L
e vagabond, c'est Julius. Et tous les jours, c'est le même rituel : il consulte la rubrique nécrologique pour s'assurer que Victor, l'homme qui lui a volé sa vie et sa situation, n'est pas mort. Alors qu'il erre dans une ruelle, il surprend une étrange conversation et apprend que Victor va mourir : on va l'assassiner ! Hébété, il court dans la nuit, jusqu'à l'épuisement. On venait de lui enlever sa dernière raison de vivre : la vengeance…
Tout au long de l'album se déroulent deux histoires : la préparation de l'assassinat d'une part et la réaction de Julius d'autre part. Mais elles ne sont pas clairement distinctes. Non, au fil des pages, elles s'entremêlent constamment et les personnages ne cessent de se croiser, parfois sans se reconnaître. Carlos Jorge est avare de mots et ce sont avant tout les regards, les attitudes, les silences qui nous révèlent les personnalités des différents protagonistes. Par trop caricaturaux à certains moments, ils parviennent toutefois à nous captiver, tant par leurs qualités que par leurs défauts.
Ce récit au rythme fort lent repose entièrement sur l'ambiance qui émane de la ville et des personnages souvent dépassés par leur propre histoire. Cette ambiance particulière, nous la devons à Jorge Gonzalez qui, dans un style qui rappelle (trop?) le travail du grand Lorenzo Mattotti, alterne avec un égal bonheur des atmosphères sombres et des couleurs vives très élégantes. Le contraste ainsi créé est idéal pour dépeindre l'opposition entre les différents personnages, entre richesse et pauvreté. Mais parfois, les couleurs se mêlent et apportent une lueur d'espoir dans la vie du vagabond. Là où il réalise une vraie prouesse, c'est au niveau des regards, véritables reflets des sentiments éprouvés par les personnages. Son style sert merveilleusement le rythme du récit : aucune scène d'action, aucun mouvement, les différentes cases, souvent muettes et représentant parfois de simples abstractions, invitent le lecteur à prendre son temps, à se laisser imprégner de cette ville, à contempler l'âme des acteurs de ce drame haut en couleurs.
Au final, cet album est une vraie réussite bien qu'il soit un peu court. On regrettera simplement le manque d'originalité de certaines situations. Une belle entrée en matière pour la nouvelle collection "urbaine" des jeunes éditions Caravelle. En espérant qu'ils poursuivent sur cette voie et nous offrent d'autres récits intimistes de qualité.
Je suis franchement passé à côté de cette histoire de vengeance d'un vagabond qui a tout perdu à savoir sa femme et sa situation professionnelle. Ce dernier ne souhaite pas qu'on lui vole sa vengeance contre l'homme responsable de cette débâcle. Cela le ronge depuis 30 ans qu'il erre dans les rues. Voilà pour le concept !
Pour le reste, on assiste à un spectacle de couleurs des plus affligeants qui est sensé mettre en exergue les corps ou procurer une certaine chaleur d'un scénario pourtant très froid. Le graphisme m'a fortement déplu ce qui ne m'a pas vraiment permis de saisir toute la finesse de ce récit qui m'est alors apparu totalement obscur. L'envie n'était pas présente car rien n'était offert aux lecteurs pour le permettre.
Je n'ai pas ressenti la moindre émotion pour les personnages et notamment pour ce miséreux vagabond alors que très souvent, il ne me faut pas grand chose. C'est dire !
Je suis mitige sur cette BD . Si le scenario , l'histoire et le cheminement sont vraiment de haute classe ( on est ravi du developpement ) , je suis moins fou du dessin et des couleurs qui sont tres surprenants et des fois tres difficiles à comprendre mais pas ininteressants , je suis pas fan mais j'invite à lire quand meme .
Vagabondage exquis…
Un vent hispanique souffle sur le monde de la bande dessinée depuis quelques
temps et il n’est point désagréable… Sont-ce les héritiers de Breccia, Munoz,
Pellejo ou Palacios ? Pas encore, mais la rigueur du dessin est là, la qualité
graphique indéniable et leur manière de raconter totalement latine bousculent les
codes de la bande dessinée franco-belge. Les auteurs se sont inspirés de Picasso
(scène d’amour) et de Mattotti — un autre grand du 9e art ! L’histoire est fluide,
le drame se profile assez rapidement mais le tout ne se met en place qu’au
dernier moment pour finir tragiquement. Il faut lire cet album car en dire plus
c’est lever le voile sur une intrigue finement construite, où chaque chose est à sa
place. Un récit qui ne laissera pas indifférent les amateurs du genre.