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La nouvelle série concept de chez Delcourt

11/01/2010 23 planches

BDGest a choisi de vous parler d'une collection qui compte 6 albums qui seront publiés en 2010, proposée par les éditions Delcourt sous la houlette de David Chauvel. Diamond (Christophe Bec - Dylan Teague) en Janvier, Le Troisième Jour (Henri Meunier - Richard Guérineau) en Mars, Soul Man (David Chauvel - Denys) en Mai, La Grande Escroquerie (Fred Duval - Christophe Quet) en Août, Gold Rush (Luca Blengino - Antonio Sarchione) en Octobre et L'Héritage du Kaiser (Hanna - Trevor Hairsine) en Novembre feront l’objet d’articles (interviews, expo, chroniques) sur BDGest.




Lorsque nous l'avions rencontré à Angoulême en janvier 2009 à l'occasion de la sortie du dernier tome de la série 7 (Delcourt), David Chauvel nous avait présenté rapidement son projet "collectif" suivant, Le Casse. Voici ce qu'il nous en avait dit :

C’est une nouvelle série qui s’appellera Le casse du siècle ou simplement Le casse, basée sur le même principe que Sept. Elle comprendra six albums au lieu de sept. Ce sont aussi, comme Sept, six one-shots dans des univers complètement différents. Il y aura un western, une histoire qui se passe dans l’Antiquité, un polar contemporain… En fait, quand j’ai réalisé Sept, j’étais frustré de ne pas avoir travaillé avec tous les copains avec qui je voulais bosser. J’ai donc cherché un nouveau thème, et j’ai trouvé celui-là. Comme pourSept, j’ai laissé un cahier des charges suffisamment large pour qu’il puisse être interprété de différentes manières. Les histoires sont toutes des fictions car je ne souhaitais pas qu’il y ait trop de rigueur dans le travail des différents auteurs liée à une approche trop réaliste et une recherche documentaire trop importante. Dans cette série, le casse peut être fait par une ou plusieurs personnes, on ne sait pas à l’avance s’il va être réussi ou pas… De même, l'objet du casse peut être constitué de lingots d’or, d’argent, de bijoux mais ce peut être aussi le vol d’une personnalité ou de l’amour de quelqu’un. Il faut juste que ce soit un casse exceptionnel.
L’équipe de scénaristes est déjà constituée. Il y aura Christophe Bec, Henri Meunier, Fred Duval, un jeune également, qui s’appelle Fred, avec qui je travaille maintenant depuis un an et qui possède un vrai talent, Luca Blengino et moi-même. Le but est encore une fois de travailler avec des amis, des gens avec qui j’aime bosser et non pas seulement de faire une sorte de casting de rêve. Le premier tome devrait sortir en janvier 2010 et les cinq autres s’étaler sur une période de 18 mois (NDLR : agenda revu, entre janvier et novembre 2010 finalement) . 

Une année a passé, les choses ont un peu évolué, notamment en ce qui concerne le planning de parution. Voici donc le premier album de la collection Le casse qui est sur le point de sortir en librairie.

 

Rencontre avec Christophe Bec pour parler de Diamond... et d'autres choses.

Sauf erreur, Diamond marque aussi votre entrée chez Delcourt alors que votre style semble taillé pour certaines collections de la maison telles que Neopolis : difficile d’imaginer qu’il n’y ait jamais eu de contacts jusqu’ici…

