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n 1986, le docteur Tenma a dû faire un choix. Chirurgien aux urgences dans une clinique de Düsseldorf, il a préféré sauver la vie d’un jeune garçon plutôt que d’opérer le maire de la ville. Survivant d’un massacre ayant eu lieu dans la maison familiale, l’enfant,Johann, disparaît avec sa sœur tandis que le directeur et les dirigeants de l’établissement sont empoisonnés. Accusé de ces meurtres, Tenma se lance sur les traces de Johann, allant de découvertes en rencontres pour tenter d'apporter les preuves de son innocence.
Voici donc la dernière page tournée de ce roman-fleuve qui nous aura tenu en haleine pendant quatre ans. Monster fait figure de référence à plus d’un titre. C’est tout d’abord la construction du récit, la maîtrise des évènements et des révélations dévoilés au cours des 3 800 pages que totalisent les 18 volumes de la série qui impressionne. Sans qu’aucune perte réelle d’intérêt n’ait été relevée, on note seulement quelques passages moins denses (que, magnanime, on peut considérer comme des instants de « respiration ») et quelques fins de chapitre ou de volume tirant un peu les ficelles de derniers plans de type "cliffhanger".
Sa deuxième qualité, et non la moindre, c’est d’avoir amené un large public, a priori réfractaire aux « petits formats sur papier recyclé qu’on lit à l’envers », à faire l’apprentissage du manga. Le récit aux accents de thriller se déroule en Europe et le trait est réaliste, les détails et les décors soignés. Ici pas de surenchère dans la violence, pas d’hystérie exacerbée. Devant une telle réussite, nombreux ont été les lecteurs qui ont ensuite poussé la curiosité jusqu'à lire d’autres titres. Quand on est boulimique de bande dessinée, découvrir un catalogue déjà bien fourni de séries qui comptent quantité de tomes à la pagination copieuse, c’est souvent un bonheur. Même si les séries de la qualité de Monster se comptent finalement sur les doigts d’une main.
Ensuite, Monster garde toujours un pied dans le réel et le vraisemblable. Alors qu’il aurait été facile de verser dans le fantastique et l’irrationnel, les personnages sont finalement tous très humains. Ce dernier tome est aussi l’occasion d’avoir le plaisir de revoir des personnages que l’on a appris à connaître au cours du long périple de Tenma et de Johann. Sous couvert d’un titre vendeur qui prédit l’apocalypse, c’est aussi le moment de les absoudre et de leur donner le signal pour un nouveau départ. Ce dernier livre, excellent, n’apporte pas d’aveu ni de coup de théâtre inattendus. C’est tout à fait logique dans la mesure où l’auteur s’est plu à disséminer les éléments-clés de son puzzle tout au long de cette saga.
Enfin, la série a été l’occasion de découvrir un immense auteur, un feuilletoniste rare. Disciple dans l’âme de Tezuka (de nombreuses références à l’œuvre du maître émaillent ses créations), Urasawa sait admirablement mettre en scène les rapports humains, jouer avec le suspens et avec nos peurs. Tout en conservant une indéfectible cohérence, y compris lorsque l’action conduit à suivre, simultanément, les faits et les découvertes de plusieurs personnages en divers endroits. Le recours au flash-back est aussi magistralement maîtrisé et dosé. Tout comme les lieux qui leur servent de décor (l’Allemagne et sa rigoureuse sécurité apparente, les pays de l’Est et leurs zones d’ombres de l’époque soviétique), les éléments qui suscitent la peur sont plausibles (les quêtes et les idéaux de l’enfant, l’angoisse lié à l’absence d’identité, les manipulations politiques, les expériences menées sur les êtres humains etc). Poussés à leur paroxysme, on les retrouvera avec plaisir dans l’autre série-phare d’Urasawa : 20th Century Boys (14 titres publiés en France à ce jour – série en cours).
