L
a 2ème guerre mondiale atteint son point d'orgue. La puissance nazie est à son apogée, mais les Alliés connaissent leurs premiers succès à Stalingrad et dans le Pacifique. L'issue de la guerre n'a jamais été aussi incertaine. Au milieu de ce chaos, plusieurs destins vont se croiser et converger vers la même cible, le véritable enjeu de cette guerre : Ana Anslea, une fillette roumaine.
Peu importe la catégorie choisie pour classer Je suis légion : fantastique, horreur, suspens, que sais-je encore … C'est tout à la fois. Fondée sur une intrigue fort bien construite, dont on entrevoit les premières ramifications à la fin de ce premier album (non je ne dévoilerai rien), la série joue sur un crescendo régulier capable de vous transformer en frémissement perpétuel. Tout y est présent : les manipulations dans les sombres sphères des services d'espionnage et de contre-espionnage, un pouvoir inquiétant aux mains d'une jeune fille innocente, une équipe d'enquêteurs reformée pour l'occasion et des résistants prêts à tout, le tout savamment orchestré.
Fabien Nury, déjà co-scénariste sur la série WEST, nous livre ici une machination de l'horreur s'appuyant sur l'existence des expérimentations nazies pendant la 2nde guerre mondiale. Le socle est donc solide, ce qui permet de rendre crédible l'intrigue et de renforcer le sentiment de peur que l'on peut ressentir (avec un brin d'imagination et d'ambiance pour accompagner la lecture). Un mode de narration très proche de ceux utilisés dans les bons films à suspens et l'évolution en simultané des différents protagonistes sont autant d'éléments qui nous poussent en avant continuellement et nous font espérer une suite rapidement.
Seul regret, le dessin non abouti qui n'arrive pas à maintenir la pression. Des visages statiques (bouches closes et visages impassibles pendant les phases de dialogues), des déficiences de décors lors des gros plans, et des incrustations de photos en arrière plan qui dénotent par rapport au style graphique sans rien apporter. Tout ceci créé un récit haché visuellement, entre les scènes "figées" et les scènes plus actives, qui ne facilite pas les transitions déjà rendues délicates par un découpage hasardeux. Le mariage Europe (scénario)/USA (dessin) n'est pas encore complètement consommé.
Vivement conseillé si vous aimez frémir en lisant une BD.
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