En effet, je n’ai quasiment eu aucun contact avec les éditions Delcourt, il faut dire que les deux fois où j’ai soumis un projet à un des directeurs de collection, je n’ai même pas eu de réponse… et pourtant c’était relativement récent, en tout cas bien après les succès de Sanctuaire et de Carthago. Il faut croire que cette personne - que je ne citerai pas - n’aime vraiment pas mon travail. Ceci dit, ça n’aurait pas dû l’empêcher d’au moins me renvoyer un refus poli. Ayant fait l’école de BD d’Angoulême au début des années 90, la voie était toute tracée chez Delcourt pour la plupart des élèves - puisque Guy Delcourt avait très vite compris qu’il y avait à l’époque un incroyable vivier de talents - mais je n’ai pas fait partie des auteurs qu’il a retenu, c’est ainsi que j’ai atterri chez Soleil. Quelques années après je lui avais proposé Zéro Absolu, avec Richard Marazano, qu’il avait refusé ; avec le recul, probablement à juste titre. Ensuite, j’ai fait mon chemin aux Humanos notamment, puis un retour chez Soleil, après un passage chez Dupuis également. En fait, ce ne sont pas les éditions Delcourt qui m’ont contacté, mais David Chauvel directement. Et pour l’heure, je n’ai aucun autre projet chez Delcourt, alors que j’ai signé il y a quelques mois deux nouveaux scénarios chez Glénat et au Lombard, éditeurs pour lesquels je n’avais jusqu’alors jamais encore travaillé.

Comment êtes-vous arrivé sur le projet Le Casse ? Aviez-vous déjà en main les premiers volumes de la série Sept lorsque vous avez été enrôlé dans le gang de David Chauvel ?

Comme je l’expliquais précédemment, c’est David Chauvel qui m’a proposé de travailler pour cette nouvelle collection qu’il souhaitait lancer, d’après ce que je sais, il en a eu l’idée après avoir lu une de mes séries qu’il avait bien aimée. J’ai tout d’abord été flatté de cette proposition ; et en effet j’avais lu la plupart des titres de la collection 7 et apprécié certains d’entre eux, dont le sien d’ailleurs. Je n’ai pas accepté son offre tout de suite car le genre dans lequel il voulait inscrire cette collection n’était pas tout à fait ma tasse de thé, je ne suis pas très « polar » et les histoires de « casses » ne font pas réellement partie de ma culture. J’ai attendu de trouver la bonne idée avant de me lancer totalement dans l’aventure. 

Vous avez été vous-même directeur de collection pour la série Hanté chez Soleil, comment avez-vous subi l’autorité du « cerveau » du Casse ? (rires) Quelles étaient les contraintes ? les marges de manœuvre ?

Oui, ayant été moi-même directeur de collection, je sais d’autant plus le travail, la difficulté et l’investissement que cela demande. David a abattu un travail colossal et ça été un plaisir de travailler avec quelqu’un d’aussi compétent. Etant auteur lui-même, il sait naturellement quelle marge de manœuvre il doit laisser aux scénaristes et aux dessinateurs. En bref, il sait de quoi il parle. Je préfère 100 fois collaborer avec un auteur devenu directeur de collection qu’avec un type parachuté d’une école de commerce ou de marketing. On retrouve en cela une tradition qui existait dans les années 60 ou 70. Je trouve ça bien que certains auteurs bien installés dans une maison d’édition prennent un peu le pouvoir. 

Pour parler des contraintes, elles étaient bien-sûr liées au genre qui est assez codifié, au format puisqu’il s’agissait d’un one-shot et bien entendu à la pagination qui devait se limiter à 62 pages. J’ai pris cette expérience comme un défi, étant un autodidacte du scénario, cet exercice de style allait montrer si j’avais acquis au fil des ans un tant soit peu de technique. Le plus dur a été de trouver la bonne histoire. Ensuite, je me suis rendu compte que les choses sont venues assez facilement. Cela ma rassuré sur ma capacité à pouvoir travailler sur une « commande ». J’estime qu’un scénariste complet doit savoir s’adapter à tout type d’histoire.

Vous ouvrez le bal de la série : était-ce prévu dès l’origine ? ou Diamond était-il tout simplement le premier album achevé ?

Je crois que 2 ou 3 titres étaient prêts, ce sont les équipes des éditions Delcourt qui ont porté leur choix pour le lancement sur « Diamond ». Cela m’a mis une pression supplémentaire. La collection 7 a visiblement bien marché au niveau des ventes. Si mon album est mauvais, il se peut que cela ait des répercutions sur les ventes des titres qui suivront. C’est donc une grosse responsabilité, mais Delcourt a fait en sorte que l’album soit poussé comme il le faut auprès des libraires, et pour ma part j’ai donné le meilleur de moi-même sur ce scénario. Sur un plan technique, je pense que c’est un des plus aboutis que j’ai écrit jusqu’à aujourd’hui. J’attends donc fébrilement l’accueil des lecteurs et des critiques. Bien entendu, je jetterai aussi un œil aux chiffres de ventes : c’est devenu le nerf de la guerre. Et il ne faut pas se voiler la face, sur cet album, il y a des attentes à ce niveau et puis je ne voudrais pas décevoir David Chauvel qui m’a fait confiance.

