop de texte, pouf, ils tournaient la page, ou bien ils lâchaient le bouquin. Ce que j’espère ne pas avoir avec les histoires que je vais faire. BDG : Olivier Rameau est une série qui a été créée dans les années soixantes et qui reflète un esprit très « flower power ». C´est assez étonnant que Greg, qui n’avait pas la réputation d’être quelqu’un du type « mai 68 », ait créé cet univers qui est très poétique…
Dany : ... En fait, on l’a créé fin 68, et le premier album est de 70, ce qui ne rajeunit personne (rire). On se moquait de tout en fait. Olivier Rameau, c’est plutôt fantaisiste que poétique, la poésie c’est plutôt Fred. Fred est un poète, voyez avec Philémon etc. Moi je dirais que je suis fantaisiste. Mais bon, certains prétendent que c’est de la poésie…
BDG : Comment voyez-vous la continuité d’une série comme celle-ci, par rapport à la bande dessinée qui marche aujourd’hui, qui est souvent très portée sur le cinéma américain, l’héroïc fantasy … Dany : J’ai presque envie de continuer à faire d’Olivier Rameau quelque chose d’un peu atypique. Une sorte de phonie dans le monde de la bande dessinée, quelque chose qui fait sa particularité, et surtout essayer de garder cette particularité. Mais, bien évidemment, tout en étant sensible et en captant l’air du temps. On peut appeler ça «moderniser la série», «l’adapter», mais je pense qu’il ne faut pas la transformer. Je crois qu’une des chances de cette série, c’est justement son coté atypique. Ce qui fait aussi que je n’ai pas eu besoin, par exemple, de moderniser le costume d’Olivier Rameau ou de Colombe. Ca n’a aucune importance, ils sont de toute manière hors du temps. Pertinent est habillé comme au 19ème siècle, alors qu’on l’a créé, comme vous le rappelez, en 70. Olivier Rameau, son canotier date du début du 19è, c’est plein d’anachronismes… Et son petit costume cintré, ça c’est les années 60… Mais on s’en fiche. A la limite, je ne vais pas lui remettre des «pattes d’eph’», je ne vais peut être pas aller jusque là (rire). De toutes façons, ça revient à la mode (rire). Ce sont des petits détails vestimentaires mais, pour l’esprit général de la série, j’ai envie de garder toutes ces particularités ; de ne pas en changer, mais de les confronter avec des choses plus actuelles, de voir comment une certaine fantaisie et une certaine fraîcheur peuvent venir à bout d’un certain cynisme, d’une certaine méchanceté et d’une certaine violence.
Passage éclair au réalisme
BDG : C’était déjà l’esprit de Greg, par rapport à ça ?
Dany : Oui, et justement on en revient à cette surprise de la création par Greg d’une série aussi fantaisiste ; alors que c’était plutôt, soit l’anti-héros style Achille Talon, soit le héros pur et dur, redresseur de torts style Bernard Prince, Luc Orient ou Bruno Brazil, très musclé etc. En fait quand on connaît Greg, il était multiple et il avait une sorte de naïveté - ça fait toujours sourire les gens qui ne le connaissent pas bien mais les gens qui le connaissaient vraiment sont d’accord avec moi - il pouvait avoir une fraîcheur, une capacité d’émerveillement assez étonnante. Il captait énormément. En plus il avait ce côté excellent faiseur d’histoires. Donc, rien ne lui faisait peur, il pouvait faire ce qu’il voulait. Il avait une capacité de travail, un cerveau à tiroirs si vous voulez, il pouvait vous choisir tel ou tel domaine de bande dessinée, tel genre de bande dessinée, et en changer sans aucun problème.
BDG : Même si vous avez travaillé avec lui pendant plusieurs décennies, et que vous avez aussi, vous-même, réalisé des histoires courtes d’ Olivier Rameau dans Le rêve au sept portes, quel était votre sentiment à la reprise d'une série marquée par Greg sur un album de 46 planches ?
Dany : Ca fait peur, c’est certain. Il y a une double responsabilité : celle du dessin - comment est-ce que les gens vont juger la reprise graphique d’Olivier Rameau - mais aussi, bien évidemment, comment va-t'on me juger sur le scénario. C’est vrai, reprendre un truc de Greg c’est pas évident. Je pense que le fait d’avoir, avec son accord complet et absolu, fait deux ou trois histoires complètes moi-même, donc seul en tant que dessinateur et scénariste, et avoir eu l’aval de Greg, me permette d’aborder le scénario avec une… je ne sais pas, en tout cas j’ai l’impression d’avoir sa bénédiction. Parce qu'il m’a bien dit qu’il aimait ce que j’avais fait avec les histoires complètes. J’espère donc que je ne l’ai pas trahi, et qu’il serait content de lire l’histoire que j’ai écrite. Bien évidemment, il me ferait des remarques en me disant, là c’est pas exactement ce qu’il fallait faire etc, parce qu’il était extrêmement paternaliste et dirigiste. Mais, je pense qu’il me dirait : OK, c’est bon là c’est bien. BDG : D’où vient la richesse graphique de la série ? Est ce que, en tant que dessinateur, vous aviez des consignes, un cahier des charges très strict, voir même un découpage pré-établi ?
