G
régoire poursuit ses aventures, balloté entre le XXIème siècle où ses parents en ont après lui et le XVIIème où… ses parents en ont après lui. Décidément, il ne sera jamais facile d’avoir douze ans ! Pourtant, pour lui, le choix est vite fait. Dans les passé, il y a la magie, les créatures surnaturelles qui ont besoin de son aide et la cousine Edna dont il ne trouve pas trace de nos jours.
Avec ce troisième volet de Gargouilles, pas de réelle surprise. Le constat dressé pour La clé du temps peut être repris pour Les gardiens. Les défauts qui arrachaient une moue crispée sont toujours là et tempèrent l’enthousiasme bienveillant qu’on peut avoir spontanément pour cette série. L’histoire est touffue à défaut d’être riche et surtout bavarde et lourde à digérer. La lecture du long résumé, pourtant joliment mis en scène, qui ouvre l’album rend admirablement compte de la densité et des circonvolutions excessives du récit. Comme une sorte d’aveu involontaire. Le personnage de Grégoire est charmant mais le pauvre est autant spectateur qu’acteur de ses exploits tant il est balloté d’un lieu et d’une épreuve à l’autre. Un peu comme s’il devait se contenter du rôle de catalyseur indispensable à la poursuite des évènements. Et après coup seulement, on compte les points pour voir ce qui a vraiment changé (par exemple, il découvre que la basilique, enjeu du tome 2, n’a pu être préservée). Certains verront peut-être dans cette passivité un élément comique ou réaliste si l’on considère qu’un novice ne peut changer le cours des évènements. Peut-être. Sa cousine ne lui répète-t-elle pas à plusieurs reprises qu’il a tout à apprendre.
Mais le sort réservé au lecteur est finalement un peu le même que celui de Grégoire. Le dessin (in-) animé défile. C’est joli, un peu trop envahi par des phylactères qui jurent toujours un peu avec le style graphique et les couleurs. Les sourires sont rares, les surprises aussi, le feu de l’action tiède malgré quelques ressorts intéressants offerts à l’histoire tels qu’un classique compte à rebours vers la disparition inexorable et traumatisante de certains personnages, la faculté inconsciente des personnages à changer de taille selon les circonstances ou le potentiel comique indiscutable de certaines situations. Et, charitablement, on évitera de s’appesantir sur les consternants ersatz de Yoda ou de mage blanc qui croisent le chemin de notre apprenti sorcier ou le siège imposant d'une cité, référence à ceux du gouffre d’Helm ou de Minas Tirith. Car franchement, au vu des points forts entrevus après la lecture du premier volet, Gargouilles vaut mieux que ce genre de clins d’œil inutiles. Avec ce segment de plus publié seulement neuf mois après le précédent et qu’on peut voir comme un épisode banal de la série, le joker est en tout cas utilisé. Ce qu’on peut être sévère quand on est déçu…
Comme pour le t. 2, un avis mitigé sur ce troisième volet. L’enthousiasme du premier tome me semble retombé. L’histoire me paraît aller dans tout les sens. L'apprentissage de Grégoire semble nous mener un peu n'importe où à n'importe quel moment. L'intrigue d'origine me paraît bien lointaine.
Pas très amatrice du dessin, il ne sauve pas l'album.
Un peu déçue encore.