LES LEGENDES ARTHURIENNES
Qu’est ce que les légendes Arthuriennes ? Qui sont Merlin, Arthur, Lancelot et les autres ?
A l’occasion de la sortie des albums : Merlin, la quête de l’épée, Wanderers et Lancelot, nous vous invitons à un voyage vers les landes d’Avalon…
Est-il utile de rappeler les légendes arthuriennes ? Voici néanmoins un petit résumé, si comme moi vous avez été bercé toute votre enfance par cette histoire, sautez au paragraphe suivant !
Les chevaliers de la Table ronde constituent, dans la légende arthurienne, un ordre chevaleresque au service du roi Arthur chargé de mener la quête du Graal, et d'assurer la paix du royaume.
Le roi Arthur a gagné son trône en tirant son épée Excalibur d'un rocher. Dans d'autres récits, Excalibur est sortie d'un lac portée par une main (de la fameuse Viviane, dame du lac). Il va sans dire, que cette épée est le symbole qu'il est l'Unique héritier du trône, choisi par Dieu, et le rendant pratiquement invincible. Dans un moyen-âge de légende, il régne sur un royaume nommé Logres depuis son château Camelot en Bretagne. Il est secondé par Merlin druide/enchanteur, il est le défenseur de l'idéal chevaleresque et a créé les chevaliers de la table ronde (dont Lancelot, Perceval, Tristan, Gauvain et Galaad) afin de participer à des quêtes mythiques dont la fameuse quête du Saint-Graal. Selon la légende, le champion d'Arthur, Lancelot, et la belle reine Guenièvre vivront un amour impossible et romantique. Arthur, enfin, succombera dans une ultime bataille contre son fils Mordred, fils incestueux d'Arthur et de sa sœur la fée Morgause. Son corps reposerait dans un monde créé par magie : Avalon.
L'ENTOURAGE DU ROI ARTHUR |
• Guenièvre : épouse d'Arthur, amante de Lancelot du Lac • Merlin : magicien ayant porté Arthur sur le trône de Bretagne • Mordred : fils incestueux d'Arthur à qui il ôtera la vie • Morgane : magicienne et sœur d'Arthur, dont elle convoite la place • Morgause : sœur d'Arthur et Morgane, tout aussi maléfique • Uther Pendragon : père d'Arthur, roi légendaire de Bretagne • Viviane : dite La Dame du Lac, c'est elle qui offre Excalibur à Arthur • Ygraine ou Ygerne : mère d'Arthur, épouse du duc de Cornouailles et amante involontaire d'Uther ? |
LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE |
• Accolon (Accolon de Gaule) • Agravain • Arthur (Arthus, Arthur Pendragon, Sanglier de Cornouailles) • Bedivere (Bedwyr) • Bohort (Bohort l'Essillié, Bors) • Calogrenant • Caradoc (Briefbras, Karadoc) • Gaheris (Guerrehet) • Galahad (Galahad le Preux, Galaad) • Galehaut • Gareth (Gareth le France, Gaheriet) • Gauvain (Faucon, Gawain) • Geraint (Érec) • Girflet (Jauffré) | • Hector (Hector des Mares) • Hunbaut • Keu (Kay, Key) • Lamorak (Lamorak de Gulis) • Lancelot (Lancelot du Lac) • Leodegrans (Léodagan) • Lionel • Méléagant • Mordred (Mordret, Medrawt) • Pellinore • Perceval (Perceval le Gallois, Peredur) • Sagramor (Sagramor le Desrée, Sagremor) • Tristan (Tristan de Lyonesse, Tristam) • Yvain (Owain, le chevalier au lion) |
Jean-Luc Istin auteur de Merlin et Chris Claremont, celui de Wanderers se prêtent au jeu de l'interview : Pourquoi, selon vous, cet engouement pour les légendes arthuriennes ? J-L Istin: La légende le dit, Arthur n’est pas mort. Il reviendra. Idem, pour Merlin qui n’est finalement qu’en dormition. Il serait temps qu’ils reviennent, n’est ce pas ? C’est peut être un début de réponse. Arthur et Merlin, c’est le duo politique idéal. La justice et la spiritualité. Mais surtout, l’idée que la légende peut renaître lui offre un avenir, un présent. En dehors de cette réflexion, les légendes arthuriennes sont une invitation au rêve, à l’aventure, à la magie avec des personnages qui existent depuis des siècles, de Geoffroy De Monmouth à Stephen Lawhead pour la littérature. Ce sont des sources d’inspiration pour tous les artistes, sculpteurs, peintres et écrivains.
Ces légendes sont telles que l’on cherche à leur donner corps. On veut, et les historiens aussi, que cette légende ait une réalité historique. Arthur aurait donc existé. Il fut un chef de guerre du 5ème siècle, vivant en Cornouailles bretonne qui aurait vivement combattu les saxons. Pourquoi pas ? Mais serait ce réellement le départ de la légende ou bien chercherait on à laisser entendre que la légende était un fait historique ? De tout temps, Il y eut un engouement incroyable, un engouement presque égoïste qui consiste à faire de la légende la sienne, à la réinterpréter. Arthur et merlin sont de la glaise et nous la façonnons au gré de notre vécu, de notre volonté. Car entre Marion Zimmer Bradley et Chrétiens de Troye, il y a un monde, un univers et pourtant, c’est la même légende. La légende est en constante reécriture, en constante réinterprétation. Elle est vivante dans le cœur et l’esprit des artistes et des personnes.
