"Il faut que vous sachiez que, voyant que ce monde est le plus beau pays du monde, je fus pris un beau jour d'une terrible envie de vouloir y demeurer pour toujours, ou en tout cas d'être parmi les derniers à le quitter."
C'est par ces mots que se clôturait le premier tome. C'est par ses mots qu'Angelo Beolco, poète de génie, scella son propre sort: revenir d'entre les morts pour faire partie de la "Fraternal Compagnia" et devenir lui aussi un fervent gardien du culte de Dionysos, dieu de la nature et du théâtre.
À l'instar d'un Dufaux ou d'un Corbeyran, Thomas Mosdi passe allégrement de l'Heroic Fantasy au récit de science-fiction, du policier fantastique au récit historique. Avec Les Passants du Clair de Lune, c'est le surnaturel qui est à l'honneur, collection Loge noire oblige. Le surnaturel qui est le véritable moteur de l'Histoire.
C'est Paris qui sert de cadre à ce deuxième tome, les membres de la Compagnie ayant dû fuir Venise après avoir décimé le puissant Conseil des Dix. La véritable fonction (et surtout le véritable pouvoir) de ces comédiens, qui ont une véritable emprise sur le monde réel, reste assez flou et ce mystère contribue au charme de cet album qui ne livre que peu d'informations. Finalement, on ne sait trop que penser de ces personnages dont les desseins restent obscurs. Sont-ils les apôtres du Bien ou du Mal? C'est ce que nous devrions découvrir par la suite. Il y a toutefois un danger à miser avant tout sur le mystère pour rendre un récit passionnant: celui de décevoir quand viendra le moment des révélations. Mais faisons confiance à Mosdi pour finir son histoire en beauté, lui qui a su apporter une très belle fin à une Graine de folie qui semblait bien mal embarquée.
Autre point fort de cette série: son ambiance exceptionnelle. Les discours tenus par les personnages confèrent une certaine théâtralité au récit, s'accordant avec leur métier d'acteur. Illustrant magnifiquement un Paris à la fois brumeux et enivrant et des personnages aux traits fins et élégants, le dessin de Paturaud abonde dans le même sens. Il nous offre une atmosphère haute en couleurs qui s'inspire volontiers de la Comedia del Arte.
Ici, tout le monde joue, tout le monde porte un masque…
Jusqu'à ce que le souffle du destin ne le fasse tomber…
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