24 vous connaissez ? Haletant, les yeux rivés sur le chrono, le spectateur lambda attend les révélations en cascade la bave aux lèvres. Ah oui, mais non, rien à voir. Là je parle d’un 24h bien de chez nous, avec nos héros à nous et la salive, pour le coup, il valait mieux la garder sous peine de gerçures. Oui, il avait neigé la veille et 26 auteurs sous l’autorité – naturelle – du Président Trondheim ont relevé un défi avant l’ouverture du 34ème festival d’Angoulême : réaliser une couverture, vingt-deux pages et une quatrième de couverture en 24h. Le thème, la contrainte : une boule de neige comme point de départ et comme point d’arrivée. La performance a été relayée en temps réel sur le net, les planches étant mises en ligne au fur et à mesure sous les yeux de 32.000 internautes aux aguets.
Ah la belle initiative ! Ah les beaux souvenirs ! Un petit paquet de mois plus tard, Lewis Trondheim propose chez Delcourt, dans la collection Shampooing qu’il dirige, un recueil reprenant les créations de neuf participants. Pour quoi ? Le plus grand plaisir bien sûr. Lequel ? Le sien, le leur. Le nôtre ?
Voilà, on pourrait probablement s’arrêter là, sans aller beaucoup plus loin que la paraphrase de l’avant-propos signé par Mister ex-President qui précède. Oui, qu’ajouter ? Quelques banalités ? Chiche ! Allons-y, c’est à la carte, chacun picore selon son appétit : C’est avec plaisir qu’on retrouve les auteurs qu’on aime et dont on ne rechigne pas à collectionner la moindre production. Ne boudons pas notre joie de découvrir le "fauve" proposé par le maître de cérémonie, cousin de Diablotus et du marsupial du Pays des trois sourires (les deux albums à l’Association), qui éclabousse, si besoin était, ses quelques planches de son talent en rendant une copie d'une élégance et d'une précision remarquables. Boulet confirme qu’il dessine vachement bien les mecs qui pètent un plomb et qui courent les bras en l’air. Lisa Mandel a un sens du dialogue impeccable. Il y a des auteurs qu'on connait et d'autres pas, ou pas bien. Dans certains récits, la boule de neige apparaît vraiment comme un prétexte. Certains sont comiques, allégoriques, poétiques, parfois à la limite du compréhensible (si toutefois tel est leur objectif). Sans compter que j'aurais bien fait une place à la création de Christophe Bataillon.
Et voilà, le compte de banalités est bon. L’inclassable est à ce prix.
Alors on l’achète cet album, osez-vous demander après cette kyrielle d’arguments en béton ? Bien sûr qu’on l’achète, « le livre est agréé par l’Ouvroir de Bande Dessinée Potentielle Canal Historique » (on goutera la précision finale–clin d’œil sans savoir si elle s’impose). On l’achète même si tout a été publié sur internet ? Bien sûr qu’on l’achète, « parce que internet c’est très bien, mais les livres, c’est très mieux ». Il fait tout on vous dit le Président qui nous a mitonné des animations, des conférences, des expos aux p’tits oignons pour Angoulême 2007, même les conclusions d'articles. Au type qui écrit sur internet, il ne lui reste plus que la paraphrase et les banalités…
Le site pour tout voir mais n'oubliez pas « que internet c’est très bien, mais les livres, c’est très mieux » : www.24hdelabandedessinée.com
L'album de l'année ?
Oh non, loin de là, concept marrant, mais résultat très décevant.
Dessins ratés, histoires inexistantes...
J'ai rien de plus à dire.