A noter, pour la première édition, la présence d’une réplique du livre de conte dont il est question dans la série. Si le fan collectionneur sera comblé par cette initiative, il ne pourra s’empêcher de pinailler sur deux points. Son contenu nous a été dévoilé au cours des différents volumes de la série. Alors, pour donner un peu plus d’authenticité à l’objet, pourquoi ne pas l’avoir présenté dans sa version originale (tchèque pas japonaise, ni française) et surtout pourquoi l’avoir publié dans le sens de lecture japonais ? Décidément, même quand on est comblé, il y a toujours motif à ronchonner…
Voilà : "Monster" se clôt, et de manière magistrale. Par deux cent et quelques pages monstrueuses, alternant violence sauvage et tristesse dépressive. Le massacre de Ruhenheim prend fin, et nos personnages principaux y laissent des plumes, voire la vie. La boucle se boucle avec le retour du Dr Tenma à ses scalpels tant d'années plus tard : et le patient est le même, bien sûr. Et le mal fait alors qu'on pensait faire le bien ne peut être défait, mais Urasawa, optimiste et fataliste à la fois nous dit que faire le bien est la seule option qui tienne, face aux monstres. Même si ça ne change rien, bien entendu. La dernière case est magnifique, l'éternelle suspension de la croyance étant la seule porte (ou fenêtre) qu'il vaut vraiment la peine d'ouvrir. Mais avant cette conclusion parfaite, il y a eu un autre, un dernier éclair de génie d'Urasawa : le retour à la mère, et la révélation des noms oubliés des jumeaux... Ou plutôt, non, nous ne les connaîtront jamais, mais ce qui est important c'est qu'ils existent ces noms. Car rien n'existe qui ne puisse être nommé : donner un nom au Mal, comme au Bien, permet de les comprendre, de les intégrer. "Monster" n'a finalement parlé que de ça, et ce n'est pas rien.
PS : Il n'est pas interdit de penser que, comme ce sera d'ailleurs de plus en plus le cas chez Urasawa, la construction narrative démentielle à laquelle nous aurons eu droit pendant près de 4000 pages ne débouche sur aucune réponse claire. Cela peut être frustrant pour les plus rationnels d'entre nous. Pourtant, le "message" est passé, clair et net. Et le "voyage" n'est-il pas toujours plus important que la "destination" ?
Voici mon avis pour toute la série.
Il est vrai qu'aussi bien au niveau du scénario que des graphismes, "Monster" est d'un très haut niveau dans l'univers du manga, et de la BD au sens large. Du mystère, de l'action, des personnages bien plantés, une intrigue finement ciselée...
Alors qu'est ce qu'il manque à "Monster" pour être un chef d'oeuvre du genre ? Certainement quelques raccourcis ou incohérences scénaristiques (sans gravité !), mais surtout un personnage principal trop gentil, trop "propre", sans vraie dualité, ce qui est pourtant la thématique principale de cette histoire.
A découvrir tout de même !
Pour un amateur de BD, non friand des mangas, celui-ci est "malheureusement" indispensable. Son côté trés européén (personnages, lieux, décors) et son intrigue digne des meilleurs polars fait de cette histoire un des titres incontournables.
Cette série se termine sur deux tomes vraiment excellent, averc une tuerie générale dans un petit village allemand.
Rien à dire de plus.
un tres bon manga dans l'ensemble je le recommande vivement aux amateurs et aux amatrices de polar et de suspens.l'histoire me fait pensée à pas mal de film style seven ou encore usuel suspect pour son cote intrigue qui se combine plutot bien avec le caractere des personnages ceux que je regrette en revanche cest le cote naif du personnage principal, de temps à autres envers certains protagonistes
(assez courant dans le monde du manga japonais)
La fin de cette série est ce qui pouvait se faire de mieux on a toutes les réponses nécessaires pour comprendre (du moins essayer) le comportement de Johann. Cet album a son lot de scène joyeuses mais surtout tragiques. Tout a été savament orchestré pour ce final qui ne peux que nous faire nous triturer les méninges. Y aura-t-il une suite un jour ? Qui sait peut être mais personnellement j'en doute. Certe l'album ne donne pas l'impression d'être une fin en soit mais chacun des personnages poursuit sa vie et toute cette histoire leur aura fait prendre conscience de ce qu'ils souhaitent vraiment faire de leur vie donc elle n'aura pas été totalement négative (à part pour les personnes assassinées j'en conviens mais bon elles sont pas là pour se plaindre :-)). Non vraiment ils s'agit d'une fin passionnante pour une série tout aussi passionnante.