L
a rentrée universitaire a sonné pour les élèves de première année du Freese College. Par manque de place dans les dortoirs principaux, quatorze d’entre eux sont temporairement relogés dans le centre scientifique de la faculté. Suite à l’explosion d’une mystérieuse machine, l'Ax-Cell-Erateur, ils se retrouvent affublés de superpouvoirs liés à leurs dernières pensées au moment de l’incident de laboratoire. Munis de facultés d’un intérêt discutable, ils décident de former une nouvelle équipe de super-héros : les Freshmen !
Suite à la parution interrompue après trois numéros dans la revue Top Comics, cet album de la collection Contrebande de Delcourt regroupe finalement les six épisodes de la première minisérie des Freshmen. A travers le personnage d’Annalee, les scénaristes Hugh Sterbakov et Seth Green (le loup-garou Oz dans Buffy contre les vampires) présentent des personnages manichéennement drôles qui se retrouvent dans une situation de bizuth assez pénible, mais correspondant aux traditions américaines pittoresques. Une mise en place conventionnelle et une multitude de personnages attachants facilitent l’identification et permettent aux auteurs une légère critique de l'American way of life des ados et de l’utilité du bizutage.
En attribuant des facultés insolites et souvent absurdes à ses protagonistes, le récit joue clairement sur l’autodérision de l’univers des super-héros. Le recyclage de la coupe de cheveux de Wolverine, l’utilisation du Bat-signal par un castor et la réplique culte de Spider-Man («De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités») reprise par un looser sans pouvoirs ne sont que quelques exemples de l’approche originale de ce comics. Malheureusement, cette introduction ne s'attarde pas suffisamment sur la manière dont les étudiants découvrent leurs capacités hors normes et le tout manque parfois de finesse.
Au fil des pages et suite à un incident tragique lors de débuts maladroits face au crime, l’idéalisme des jeunes héros est freiné en même temps que le côté burlesque de l’histoire. Cette seconde partie plus sérieuse et plus sombre alterne action, humour et drame et tranche fortement avec le postulat amusant de départ, tout en s’autorisant plus de profondeur : cette psychanalyse de Paula par Annalee qui accentue le malaise grandissant de ces adolescents en est un bon exemple. Le dessin légèrement cartoonesque de Leonard Kirk sert d’ailleurs mieux le début de cette saga, tout en conservant une grande lisibilité sur l’ensemble.
Démarrant comme une production non-conventionnelle et drôle, Opération bizutage semble cependant vite retomber dans les sentiers battus des comics de super-héros.
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