L
e journaliste Guy Lefranc se retrouve malgré lui au milieu d'une des plus grandes menaces terroristes qu'ait connu l'Europe : la destruction du tunnel sous la manche ! Avec sa jeune cousine, il va accompagner les services secrets anglais dans une course contre la montre entre Bruges, Downhill (Angleterre) et un chalutier en pleine Manche.
Comme bien des séries de son époque, Lefranc est une bande dessinée intemporelle ou qui se voudrait intemporelle. Force est de constater que seuls le visage, le langage désuet et le comportement psycho-rigide de Guy Lefranc sont restés intemporels… voire figés dans les années 60 ! Tout a évolué sauf lui. Même Jean-Jean a rendu son tablier, fatigué d'être pris pour le faire-valoir sans expérience, un peu nunuche et boy-scout jusqu'au bout des ongles. On l'imagine d'ailleurs, marié et père de 2 ou 3 enfants, employé ordinaire d'une société banale, heureux de son sort, débarrassé de se grand frère moralisateur, bientôt à la retraite… Eh oui ! Jean-Jean doit approcher les 60 ans maintenant !
Pendant ce temps-là, Guy Lefranc parcourt le monde, fréquente les services secrets, fraie avec son pire ennemi et se pavane au bras de jeunes filles à peine sorties de l'adolescence, lui le "vieux" baroudeur. Tout cela sans participer à aucune action quelle qu'elle soit. Ah si ! En plein hiver, il se laisse porter au bout d'un filin par un hélicoptère, tout trempé après un bain de mer forcé, pendant plus d'une demi heure avant d'être déposé sur une plage de Belgique. Et cela pour se retrouver au lit avec une grippe. Quel héros ! Bon, il faut dire que vu son inaction chronique dans cet album, il fallait lui trouver une scène pouvant justifier une couverture en rapport avec le titre : L'ultimatum ! Couverture qui se voudrait attrayante mais qui ne réussit qu'à nous définir assez précisément ce que peut signifier le mot "grotesque".
Francis Carin, qui après Gilles Chaillet et Christophe Simon hérite du crayon, n'a en soit rien à se reprocher. Sauf peut être d'avoir accepté cette proposition. Il livre un dessin qu'il maîtrise parfaitement, précis, ciselé au millimètre et sans surprise si l'on connaît sa série Victor Sackville. Il a mis sa plume au service d'un scénario absurde fait de brics et de brocs qui ne tiennent entre eux que grâce à des aberrations loufoques. La fin est à la hauteur du développement général, avec un improbable coup de foudre ridiculement mis en scène. Je n'en dis pas plus pour ne rien dévoiler aux rares fans qui ne manqueront pas d'être déçus par la lecture de cet album.
Cinquante ans que Lefranc existe, bel anniversaire ! Peut être le bon moment de penser à remiser définitivement son appareil photos et son stylo, en nous laissant les bons souvenirs des premiers épisodes. Monsieur Martin, si vous m'entendez....
L'illusion dure… 7 pages. Après plusieurs aventures exotiques, Lefranc se trouve à Bruges avec une petite cousine surgissant de nulle part (après 16 albums, quand même!), charmante au demeurant, pour enquêter sur le vol d'un tableau de maître. Le décor est somptueux. Les deux journalistes assistent par hasard à un meurtre et se lancent à la poursuite du coupable.
Le reste de l'album oscille entre le consternant, le ridicule et l'affligeant. Une conspiration sans queue ni tête, des rebondissements qui n'en sont pas vraiment, de l'action et des péripéties dignes d'un Derrick des mauvais jours, un scénario incompréhensible, des personnages secondaires aussi épais que la feuille de papier sur laquelle ils sont dessinés… Francis Carin, qui succède à Chritophe SImon au dessin, s'en sort honorablement — mais qu'est-il venu faire dans cette galère!
Jacques Martin, 83 ans (!), signe là son dernier scénario. Le pire de tous, et de loin. Il aurait malheureusement dû prendre sa retraite 15 ans plus tôt…
Alternant avec Taymans, Carin s'est mis un temps au service de cette série, aidé aux décors par Desmit.
Le résultat est encourageant, bien moins décevant que "Londres en péril", par exemple.
Le scénario est moins improbable que d'autres, et l'album se laisse lire sans crier au scandale ni au génie.
un album moyen d'une série phare des 50s, devenue culte.