L
es règles du combat à l'arme blanche sont un élément essentiel du code du samouraï. Aussi, le samouraï qui prétend défendre son shogun ne devra jamais employer d'autre lame que celle dans laquelle il a choisi de se spécialiser. S'il désobéit à cette règle, il sera réprouvé et rejeté du reste de la société.
Manji, l'homme aux douze lames, est de ceux-là. Immortel grâce au Kessenchû, un parasite régénérateur, Manji erre en quête de rédemption pour cent innocents massacrés. Il ne trouvera le repos que lorsque mille scélérats passeront par sa lame. En souvenir de sa soeur, morte accidentellement, il acceptera de mettre son sabre au service d'une vengeance.
Lin est une jeune fille dévorée par la haine. Son père, dépositaire de l'école Mouten Itchiryû, paya de sa vie les erreurs du passé et dût affronter la colère de membres dissidents de son clan, emmenés par le jeune Kahehisa Anotsu. Lui et sa femme seront massacrés sous les yeux de leur fille. C'est pour se venger de cet homme et de ses disciples que Lin engagea Manji.
L'habitant de l'infini est l'œuvre majeure d'Hiroaki Samura. Plus que la violence et le sang qui marquent la première lecture, le manga parvient à établir une véritable complicité entre son héros, Manji, et le lecteur. Mettre en scène l'immortalité peut rapidement s'avérer périlleux. En effet, quoi de plus pénible que de suivre les aventures d'un héros dont on sait pertinemment qu'il réchappera toujours d'une mort promise ? Samura esquive habilement cette problématique en dotant son personnage d'une personnalité riche en failles. Ainsi, Manji, avec le temps, prend conscience de sa maîtrise déclinante des arts du combat, du fait de son invulnérabilité. Plus tard, lorsque Lin et son protecteur rencontreront Shizuma, un immortel qui en deux cents ans n'a jamais pu se réaliser, une autre vision de l'éternité sera évoquée.
"Certains vivent sans atteindre leur but et les immortels vivent longtemps en sachant qu'ils ne l'atteindront pas... Qui est le plus malheureux ?". L'éternité devient alors une prison et un cadeau qu'une mortelle comme Lin n'acceptera plus désormais. Il y a, par le biais de Manji, héros terriblement humain malgré sa condition, une véritable rencontre du lecteur avec le poids de l'immortalité.
Si le scénario suit sans grande originalité le parcours d'une vengeance ordinaire, jalonnée par des adversaires aussi charismatiques que mortels, c'est au graphisme de Samura qu'il faut rendre hommage. Habile à illustrer l'ère Edo dans les détails de son quotidien, l'auteur apporte également beaucoup de soin aux regards et postures de ses personnages. Les scènes de combats témoignent d'un même talent appliqué au mouvement.
Intégré dans la collection manga de Casterman - Sakka - et réédité dans son sens de lecture original, L'habitant de L'infini s'offre une seconde jeunesse dans un format (enfin) à la hauteur de ses multiples qualités.
Un manga de samuraï qui se distingue, par son grapisme original, son ambiance électrique, les décors et le cadre historique fouillé.
L'histoire est un peu en retrait. Mais c'est quand même trés bon.
De plus la nouvelle édition est dans le sens original de lecture, n'hésitez plus.
C'est beau, c'est bien...mais pas assez. L'histoire est trop pauvre, l'imagination y manque je trouve...
Mais c'est à lire