A
ya Kisaragi est conseillère culinaire pour le compte de la société Food project. Sa spécialité ? Redresser la situation de restaurants qui battent de l’aile. Malgré son indiscutable jeunesse, ses compétences dans ce domaine sont unanimement reconnues. Dans ce tome 1, trois clients font appel successivement à ses services pour se sortir de situations problématiques. Derrière ces déboires professionnels se cachent toujours des drames personnels.
Arrêtez de faire la grimace ou au moins gommez ce sourire narquois de votre visage après la lecture du titre de cette nouvelle série. Ici pas question d’un coach du type de Jean-Pierre Coffe dans Panique en cuisine aperçu un temps sur M6 (ça, c’est de la référence !), Aya a plutôt le profil du Dr House, l’homme qu’on aime détester de prime abord en ce moment sur le petit écran. Comme lui, elle est intransigeante, d’une intelligence et d’une intuition rares, bosseuse et sûre d’elle à un point qui frôle l’insolence. Derrière une allure stricte (cheveux tirés, queue de cheval, tailleur pantalon de rigueur), elle se révèle pourtant attentive et soucieuse du sort de ses congénères. Une rigidité de façade en quelque sorte qui doit l’aider à asseoir son autorité et imposer le respect quand on est une jeune femme évoluant dans un univers peuplé d’hommes. Et elle leur tient la dragée haute à ces chefs capricieux et plutôt imbus de leur personne, au point même d’inspirer une certaine crainte. Ce qui ne l’empêche pas de sourire de temps à autres. Ippei Kawaï, collègue novice qu’on attache à ses basques, tombe immédiatement sous le charme de cette experte incollable en matière de saveurs et de préparations culinaires. Il sera le garant de la touche d'humour classique qui vient aérer la tonalité d'ensemble.
Le discours ne se limite pas à faire la lumière sur des secrets de fourneaux malgré la présence de quelques fiches recettes insérées entre les chapitres (à ce propos le choix de plat occidentaux adapté au goût japonais surprend, surtout qu’on ne peut pas dire qu’il s’agisse pour le moment de monuments de la gastronomie). Il réserve une part importante aux relations humaines, aux rapports conflictuels qu’entretiennent certains personnages, plus ou moins fragilisés par des accidents de la vie. Tout finit toujours par s’arranger même si tout le monde n’en sort pas indemne. La corde sensible est visée, à chacun de la laisser vibrer ou non, à l’intensité qu’il jugera bon.
Glénat avait récemment offert de suivre les aventures de Joe Satake le sommelier, Bamboo prouve à son tour s’il en était besoin que les mangakas abordent les sujets les plus divers. Moins technique et raffiné que son compère œnologue, Aya propose un volume - sur un total de cinq - qui se mange sans faim. Si on ne se lèvera pas la nuit pour en reprendre, il est fort probable qu’on revienne régulièrement en croquer une bouchée de temps en temps, comme c’est le cas pour des produits de consommation courante. Un positionnement sur le marché que certains mangas affichent sans ambiguïté ni prétentions exagérées et qu’on aurait tort de leur reprocher. Surtout lorsqu’ils sont plaisants comme celui-ci.
Aya est une conseillère culinaire. Il parait que cela existe. La présentation de son personnage n’est pas parue aussi sympathique que cela d’un premier abord. Elle déjeune dans un restaurant où il faut manger en silence et se permet de faire des commentaires assez désobligeants sur la qualité de ce qui est servi. Le restaurateur va vite prendre la mouche. Elle ne sera pas en reste en lui promettant de faire fermer son établissement. Bref, elle ne fera pas dans la dentelle à la manière du chef Philippe Etchebest de Cauchemar en cuisine qui veut venir en aide aux restaurants en détresse. A la fin, on l'aimera bien !
Encore une fois, on mélange récit et gastronomie japonaise. Cela va plus loin car Aya semble doué, de pouvoir gustatif assez élevé à la manière de notre héros du manga Les Gouttes de Dieu. On retrouve un peu de cela dans Aya. Pour le reste, ce sont des petites histoires qui ont toutes leurs bonnes morales. Il y a également le personnage comique et tous les autres stéréotypes imaginables. On ne s’ennuie pas à la lecture et c’est bien l’essentiel avec un dessin soigné en prime. Le divertissement est assuré tout en nous faisant un peu plus connaître la gastronomie japonaise. Oui, il y a bien la présence d’une recette de cuisine entre chaque histoire.