D
ans le futur, la cité forteresse de Christopolis fait office de dernier refuge pour ces hommes qui tentent de survivre en chantant des cantiques et en ingurgitant des hosties croustillantes aromatisées au bacon. Au-delà des murailles de ce havre de croyance, s’étend un monde hostile et barbare. Afin de récupérer les quelques âmes qu’il reste à sauver en dehors de ces murs protecteurs, des missionnaires sont envoyés au milieu du chaos pour y répandre la parole de Dieu.
Vade retro dessin impie et colorisation illicite, s’écrieront les fidèles d’une conviction plus traditionnelle. Alléluia hurleront les brebis égarées, gambadant de préférence en dehors des sentiers battus et n’hésitant jamais à croquer les pommes scintillantes qui se présentent à eux. Peu importe finalement affirmera le chroniqueur car, l’homme ayant déjà maintes fois prouvé sa capacité à s’adapter à tous genres d’environnements hostiles, le lecteur persévérant finira finalement par prendre goût au fruit défendu et par se sentir chez lui au sein de cette ambiance post-apocalyptique. Bienvenue en enfer !
Si le dessin avare en détails pour ce qui concerne les visages, à la colorisation assez brute et au trait dynamique de Mako rebutera certainement de nombreux lecteurs, il colle cependant plutôt bien au scénario et permet assurément au jeune dessinateur de sortir du lot pour son premier album. Wilfrid Lupano (Alim le tanneur, L’ivresse des fantômes et Célestin gobe-la-lune chez Delcourt) livre un scénario légèrement trop confus, à l’image de ce monde futuriste à l’agonie qu’il pose sans véritable introduction. Cependant, tout comme James Dieu ou Preacher, le récit va utiliser la religion comme source d’inspiration afin de livrer une satire efficace au sein d’un univers totalement décalé. Sur fond de violence et d’humour, les deux protagonistes principaux, le Père Bruno et son compagnon au nom prédestiné (Angel), œuvrent pour faire reculer les ténèbres en essayant d’éduquer cette communauté de profanes. Armé de bien plus que sa foi, le duo amusant n’hésite pas à emballer la parole divine dans une avalanche d’insultes ou à envoyer les mécréants les plus coriaces directement ad patres.
Ce premier tome à la narration efficace et prolongeant le délire jusque sur la page de garde aura pour mission de trouver suffisamment de fidèles disposés à venir communier le temps des trois tomes que devrait compter la série.
Découvrez également :
La chronique du tome 1 d’Alim le tanneur
La chronique du tome 2 d’Alim le tanneur
La chronique de Célestin Gobe-la-Lune
La chronique de L’Ivresse des fantômes
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