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Berserk 18. Tome 18

26/03/2007 14345 visiteurs 8.0/10 (3 notes)

R ien ne va plus au royaume de Midland ni dans les pays voisins. Tandis qu’une ombre noire s’étend sur le monde, famines, pillages et épidémies ravagent les villages. Les rescapés s’entassent au pied de la Tour des Châtiments d’où l’Inquisiteur Mozguz organise la chasse aux sorcières, aidé par dame Farnèse, chef de la Troupe des Chaînes d’Acier Sacrées. Haine et peur tenaillent les réfugiés le jour tandis que la plupart s’adonnent à la luxure et au culte diabolique la nuit. La désolation et la mort qui planent dans le camp réveillent les monstres qui se focalisent sur leur proie : Casca, marquée comme étant une offrande. Loin de là, occupé à débusquer les God Hand et leurs apôtres, Guts apprend la disparition de la jeune femme du lieu où il l'avait laissée ; il accourt donc pour la sauver.

Berserk est une véritable épopée médiévale fantastique, un seinen sanglant aux accents dantesques qui, au dix-huitième tome, ne perd rien de sa qualité ni de son élan. Nageant dans une atmosphère de folie et de mort, ce manga emmène le lecteur à la limite de l’effroi et de la fascination. En effet, il est extrêmement crû et souvent gore, rien n’étant épargné dans les scènes de souffrances, de combats et d’étripage. Par ailleurs, basé sur une histoire de vengeance comme quête principale, Berserk explore la lutte du mal contre le mal, avec son cortège d’exacerbation des sentiments négatifs, d’intensification de la part sombre de chaque être et de la détresse portée à son paroxysme. L’impressionnante galerie des personnages, loin de rebuter ou de désorienter, possède de nombreux atouts, à commencer par la dimension tant épique que charismatique du héros, Guts, mais aussi par la richesse des caractères et des personnalités des protagonistes.

Chaque volet de la série ne manque pas d’aborder un ou plusieurs thèmes qui retiennent l’attention. Dans ce tome 18, principalement axé sur ce qu’il advient de Casca, Kentaro Miura explore en particulier le fanatisme religieux qui conduit à tous les excès. Les mortifications de l’inquisiteur Mozguz en sont un exemple, son discours d’illuminé un autre. La scène de lapidation, les bûchers allumés pour brûler les hérétiques, l’aperçu rapide mais saisissant des tortures infligées dans les geôles forment d’autres exactions. Les réactions des intervenants transpirent la lâcheté et l’effroi pour les villageois, l’adhésion totale empreinte d’une certaine perversion pour dame Farnèse ou encore l’aversion teintée de scepticisme pour un Serpico. Contrebalançant ces débordements de la religion, l’auteur introduit une cérémonie païenne, diabolique, tout aussi démesurée, véritable bacchanale faite de drogue et de sexe. On retrouve là l’imaginaire médiéval dans toute sa splendeur.

Angoisse, terreur, urgence transpercent les pages de ce volume au rythme assez soutenu. Elles transparaissent dans le dessin très détaillé de Miura qui ne laisse rien au hasard. Regards acculés ou fiévreux, corps décomposés, décharnés, blessés ou souffrants, sont représentés franchement et intensément, ce qui peut provoquer parfois un certain malaise. De même, l'auteur a si bien détaillé les instruments utilisés pour torturer qu'on sent immédiatement l’ample travail de recherche et d’observation qui accompagne les quelques planches montrant chevalet, gril, garrot et roue pour les supplices.

Berserk est un manga d’une grande noirceur dont la qualité narrative et graphique ne se dément pas un instant au fil des tomes. Un monument dans son genre, mais attention : âmes sensibles s’abstenir !

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
8.0

Informations sur l'album

Berserk
18. Tome 18

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Note: 4.0/5 (44 votes)

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L'avis des visiteurs

    Christophe C. Le 12/05/2007 à 18:13:29

    Encore un très bon volume centré sur le monde dans lequel Guts évolue et qui a beaucoup changé depuis la grande époque de la troupe du Faucon. On a surtout les agissement de la nouvelle religion qui s'est imposé et joue un rôle dominant dans la vie de l'empire. Cependant en fait de religion charitable c'est plutôt une religion démoniaque au vue des agissements de ses représentants qui ont tous les pouvoirs et contre qui personne ne semble vouloir s'opposer les gens ayant trop peur d'être exécutés pour se rebeller. Tout est très bien présenté et développé pour amener à une prochaine recontre entre Guts et les représentants de cette religion. Attention ça va saigner... encore plus

    zanzibar Le 16/03/2007 à 16:29:43

    -
    Berserk T18
    Kentaro Miura

    Quand je pense que lorsque j’ai débuté cette série, j’étais ultra sceptique ( pour ne pas dire autre chose !), mais à chaque nouveau tome je suis surpris et étonné par la sensibilité, et la puissance folle de ce titre. Replongeons dans le bain, après un tome 17 exceptionnel, qu’est-ce que l’auteur pouvait me sortir pour que je continue, sans crainte mais avec une once tout de meme, les aventures de Guts et de Casca.

