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natole Le Braz, conteur de son état, se rend à Ouessant pour découvrir pourquoi les Morvarc'h, une des familles les plus nombreuses de l'île, subissent une malédiction de génération en génération. On y raconte qu'il y a bien longtemps, un îlien pêcha une sirène dans ses filets et qu'elle fit de lui le roi de la mer, tant les vagues lui apportaient de poissons ou d'épaves remplies de trésors. Mais les sœurs de la belle femme-poisson se vengèrent et depuis, les descendants de ce pêcheur semblent subir les conséquences de cette sombre histoire, celle du Sang de la Sirène.
Adaptation d'une nouvelle de l'écrivain Anatole Le Braz, le Sang de la Sirène fait partie des nombreuses chansons, contes et légendes qu'il a puisé, tout au long de sa vie, dans la tradition populaire bretonne. Le scénariste François Debois a choisi cet aspect de la vie de l'auteur pour illustrer cette histoire en l'installant comme narrateur et protagoniste principal. L'intérêt est bien évidemment la continuité et la fluidité du récit, mais le revers est que l'attention se focalise plus sur son expérience vécue sur le terrain que sur la légende décrite. L'aspect fantastique passe au second plan pour laisser la place à une coutume propre à l'île : la « proella » qui consiste à enfermer dans un reliquaire une croix de cire représentant le noyé dont le corps n'a pas été retrouvé. Les nombreux dialogues et monologues (pas forcément évidents à déchiffrer) ont tendance à diluer le propos. La tension et l'émotion, sensées atteindre un point culminant avec la veillée funèbre, ne jouent donc pas leur rôle.
Le dessinateur Sandro Massin, qui a également participé aux Contes du Korrigan, dépeint Ouessant avec une certaine justesse. Il a su adopter le style adéquat pour adapter cette nouvelle, faisant la part belle à ces paysages magiques. A noter quelques cadrages audacieux, notamment l'arrivée du bateau à Molène vue du ciel ou encore une superbe planche de la mer assaillant les côtes de l'île. Le moins que l'on puisse dire est qu'il a su rendre un juste hommage à ce petit bout de terre perdu au large du Finistère.
En souhaitant être le plus fidèle possible à l'œuvre originelle, Debois s'est embarqué dans un récit qui s'étire et peine à passionner, l'attention étant trop focalisée sur son personnage principal. Il reste au final l'histoire, certes triste mais banale, de la disparition d'un pêcheur en mer, chose courante à cette époque.
J'étais passé complètement à côté de ce titre à l'époque en passant l'avoir lu. Il faut dire qu'il y a eu beaucoup de bd sur les sirènes et que ce titre rappelle celui d'autres séries comme Le Sang des Porphyre, Le Sang de la vigne, Le Sang des automates, Le Sang du Dragon etc (car cela ne manque pas)... Bref, il y a comme un effet de déjà vu!
Pour autant, la couverture fait très moderne avec un effet petite sirène de Copenhague. Par contre, l'intérieur de l'album est plutôt vieille France avec ce dessin et surtout cette écriture qui casse les yeux et les oreilles. C'est lourd et pompeux à la fois. Certes, c'est tiré d'une vieille adaptation de l'oeuvre d'Anatole Le Braz. Cela a été un peu désagréable à suivre avec tout ce folklore breton qui fait dans le cliché.
Ayant trouvé cet album en occasion, je me suis laissé tenter par cette légende bretonne.
Globalement, le dessin est correct et donne l'ambiance adéquate aux différentes scènes. Au niveau graphique, je rejoins la chronique du site mentionnant la difficulté à lire certains en-têtes "manuscrits".
Niveau scénario, la lecture est aisée et plaisante (je ne peux cependant pas juger la fidélité à l'œuvre originale).
Un album qui devrait plaire aux amoureux de la Bretagne et/ou aux fans de BD au goût salé :).
Pour qui aime la mer, la bretagne, les contes et légendes, les cieux tourmentés, le beau verbe et les dessins somptueux, ne passez pas à coté de ce petit bijou. Encore une réussite de cette mise en image des écrits d'anatole le braz. Les dessins sont réellement superbes (quels cieux d'orage mes aieux). C'est beau, mélancolique. Bref je suis conquis une fois de plus après les gardiens du feu. Sandro associé à lacroix c'est vraiment top.