Colombe - Statuette
Dany : En fait, quand on lit les scénarii de Greg, il n’y a aucun dessin. Ce n’est que du texte comme directives. Mais, les descriptifs de décors, de lieux, de personnages etc, étaient tout de même extrêmement précis. Et beaucoup d’inventions aussi. Il a eu des inventions comme l’arbre dont on fait les violons, le bois dont on fait les violons, les champs de sucettes…des trucs comme ça. Ce sont des invention de Greg. Petit à petit j’ajoutais aussi quelques touches personnelles dans le décor, mais beaucoup de grandes trouvailles de décors venaient de Greg. Pas toujours dans les détails d’architecture ; par exemple, ce coté un peu moyenâgeux des maisons, je me souviens que c’est moi. Et puis, au fur et à mesure que la compréhension entre lui et son dessinateur était au point, il me laissait de plus en plus de liberté. Par exemple, les scènes d’action dans les derniers Olivier Rameau , il me disait, «là, vous avez une page et demi, arrangez-la comme vous voulez». Il me faisait confiance au niveau du découpage et notamment du découpage d’une bagarre, d’une poursuite ou de trucs comme ça. Il aimait bien la manière dont j’occupais l’espace. Il n’y a avait pas une case de trop ni une case en moins. J'avais donc cette semi-liberté.
Mais je sais que Vance, par exemple, avait besoin d’être très précis et suivait le scénario de Greg à la lettre, sans jamais rien changer. Moi, il m’arrivait quelques fois, c’est vrai, de lui téléphoner et de lui dire « Vous savez, Greg, on n'est plus à la page 37, mais à la page 39, parce que j’ai eu besoin de plus de temps », « Ouais ouais, donc aucun de problème ». Et il facturait deux pages de plus au journal, et le tour était joué (rire).
BDG : Les disparus du Bayou Plalah est un des rares albums à s’asseoir sur un univers qui ne joue pas sur des décors flamboyants, des petits détails amusants etc. Il y a très peu d’albums qui ne se servent pas d’univers fantaisistes.
Dany : Ce n´est pas voulu. Je l’ai même regretté à un moment donné. Je me suis dit que j’aurais peut être dû insister sur les retrouvailles, non seulement avec les personnages mais avec le décor, pour faire le lien avec les albums précédents, et qu’on retrouve un peu l’univers etc. Mon scénario ne me l’a pas permis. Il y a juste deux ou trois vues d'Hallucinaville…
BDG : …Au début …
Dany : … un peu lointaine, avec un clin d’œil, aussi d’ailleurs, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais les gens de l’endroit l’ont remarqué, j’ai glissé le rocher de Roquebrune dans le décor (rire) - c´est une commune du midi de la France, près St Raphaël, qui a un festival de bande dessinée dont je suis l’invité d’honneur cette année, et il va y avoir officiellement « l’avenue Olivier Rameau »
Dans le prochain album, je vais opposer le monde de Rêverose à un autre monde de rêves qui est le pays des « Milles et une nuits ». Là aussi, une grande partie de l’histoire va se passer dans ce pays des « Milles et une nuits », qui ne s’appellera pas ainsi puisque c’est le pays des « Milles et un ennuis ».
BDG : Quelles sont les références iconographiques, romancières etc, qui peuvent encore vous permettre d’aller plus loin dans Olivier Rameau ?
Dany : Je vais essayer de confronter le monde d’Olivier Rameau à d’autres univers, peut-être plus agressifs, en tout cas différents. Et peut-être aussi des préoccupations actuelles des jeunes du 21ème siècle, leurs craintes, leurs révoltes etc. Et donc, voir comment on peut éventuellement résoudre certains problèmes avec l’esprit de « Rêverose ». Qu'il soit une sorte de refuge ou de réponse à la connerie et à la violence ambiante. C’est un peu la ligne directrice. Ca me permettrait aussi, peut-être, de faire des choses un peu plus dures, ce qui n'est pas possible dans l’univers d’Olivier Rameau. Il ne peut pas y avoir de méchants à Rêverose. Mais par contre il peut y en avoir à l'extérieur. Un des meilleurs scénarii de Greg, je trouve, c’est Le grand voyage en Absurdie, où ce ne sont pas des gens du vrai monde où l’on s’ennuie - c’est à dire le nôtre - qui vont à Rêverose, mais nos héros qui arrivent ici et qui découvrent ce monde absurde qui est le nôtre. J’aimais beaucoup ça.
BDG : On peut donc considérer qu’Olivier Rameau est une série fantaisiste, très axée sur la réalité ?
Dany : Oui, je pense. En tout cas opposée à une certaine réalité.
Interview réalisée par Christophe Steffan