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u 18 mars au 23 novembre 1963, Etat du Maryland, USA. Lorenzo Cuba, enquêteur pour une compagnie d'assurance, est chargé d'étudier de plus près la mort d'un artiste appartenant à un cirque ukrainien dirigé par la troublante Clara Boni. Comment ces artistes du bloc de l'Est peuvent-ils exercer leur métier en Amérique ? Pourquoi tant de tension et de mystère autour de ce cirque ? Que viennent faire le FBI et la CIA dans cette affaire ? Beaucoup de questions pour l'année 1963, période bien froide dont l'Histoire ne retiendra que le tragique 23 novembre.
A l'ouverture de cet album, on ne peut s'empêcher de se focaliser sur le dessin avant même de s'intéresser à la moindre ligne de texte. S'attarder sur les pages sans les lire devient alors un réflexe incontrôlable. Lorsque l'on reprend ses esprits, on espère vite rentrer dans le vif du sujet pour donner suite à notre intérêt porté au graphisme.
Cette méthode n'est pas si inhabituelle que ça, le feuilletage avant lecture étant courant pour certains, mais elle prend ici tout son sens, tant le trait de Romain Renard peut être qualifié "d'original". Moins original qu'il n'y parait si on le compare à ce que peut faire Prado par exemple et peu courant dans la production actuelle. Cela suffit en tout cas pour y jeter un œil plus attentif. Encrage inexistant et crayonnés estompés, couleurs pastelles et effets de lumière omniprésents sont les caractéristiques de ce graphisme. La lumière est le composant principal qui illumine ou assombrit certains visages, toujours de façon judicieuse. La maîtrise est grande sur cet aspect.
Lorsque l'on y regarde de plus près, une impression de flou gène quelque peu la lisibilité. Flou qui disparaît bien souvent sur les gros plans, comme si le lecteur souffrait de myopie. Un sentiment très léger mais bien présent qui a pour effet d'accentuer la notion de brouillard dans lequel évolue Lorenzo Cuba. Est-ce voulu ou du à une technique encore mal maîtrisée ? Les prochains tomes devraient nous éclairer à ce sujet.
Le récit est relativement commun aux polars des années 50/60. Avec, comme il se doit, un enquêteur qui : subit le charme du témoin n°1, ne rencontre que lèvres scellées à toutes ses questions et voit ses amis lui tourner le dos. Rien de bien nouveau, mais l'ambiance qui en émane se marie parfaitement au dessin chaud et inquiétant. Tout ceci est renforcé par la toile de fond de l'année 1963 qui amplifie l'impression de complot sous-entendu par la présence d'Ukrainiens sur le sol américain.
Le rythme reste néanmoins relativement lent et une certaine lascivité nous envahit à la lecture de cette enquête ou le héros reste plus spectateur qu'acteur. Tout semble fonctionner au ralenti et ce n'est pas la quasi absence d'action qui va changer quoi que ce soit à cet état de fait. En somme, un dessin surprenant pour un récit classique, sans surprise mais efficace. Le tout agrémenté d'un cahier graphique de 7 pages et d'une postface signée François Schuiten.
C'est une enquête de meurtre comme il y en a beaucoup dans la bande dessinée. Celle-ci présente néanmoins deux originalités : un graphisme qui lui donne beaucoup de charme, une histoire bien pensée au milieu de la guerre froide et plus précisément située en 1963. Je dois avouer que le récit débouche sur quelque chose d'assez intéressant et inattendu.
Il est dommage que le personnage principal manque un peu de charisme comme c'est le cas habituellement dans ce genre de polar à l'ambiance particulière. Finalement, c'est tout juste pas mal. Cela ne mérite quand même pas un achat. A noter que la série ne s'est pas poursuivie malgré un tome assez prometteur. C'est tout de même un peu regrettable.
Un inspecteur d'assurances enquête sur la mort d'un artiste de cirque. Ce qui est étrange c'est que le shérif n'a pas demandé d'autopsie et plus surprenant encore est qu'il a disparu depuis.
Ah, un dernier détail, ce cirque est à une exception près composé de nains.
Citoyens soviétiques de surcroît car nous sommes en 1963 ...
Un scénario assez culotté qui reprend l'un des ressorts de "La vie privée de Sherlock Holmes" tout en l'adaptant au monde de l'époque. C'est très bien fait. Le dessin au départ déroutant est assez vite envoûtant tout comme l'histoire d'ailleurs