    Mais avant un petit rappel s’impose ( à mes yeux !) qui voyait sa concrétisation lors de la fin du tome 17, je veux bien sur parler de l’altercation entre les anciens et la jeune Farnèse, ou dans une civilisation ou les plus agés sont enchainés à leur relique, leur materialisme, et leur dogmatisme absolus délaissant les jeunes qui ont, eux, le sentiment d’etre des épouvantails ambulants, il n’est pas rare de voir un jeune ( ou une jeune !) refuser les carcans établis.

    Lors de ma chronique du tome précédent, J’avais parlé du sentiment d’appartenance qui caractérisait Guts. La rencontre avec le jeune Isidro va dans ce sens, je veux dire que dans peu ( difficile à dire car l’auteur n’a pas l’air pressé !) de temps Guts créera un groupe et/ou une famille. Ce qui ira à l’encontre du « loup solitaire », parfois d’une grande réussite ( les titres de Sergio Léone !) et d’autres fois d’un ratage complet, et de son romantisme mollasson qui va avec. La grande question est : « Qui composera ce groupe ? ». Après l’interaction avec le vieux forgeron, une autre interaction fait son apparition celle du cavalier squelette. Il était déjà apparu devant Guts lorsqu’il était au plus bas, par là-meme il servait d’empreinte, mais plus étrange encore il lui fournissait les armes psychiques et matérielles. Cette fois-ci Guts interagira seul avec la nouvelle occultation, ce sont les questions du recul, du zen, de la méditation, en somme de la passivité qui en prennent un coup. Il est certain que ce n’est pas dans une mise à l’écart, dans une position de la tortue, ou de se recroqueviller comme un ver de terre qui résoudra notre possibilité d’interaction. Et surtout, on se rend compte que c’est un pied dans la mort qu’il découvre le sens de sa vie.( il serait interessant de parler de ceux qui, de nos jours, créent leur propre drame pour (re)découvrir le sens de leur vie !)

    Faire balader Casca permet à l’auteur de nous faire découvrir « tout un monde » au pied de la tour des chatiments. Cette jeune femme représentant un doute dans toutes les convictions de meurtre de notre héros. Il est interessant de remarquer que l’auteur ne s’attarde aucunement sur le manque de vivre qui sévit tout en étant une composante importante de la situation alors que les réfugiés affluent de plus en plus, mais plutot sur les rituels archaiques. Le jeune Joachim les découvrira à ses dépends.
    Luka, quand à elle , a mis en place une structure d’entraide entre filles de joie, et un système équitable des récompenses. A contrario, le grotesque Mozguz tenant des propos d’une bondieuserie creuse, gère sa hiérarchie par la torture et la volonté Divine. C’est lors d’un Dialogue entre l’inquisiteur et Farnèse qui nous permet de voir ou elle veut en venir, souvent conduire les hérétiques vers le bucher, faisant suite à une sollicitation durant sa jeunesse lui permettant de fuir ses souffrances. On s’amuse à scruter les réactions du jeune Serpico, l’auteur en fera surement quelque chose de ce garçon, on remarque qu’il est sceptique devant les propos médiocres de Mozguz et surtout qu’il n’est pas très chaud lorsque l’on brule des dissidents à la foi en vigueur. Bref, c’est un véritable microcosme qui s’offre à nos yeux, mâtiné d’une discrimination silencieuse.

    Là ou l’auteur est brillant, c’est dans la manière d’aborder cet ensemble, de ne pas nous proposer de formules toute faite, de distiller une finesse affective rarement atteinte dans mes lectures. Le titre a un tempo proche du nectar des Dieux, à chaque page il m’impressionne par la désinvolture rigoureuse de son écriture. Les codes utilisés par l’auteur sont évidents mais il ne faut pas les observer en tant que tel, mais bien en tant qu’une multiontogenèse. Un autre auteur exploiterait d’une manière maladroite la puissance jubilatoire d’un tel titre. Une œuvre qui a accomplit le tour de force de me faire apprécier l’Heroic-Fantasy.
    Une brillante perle noire !!
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