Les personnages de Diamond sont confrontés à des conditions extrêmes, dans un milieu hostile, plutôt coupé du monde, comme dans de nombreux albums que vous avez signés. Hasard ou est-ce définitivement une de vos marques de fabrique ? 

Je crois en effet que l’on peut dire que c’est un thème récurrent chez moi. On pourrait penser que c’est une facilité finalement, mais je n’ai pas encore tout dit sur le sujet, je n’en ai pas encore complètement fait le tour. Je vais d’ailleurs prochainement travailler sur deux one-shots inspirés de faits réels qui vont je pense clore définitivement cette thématique en ce qui me concerne. Des albums qui, j’espère, seront des grands albums et qui marqueront ma carrière.

Sur la planche n°7, on est tenté de dire que les montagnes sont d’un style purement bec-ien. Avez-vous donné un coup de main à votre dessinateur sur cette planche ? et ailleurs dans l’album ?

Ahah ! Je me demande ce que peut être un style « bec-ien »… Plus sérieusement, non, à aucun moment je ne suis intervenu sur le graphisme. Dylan Teague est un auteur anglais très talentueux qui n’a nullement besoin qu’on l’aide. Je suis seulement intervenu parfois sur certaines mises en page et je lui ai aussi donné un coup de main sur la couverture. Ce n’était pas trop dans sa culture de composer des illustrations avec un certain impact.

Comment votre duo s’est-il constitué ?

Par l’entremise de David Chauvel. Il m’a proposé plusieurs dessinateurs, la plupart issus des comics. Mon choix s’est porté sur Dylan. J’ai rapidement vu que c’était un très bon dessinateur, j’avais juste un doute sur sa mise en scène et sa capacité à s’adapter à une narration franco-belge. Mais comme je souhaitais un rendu très cinématographique, on s’est totalement entendus et rejoints là-dessus. J’aimerais bien un jour retravailler avec lui.
 

Que saviez-vous du Kouzbass avant d’y planter les tréteaux pour y mettre en scène votre histoire ? Ce que vous avez lu dans les livres, comme Patrick/Andy votre héros ? (rires)

Oui, tout à fait. La Sibérie est un pays qui me fascine, mais je n’y suis jamais allé. Tout ce que j’en ai vu c’est à travers des livres ou des reportages TV. Cela suffit. Il n’y a pas besoin de connaître les choses réellement pour pouvoir se les imaginer et les faire ressentir. Vittorio de Sica n’a pas eu besoin d’être facteur ou colleur d’affiches pour écrire « Le Voleur de Bicyclette ». Il faut juste suffisamment se documenter et puiser dans sa propre expérience des impressions et des ressentis que l’on peut y coller pour faire passer des sentiments. D’ailleurs, tout le travail de scénariste est là : faire croire que…

La mise en place de l’histoire est très méthodique et d’une certaine manière classique (présentation de l’environnement et de ses dangers, infiltration, recueil d’informations…). Aviez-vous en tête des références dans ce genre très normé d’une certaine façon ?

Je n’ai pas eu d’influence directe, mais, comme toujours, elle est la résultante j’imagine de tout un tas de choses vues ou lues, mais en la circonstance suffisamment assimilées, je pense, pour ne pas qu’elles remontent trop à la surface. Sans doute que je voulais retrouver une ambiance un peu similaire aux films « The Thing », « 30 jours de nuit » ou « Runaway Train » par exemple, qui m’ont pas mal marqué.

Vos personnages, notamment Andy/Patrick, ont un passé et un profil qui les rendent complexes. Cela n’est-il pas frustrant de les abandonner alors qu’ils auraient peut-être mérité d’être développés dans le cadre d’une série ou retrouvés ailleurs pour une suite ?

