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eune femme aveugle, Luna Almaden mène une vie quasiment normale, essentiellement grâce à une aide financière de sa mère. Si elle se sent obligée en retour de lui rendre de nombreux services pratiques, cela lui permet en revanche d'être indépendante avec son propre appartement. Une situation honorable qui prend malheureusement fin lorsque sa mère est retrouvée morte, assassinée, et que tous les soupçons se portent sur Luna.
Une nouvelle sortie dans la prestigieuse collection Aire Libre est toujours un événement attendu. D'autant plus lorsqu'on retrouve un habitué comme Denis Lapière au scénario, qui a déjà signé quelques bons crus tels que Le bar du vieux français ou plus dernièrement Le Tour de Valse. Dans ces récits, il se montre particulièrement talentueux pour décrire des relations passionnées et souvent dramatiques.
Luna Almaden lui offre un exercice original puisqu'il s'agit de réussir à mettre le lecteur dans la peau d'une personne aveugle. Une idée intéressante qui n'est malheureusement pas suffisamment exploitée tant l'histoire s'apparente en fin de compte à une intrigue policière des plus classiques. Le traitement de la cécité de Luna manque par ailleurs cruellement de crédibilité : en effet, Lapière a semble-t-il oublié que si un aveugle ne peut pas voir, il n'en est pas moins pourvu d'un bon odorat et d'une bonne ouïe (probablement plus affûtés que chez les voyants) qui lui permettent d'appréhender son environnement.
Au dessin, Clarke s'essaie au réalisme. Si son talent est indéniable dans son style humoristique qu'on lui connaît (Le miracle de la vie, Mister président), force est de reconnaître qu'il n'est ici pas très à son aise. Globalement, sa mise en image est trop figée et on sent que l'auteur n'est pas dans son élément. Quant à la mise en couleur, très froide et sans relief, elle n'apporte aucune valeur ajoutée.
Luna Almaden déçoit. Non pas que ce soit réellement mauvais, loin de là, mais parce qu'avec des telles signatures dans une telle collection, on s'attend légitimement à mieux.
J’ai relu cet album et je l’ai apprécié davantage qu’à la sortie. Je suppose qu’à l’époque, j’avais été déçu par le peu de suspense du récit, mais je le vois maintenant comme une belle description, assez fine, du quotidien d’une personne déficiente visuelle.
Il est probable que mon propre handicap visuel m’ait entre-temps ouvert les yeux sur un sujet qui m’était totalement étranger à ma première lecture. Pour la fameuse scène de l’ascenseur, j’ai fait le test chez moi et je vous assure que, quand on est dérangé dans sa routine, la perturbation est telle qu’on en oublie tous ses repères. Quant au fait de ne pas reconnaître la voix de quelqu’un, même d’un proche, je vous assure que ça n’a rien d’étonnant et que ça m’arrive fréquemment. Surtout quand je ne m’attends pas à rencontrer cette personne dans un contexte particulier, ce qui est clairement le cas ici.
J’ai particulièrement apprécié le rythme lent du récit, inhérent à la vie de toute personne aveugle ou malvoyante, et la mise en couleurs qui peut paraître terne, mais qui, à mon avis, reflète assez bien la sensation de perte de vue.
Tout cela ne fait évidemment pas un chef d’oeuvre de cet album, on est bien d’accord ;-)
Une one-shot polar mettant en scène une aveugle accusée de matricide. L'histoire est classique avec un suspense assez peu présent et peu de rebondissements.
Certaines cases nous présentent le ressenti de Luna dans son environnement, ce n'est pas totalement approfondi (un peu comme l'histoire) mais l'idée est là.
Cela se laisse lire mais ne demeurera pas un souvenir impérissable pour ma part.
