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oulant s’isoler pour mettre de l’ordre dans ses sentiments, Hatsumi Naruta s’est réfugiée en haut de son immeuble, mais elle y a rencontré Ryôki, son petit ami exclusif et jaloux, après avoir quitté Shinogu, son frère adoptif amoureux d’elle. Lequel des deux la jeune fille aime-t-elle vraiment et désire-t-elle suivre ? La tempête malmène son cœur et les attentes de ses proches n’arrangent rien. Alors cédera-t-elle à ce que certains pensent être la voie de la sagesse ou écoutera-t-elle simplement son cœur ?
Le dernier et douzième tome de Hot Gimmick apporte la réponse à cette question, un choix attendu et, a posteriori, inévitable. Ne sommes-nous pas dans une comédie sentimentale ? Tout au long de la série, le talent de Miki Aihara a été de construire un scénario riche en rebondissements, bien rythmé et soutenu par une bonne dose d’humour qui ne s’est jamais démentie. Depuis le début en effet, lorsqu’Hatsumi, surprise un test de grossesse à la main – pour sa sœur et non pour elle –, devient l’esclave de Ryôki puis son apprentie petite amie, chaque nouvel événement sert de révélateur quant aux sentiments et aux secrets que les protagonistes entretiennent. Ils permettent également de faire prendre conscience à chacun de ce qu’il ressent et de la place qui est la sienne, en particulier pour le couple, en apparence mal assorti, que forment Hatsumi et Ryôki. Les retournements de situation se transforment en flammèches comiques dans le volume 12 : le choix est déjà fait et les manœuvres d’Azusa, l’ami d’enfance, ne visent qu’à effrayer gentiment l’héroïne et à faire bisquer l’élu de son cœur. Plus ou moins amusants, ils n’apportent pas grand-chose si ce n’est un zeste de légèreté supplémentaire.
Un autre atout de ce manga est son ancrage dans une réalité sociale japonaise bien décrite par l’auteure. L’histoire se déroule dans un « shataku », une résidence habitée par les employés d’une même société et leurs familles, et souligne, à travers la tyrannie qu’y exerce Mme Tachibana, la mère de Ryôki, les difficultés liées à une pareille promiscuité et dont les Narita font les frais. Les liens hiérarchiques sont également mis en avant, avec leurs effets et conséquences : le père de Hatsumi endosse ainsi la paternité de son supérieur pour couvrir l’infidélité de celui-ci. Et si ces situations trouvent leur dénouement pour les intéressés, l’épilogue montre cependant que le système perdure par ailleurs. L’ensemble est porté par le trait simple et léger de Miki Aihara qui sort des habituels stéréotypes du shojo. Parfois un peu flouté et inégal au niveau des visages en raison de proportions et perspectives mal rendues, le dessin a un cachet particulier et facilement reconnaissable qui donne du caractère aux personnages. Les recours à la caricature sont nombreux et la mangaka y révèle un talent certain. Quelques décors sont faits à partir de photos retravaillées.
Le tome 12 de Hot Gimmick clôt l’intrigue de façon satisfaisante et ne dément pas la qualité de toute la série. Pour quitter en douceur cette joyeuse compagnie, une première histoire bonus suit l’évolution de la relation entre Akane, la sœur de Hatsumi, et son otaku de petit ami, Subaru. Et une seconde propose une romance légère un peu trop irréaliste pour plaire.
"Hot Gimmick' s'achève bien évidemment par une Hatsumi qui fait enfin son choix définitif. Un choix sans surprise, à l'image de ce dernier tome qui ne fait que suivre tranquillement les rails posés par les tomes précédents. Il est même surprenant de voir à quel point cette fin est sage, presque trop facile, et parfois injuste avec certains personnages, comme Shinogu. En tous les cas, difficile de conseiller "Hot Gimmick", une série sentimentale qui commence de façon catastrophique avant de remonter la pente et de parvenir parfois à de la vraie qualité sur la fin. Mais c'est malheureusement insuffisant pour sauver une série qui se veut romantique, mais qui se révèle incroyablement froide et manquant singulièrement de chaleur. La faute à une héroïne assez consternante dans sa passivité et sa naïveté, et des soupirants le plus souvent détestables (Ryoki et Azusa sont tout simplement insupportables). Sans parler de l'environnement des plus malsains qui règne dans le lotissement où vivent les protagonistes, véritable royaume de fausseté et d'hypocrisie. Une série qui ne marquera absolument pas le genre.