J’ai vraiment conçu cette histoire et les personnages pour un one-shot. Je ne sais pas si Andy est suffisamment attachant pour qu’on ait envie de le suivre dans d’autres histoires… Ce seront les lecteurs qui en décideront, mais pour l’heure, je n’envisage aucune suite.

L’univers des malfrats est un espace où chacun est prêt à escroquer ou à profiter de l’autre, où les associations ne durent pas toujours, où les trahisons sont monnaie courante et la confiance n’est pas de rigueur. Est-ce un « terreau » qui vous convient ? Avez-vous envie d’y revenir prochainement ?

Comme je le disais, je ne suis pas un grand fan des polars. Je ne sais pas si j’y reviendrai un jour. Je pense d’ailleurs avoir plus écrit un « western » qu’un polar finalement. C’était ma première idée quand David Chauvel m’a proposé cette collaboration, mais c’était déjà pris dans la collection. J’ai dû me creuser la cervelle pour trouver autre chose, un autre cadre suffisamment intéressant dans lequel je pourrais inscrire cette histoire de casse.

D’un rapide coup d’œil, on estime à une dizaine le nombre d’albums à paraître en 2010 portant votre griffe et les premières pages de l’agenda 2011 en annoncent d’autres. Pas de répit, ni de repos ?

 
Si tout va bien, il y aura 9 albums exactement qui devraient sortir en 2010. C’est la résultante de 3 ans de travail acharné à fond la caisse. Mais depuis 6 mois j’ai levé le pied, un peu contraint et forcé. J’ai eu quelques ennuis ces derniers temps : des problèmes juridiques, un lynchage médiatique sur un site Internet et des petits soucis de santé dus au stress et au surmenage. 
J’ai dû changer mes habitudes de vie pour trouver un nouvel équilibre, prendre un peu plus de distance par rapport à mon travail. Pour cela j’ai repris le sport de façon intensive. Je joue au squash 4 à 5 fois par semaine, je prends depuis peu des cours avec un des 10 meilleurs joueurs français. Cela m’aide à me défouler, à avoir un autre centre d’intérêt. 

Je vais donc produire moins dans les années qui viennent et écrire des albums plus personnels sans doute, avec des sujets plus difficiles. J’en ai déjà parlé mais il y aura sans doute pas mal de one-shots. Je vais aussi essentiellement me recentrer sur les séries qui marchent bien comme Prométhée, Carthago ou Ténèbres, qui a très bien démarré dès le tome 1. 

Je ne vais quasiment plus dessiner. J’ai dû me faire aider sur le tome 3 de Prométhée car je n’assumais plus ma technique de travail et je passerai la main pour les tomes suivants. Aujourd’hui, je veux que mon travail au dessin soit inattaquable sur un plan moral. J’ai donc dû bousculer beaucoup de choses, faire une vraie remise en question, une deuxième après celle qui m’avait fait totalement arrêter le dessin pendant près de deux ans. De toute façon, le dessin ne représente plus qu’une partie minime de mon travail. Je me considère aujourd’hui essentiellement comme un scénariste… un scénariste qui dessine de temps en temps. Je pense sincèrement être meilleur scénariste que dessinateur. En tout cas ce qui est certain c’est qu’écrire m’est beaucoup moins douloureux que dessiner, j’ai beaucoup plus de facilités. Et aujourd’hui, je veux avant tout prendre du plaisir et faire des choses dont je pourrai être fier quand je serai un vieux croulant (rires). Je peux me le permettre. Je vis bien de la BD, je peux lever un peu le pied et ne pas forcément toujours rentrer dans ce que les éditeurs attendent de moi.
 
 Le 2ème tome de Carthago a fait très bonne figure dans la consultation de lecteurs que nous avons organisée pour la catégorie Scénario. Un commentaire ? 
 

