Intox 2. Opération Pablo

L a jeune journaliste, Léa Valmont, est chargée d’animer une émission de télé-réalité ayant pour objectif de créer des structures d’accueil pour des jeunes en difficulté. Elle est aidée dans cette tâche par Pablo, un ancien révolutionnaire guatémaltèque. Le vécu et le charisme de ce dernier représentent la caution morale du projet vis à vis du public, permettant ainsi à la chaîne M.V. 3000 de ne pas apparaître comme une froide machine à faire de l'audience. Cependant, l’envers du décor est beaucoup moins charitable et de sombres machinations se trament dans l’ombre.

Gilles Chaillet est un auteur reconnu, et sa collaboration avec Jacques Martin n’est pas la moindre de ses références. Il excelle dans le dessin des récits antiques ou moyenâgeux, son travail sur la Rome des Césars, le Triangle Secret ou encore la série Vasco, en sont de bons exemples. En 2003, il se lance dans un nouveau registre avec le scénario d’un polar mêlant télé-réalité et insécurité croissante au sein des banlieues. Intox était né.

Ces deux sujets sont malheureusement incompatibles et la magie n’opère pas. La télé-réalité est un univers de divertissement et l’autre relève de la politique. Le dénominateur commun est la manipulation des masses, mais l’idée poursuivie par l’auteur ne fonctionne pas. Ce deuxième tome n’efface pas la mauvaise impression déjà présente au premier : trop d’éléments sont présents et l’alchimie n’a pas lieu. Le passé trouble et mystérieux de la jeune héroïne, destiné à enrichir sa personnalité, ne convainc pas.

Dans quelle direction l’auteur souhaite-t-il nous emmener ? La télé-réalité semble n’être qu’un prétexte, et son rôle réel est bien faible dans le déroulement des évènements. L’exploitation de ce sentiment d’insécurité présent dans nos médias, il n’y a pas si longtemps, n’est pas judicieuse et ce ne sont pas les complots d'organisations œuvrant dans l’ombre qui vont rehausser le propos. En voulant éviter la facilité d’un scénario simpliste, il nous emmêle avec un découpage trop complexe.

Le trait réaliste d’Olivier Mangin est de bonne facture. Il s’agit d’un récit contemporain et il maîtrise parfaitement les éléments composant cet univers. Cela ne suffit malheureusement pas pour compenser les failles de l’histoire.

L’idée de départ semblait séduisante, mais la complexité du scénario et l’incompatibilité de ces deux thèmes opposés ne contribuent pas à faire de ce récit une série attrayante. La collection Bulle Noire côtoie le meilleur et le moins bon, Intox se situe plutôt dans la deuxième catégorie. Chaillet devrait continuer à travailler sur ses thèmes de prédilection, ce qu’il fait de mieux.