C. Claremont: Pour moi, les légendes arthuriennes représentent la vraie césure entre la richesse historique et mythologique du monde antique et le développement de l’Europe moderne. Ces mythes rassemblent l’histoire d’un roi essayant de forger un Etat idéal et celle d’un garçon et d’un homme essayant de mener une vie honorable et bien remplie. Et bien sûr, l’histoire est une tragédie. Ce n’est pas tellement le monde tel qu’il était, mais un monde plein de nos espérances et de nos rêves.
Quelles résonances ont-elles aujourd’hui ? J-L Istin:La résonance des légendes arthurienne aujourd’hui ? Elles sont comme je l’ai cité plus haut artistiques. Les jeux vidéos s’en sont emparés, les romanciers sont plus nombreux à les développer, la bd relance le thème, le cinéma et la TV se l’approprient. Mais surtout, la légende prend corps à Brocéliande, au château de Comper, à la fontaine de Barenton où les « pélerins », les touristes viennent découvrir l’endroit où vécut Viviane, Où merlin la rencontra. Pour l’occasion, les dames et gentilhommes de Comper se costument, la légende est une fête… Il subsiste aussi l’esprit… Pas partout. Seulement dans le cœur de certain…
C. Claremont: Ces histoires me semblent tout à fait appropriées, car elles se concentrent sur l’opposition entre le pouvoir de la Force et la nécessité pour le chef d’Etat d’agir pour la Justice – ou du moins ce qu’il croit être juste. Mon conte arthurien, l’autre face de mon histoire, est celle d’un dirigeant aux meilleures intentions du monde, qui fait ce qu’il croit être nécessaire pour accomplir ces intentions, et qui en fait rend son univers infiniment plus mauvais. L’Arthur que je dépeins est le chef héroïque d’un Etat prospère qui, en s’efforçant de diffuser ses idéaux dans le vaste monde, détruit son propre héritage.
Mon personnage de référence, le jeune Henry Dun Reith, est un jeune homme idéaliste qui s’efforce de raviver le legs de son roi, de telle sorte que tous les rêves et toutes les ambitions du jeune Arthur ne soient pas perdus. Certains pourront y trouver une métaphore dans notre monde actuel. D’autres pourront y lire une histoire d’idéaux personnels et le passage à l’âge adulte d’un jeune homme et de ses amis dans des temps difficiles. Ces deux perceptions sont tout aussi valables. Je serai intéressé par les remarques des lecteurs de cet ouvrage, particulièrement alors que nous vivons des moments si… intéressants.
Pourquoi la BD est elle un support de choix pour ces légendes ? J-L. Istin: Ces légendes sont multiples, un véritable univers, la bd (tout comme le roman) offre un support idéal par la multiplicité des tomes. Tout peut être développé. Il n’y pas de limites. contrairement aux autres support comme le film ou le théâtre...
C. Claremont: Ce qui fait les délices de la BD, c’est de pouvoir travailler avec un artiste talentueux – Phil Briones pour « Wanderers » - pour créer un monde physiquement tangible. En 46 pages, nous réalisons un film dans tous ses aspects, mis à part le mouvement. J’ai adoré la chance qui m’était donnée de travailler avec Phil parce que nos deux perspectives créatrices si particulières se rejoignent pour réaliser à l’attention du lecteur un monde visuel très riche et plein de mythes et de légendes, de magie et de passion.
Si vous ne deviez qu’en choisir qu’une ? Pourquoi ? J-L Istin:Une légende ? Sans hésiter : Merlin. Ce n’est pas par hasard si je l’ai développé en premier.
C. Claremeont: Dans « Wanderers », c’est l’épée, Excalibur, qui est le centre de toutes les attentions. Telle qu’on la présente dans les légendes du Roi Arthur, cette arme de guerre devient le catalyseur d’une société rationnelle, morale, où de telles armes ne sont plus nécessaires. Excalibur est un symbole visuel, une métaphore de la force de volonté d’Arthur. Dans la légende, il est entendu qu’elle doit être rendue à la Dame du Lac. Dans « Wanderers », Arthur tente de rompre cette entente. Au contraire, l’épée revient à un nouveau champion, Henry Dun Reith. Le plus grand défi aux puissants à travers toute l’histoire du monde est de savoir quand vient le temps de raccrocher. Dans « Wanderers », en me concentrant sur Excalibur, je peux explorer ce thème. Il y a une relation thématique entre mon travail sur des super-héros américains – comme dans « God Loves, Man Kills » (« Dieu aime, L’Homme tue ») – et cette histoire d’Excalibur, cette exploration du pouvoir. Je serai intéressé par les réactions du public.
Dossier réalisé par Alexandra.S. Choux