Il a fait bonne figure mais si je comprends bien il n’a pas remporté le prix… 
Cela m’inspire le fait qu’en 15 ans de carrière et plus de 600 000 albums vendus, je n’ai eu que 2 ou 3 prix, et relativement minimes en dehors du Prix Uderzo, mais qui a été attribué en réalité à Paolo Mottura, le dessinateur de la série Carême. Je n’ai jamais été nominé pour un prix à Angoulême, même si j’ai la prétention de penser que justement Carême l’aurait sans doute mérité. Si certains de mes albums ont eu la chance de trouver un public relativement important, il est clair que je suis un peu « un vilain petit canard » dans la profession. Ce n’est pas un but pour moi de remporter des prix, mais la reconnaissance de ses pairs, je ne peux pas dire que cela m’indiffère totalement. On verra si la nouvelle orientation que je vais prendre, avec des albums plus personnels et que j’espère plus forts, me permettra d’être plus respecté à ce niveau. Mon but reste le même : avant tout toucher les lecteurs. 

Je dois avouer qu’après cette difficile période que je viens de passer, j’ai vraiment pensé tout plaquer et arrêter la BD pour m’orienter vers un autre média, d’autant que je commençais à avoir pas mal de propositions dans le cinéma. Mais finalement ma passion pour la BD m’a rattrapé, les gens aussi qui comptaient sur moi, notamment certains collaborateurs ; et puis je me suis dit que dans le cinéma, si les succès et la reconnaissance étaient multipliés par dix, les coups bas et les jalousies le sont sans doute aussi. Finalement, on est bien dans notre petit monde de la BD, certes il serait mieux sans tous les aigris, les jaloux et les parasites qui gravitent autour, mais j’ai décidé de me centrer exclusivement sur ce qu’il y a de positif : l’extraordinaire liberté, les opportunités et les belles rencontres que l’ont peut y faire. 

Ensuite, puisqu’on évoque Carthago, je dois dire que je suis ravi de l’accueil que les lecteurs ont réservé à cette série. Mais ceci dit, j’ai un goût amer dans la gorge et une certaine frustration. La série n’est pas là où elle devrait être ! Il y a deux raisons à cela : les difficultés financières des Humanos et mes relations conflictuelles avec Eric Henninot, le dessinateur. Après les très bonnes ventes du tome 1, la sortie du tome 2 n’a pas bénéficié du lancement qu’il aurait mérité. Mais je n’en veux pas aux Humanos, ils ont fait ce qu’ils ont pu avec les moyens du moment. En ce qui concerne le dessinateur de la série, je regrette qu’il ne joue pas le jeu et mette autant de temps entre chaque album, cela ne sert pas la série. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer où on en serait si on en était au tome 4 par exemple… Sur ce genre de scénario feuilletonesque, il faut qu’il y ait un album par an au minimum, c’est très important, sinon on frustre le lecteur et on empêche l’essor commercial. De plus, Eric Henninot est parti faire un XIII Mystery chez Dargaud. C’est sans doute une extraordinaire opportunité pour lui et je ne peux pas lui en vouloir. Seulement, il y a un minimum de reconnaissance qu’un auteur doit avoir vis à vis de quelqu’un qui à une époque l’a aidé. La façon dont la chose m’a été annoncée a tout simplement été indécente, et je ne parle même pas de Schlirf, l’éditeur, et de Yann, le scénariste du XIII Mystery, qui n’ont jamais pris la peine ne serait-ce que de m’en informer. 

En réalité, c’est bien plus vis à vis de tous les lecteurs qui me montrent leur enthousiasme que cela me pose un problème, car du coup je ne sais pas si un jour la fin de la série existera. Je ne sais même pas si le tome 3 sortira un jour. Eric Henninot refuse pour l’instant de signer le contrat du tome 3. Et comme je ne suis pas procédurier, je n’utiliserai pas la force – peut-être à tort ? - pour arriver à mes fins et que la série puisse arriver à terme. La plus grande désillusion dans ce métier, alors que gamin je vénérai les auteurs de BD, c’est de voir à quel point derrière de grands auteurs ne se cachent pas forcément de grands hommes. C’est un des inconvénients d’être passé de l’autre côté du miroir.

Propos recueillis par L Cirade et L Gianati