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umato et Herbie sont les meilleurs amis du monde. Lassés par la monotonie de leur quotidien, ils ne vivent que pour leur passion commune : la musique. Arrive alors le jour où ils décident de tout plaquer pour tenter leur chance dans un festival. L'occasion pour Herbie de donner enfin un sens à sa vie et pour Sumato de partir sur les traces d'un amour illusoire auprès de la belle Sally.
Renaud Dillies nous a beaucoup marqué l'an dernier avec Betty Blues, Lauréat 2004 du meilleur premier album à Angoulême. Une histoire forte et dramatique dans le milieu du jazz, une oeuvre très aboutie, d'une grande maturité.
Il n'y a pas besoin d'être devin pour savoir que Sumato ne pourra pas échapper aux comparaisons avec son prédécesseur tant les deux ont une trame proche l'une de l'autre. Certes, les deux histoires prennent finalement des directions quelques peu différentes, mais les thèmes abordés restent les mêmes : amour impossible, amitié fraternelle, quête désespérée, le tout sur une ambiance qui transpire le blues. En définitive, bien que peut-être un peu moins poignant, Sumato est un récit très agréable à suivre et les personnages sont une nouvelle fois attachant et bien exploités. Quant à la narration, elle est particulièrement efficace et c'est avec beaucoup d'intelligence que l'auteur réussit à rythmer son récit grâce à une mise en page souvent originale. De ce point de vue, l'utilisation de cases en pleine page est remarquable.
En fait, si Sumato touche moins que Betty Blues, c'est probablement et malheureusement à cause du dessin. Dillies abandonne son trait nerveux et hachuré pour une ligne claire, un style plus humoristique qui est évidemment moins adapté à l'ambiance triste du blues. Une opposition qui aurait peut-être fonctionné avec d'autres couleurs : en effet, Anne-Claire Jouvray a laissé la place à Félix Ruiz et cela n'arrange pas les choses. Beaucoup moins subtiles, trop marquées et trop vives, elles n'aident pas à s'imprégner de l'émotion que devrait pouvoir susciter ce genre d'histoire. C'est dommage.
Betty Blues était très bon, Sumato est seulement bon. Toutefois, une chose est sûre : Renaud Dillies a du talent et on continuera à le surveiller de près !
Bof, bof. Après un départ en force, la cadence ralentit considérablement. Pas grand-chose à se mettre sous la dent pour meubler les pages qui cherchent désespérément leur fin. Les deux pages sur l'orthographe du mot 'naze', par exemple, quel intérêt?
Beaucoup de pages pleines aussi, qui, attention, peuvent parfois relever un album en lui apportant beauté et poésie (ce que le trait de Dillies semble enclin à faire). Par contre, ici on a plutôt l'impression que l'auteur ne savait pas comment remplir ses pages avant d'arriver à la finale qu'il avait en tête. Une finale un peu convenue, de surcroît.
Ce qui aurait pu être excellent se révèle finalement un brin trop simple. Il y a un manque de substance dans le scénario et dans les textes. J'aime beaucoup les couleurs par contre. À lire une fois, mais on oubliera rapidement.
C'est la première fois que je lis une BD avec une ambiance un peu "toon". Entre les personnages va naître un véritable huis clos. Silence, regrets et non-dits... C'est également un récit sur la maladie sans complaisance, ni apitoiement.
La fin du récit est réellement triste. Cependant, on ressent également une joie de vivre et d'espérer en l'amour. C'est beau et poignant à la fois. On a l'impression que l'auteur a voulu rendre un hommage à un ami disparu trop tôt.
Je dois reconnaître également une imagerie très créative bien que cela ne soit pas mon genre. C'est une BD pleine de bons sentiments. Un peu trop parfois...
J'ai relu récemment cette bd au regard de la plus grande expérience que j'ai acquis au cours de ces deux dernières années après une lecture bien intensive. Je remonte la note de ce one-shot car j'ai changé mon approche. C'est désormais le genre d'histoire que j'aime bien. Que s'est 'il passé ? La maturité de l'âme, voilà tout !
La recette dillienne est là, avec en germe tous les bijoux qu’il y a un an encore je ne connaissais pas. Un duo, Herbie et Sumato, deux potes. L’un aussi frêle que l’autre est bourru. L’un bavard, l’autre peu loquace. Dieu sait si l’alliance des contraires est sublime chez Dillies et cette histoire le confirme. Bien sûr, ajoutez une demoiselle au charme fou, un cœur qui s’emballe, un road trip, des bars, la lune et ses étoiles, une histoire de chapeau. Et de la musique. Encore, toujours, tellement.
http://aumilieudeslivres.wordpress.com/2013/11/27/sumato-renaud-dillies/