C'est curieux de trouver un tel titre dans une collection comme "Aire Libre". Outre cet étonnement, ce thriller concernant une jeune femme aveugle est très plaisant à lire. On a une vraie énigme policière à résoudre pour deviner qui est le coupable du meurtre commis. Vous croyez vraiment qu'une aveugle puisse assassiner sa propre mère faute d'alibi ? C'est un véritable huit-clos en appartement faisant intervenir quelques personnages.
Il est vrai qu'on devine vite ce qui s'est passé. Il y a juste quelque chose qui cloche dans le déroulement des faits et de cette véritable machination. Les aveugles développent généralement assez bien les autres sens qui leur restent. C'est bizarre qu'on ne puisse pas reconnaître le son d'une voix ou le temps passé dans un ascenseur pour parcourir une distance plus longue. Je n'en dirai pas plus mais il y a forcément des incohérences. Cela nuit à la crédibilité du scénario. Par ailleurs, il manque la dose d'angoisse qui aurait pu être accentuée facilement pour ce type d'histoire.
J'ai tout de même aimé le côté un peu hitchcockien de ce thriller. Le dessin n'est pas désagréable et la lecture s'est faite avec un certain plaisir.
J'ai encore bien aimé cette petite BD. Certes, il y a des petits défauts (la scène de l'ascenseur, comment elle a eu les clés pour rentrer dans l'appartement?!,...) mais le scénario est bien ficelé avec une ambiance générale très plaisante et mystérieuse. On a aussi une certaine compassion pour l'héroïne Luna qu'on accuse à tort du meurtre de sa mère. Enfin, le style polar convient très bien aux dessins expressifs de Clarke, dommage qu'on le voit rarement dans ce genre. A découvrir.
C'est pas mal.
Le dessin de Clarke passe très bien dans le monde réaliste (je ne connaissais que ses apparitions dans le monde comique avec "histoires à lunettes" et autres séries de fluide glacial). J'aurais cependant aimer savoir dans quelle ville cela se passait, c'est en Belgique mais on ne retrouve aucun décor permettant de situer les lieus.
Coté scénario c'est simple et très linéaire, c'est finalment peut-être plus une BD psychologique sur le manière dont Luna ressent les évènements qu'un polar...
Content d'avoir épinglé cet album dans ma bibliothèque.
Avec « Luna Almaden », la collection Aire Libre s'enrichit d'un bon petit polar mené par Clarke et Denis Lapière.
L'idée de départ est intéressante puisqu'il s'agit de nous faire vivre les aventures de Luna, une jeune aveugle, en positionnant la narration suivant sa perception du monde. Le défit était attrayant car il ne doit pas être aisé d'imaginer les ressentis et sensations d'une non voyante. Le challenge me semble réussit. Au fil de l'histoire, le lecteur entre peu à peu dans la peau de Luna, aidé il est vrai par quelques cases noires simulant la cécité et intelligemment distillées.
Le scénario élaboré par Denis Lapière est simple mais bien ficelé. Bien qu'il s'agisse d'un polar, le parti pris du scénariste n'est pas de brouiller les pistes. Le système narratif fait que le lecteur sait Luna innocente d'emblée. La véritable question réside dans la manière dont la machination va se dénouer tant les apparences chargent la jeune femme aux yeux des principaux protagonistes. Les tenants et les aboutissants nous seront dévoilés sans rebondissements scénaristiques artificiels. Logiquement, simplement.
Pour les dessins, Clarke adopte ici un style plus réaliste qu'à son habitude. Le trait est vif et sans fioritures. La trouvaille des cases noircies participe à l'ambiance générale de cette bande dessinée. Les couleurs des planches sont peut-être un peu froides, mais cela n'est guère dérangeant. Une mention particulière doit être donnée à la couverture très réussie et intrigante.
Voilà une histoire très plaisante à lire, mais qui se parcourt peut-être un peu rapidement.
Un one shot bien sympathique qui m'a fait passer un bon moment. Ce polar à une histoire certe très conventionnelle et il n'y a pas vraiment de suspense mais les personnages sont intéressant et l'ambiance prenante. J'ai passé un bon moment.