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remblez beaufs, surfeurs, bourrelets et moustaches, sachez que vous jouez sur le territoire de Plageman. Ca va chier. Sur les plages et leurs dépendances, il y aura un avant et un après. L’éradicateur est en marche et il est fâché, très fâché. Tout ça c’est bien beau, sauf que l’homme plage – c’est tout de suite plus ridicule en V.F. – n’a rien d’un super-héros si ce n’est le verbe haut et un courage qui relève de l’inconscience. D’où vient-il, qui est-il ? Une thèse très sérieuse propose la version suivante : Les pauvres types de l’espace, vous vous rappelez de l’happy end sous acid... Plageman n’est jamais redescendu.
Tout sauf has been, il porte haut les couleurs du club très fermé des super héros, respectueux des convenances il suit les codes de la profession, son équipement en témoigne, cape/serviette de bain, masque/ballon de volley et moule bite/maillot de bain (sans doute un hommage appuyé à C. Clavier). S’il parvient à bouter hors de ses terres tous ces mécréants, bah oui, l’été prend fin, il va aussi devoir se frotter à la super déprime de la plage déserte le reste de l’année. Heureusement pour l’aider dans son combat, si Batman a Robin, l’auteur lui a conçu du sur mesure : Pennak... Espèce de vagabond en forme de gros sac qui serait susceptible de représenter la France dans un improbable concours de nez rouge, faisant fi en cela de l’emploi du noir et blanc par Bouzard. La fameuse tirade du nez dans Cyrano de Bergerac semble bien légère par rapport au pamphlet qui pourrait évoquer cette excroissance gangrénée. Ce fidèle compagnon, la comparaison avec un animal de compagnie ne semble pas déplacée, a tant à apprendre de son mentor. Seulement voilà, tel Averel, ce dernier se montre plus préoccupé par l’appel du ventre que par son entraînement pour obtenir le sésame qui lui permettrait d’intégrer le saint des saints, le club des super-héros.
C’est par de courtes histoires de longueur variable et dans ce cadre de rêve qu’évoluent nos deux redresseurs de tort. Si les dialogues à base de réparties saignantes et le décalage des situations constituent les qualités principales de cette BD, le dessin, simple, est parfaitement adapté. Ici, pas de corps de rêve, les tares des personnages sont portées à leur paroxysme et la notion de défaut laisse la place à celle de malformation. Les faciès sont bien expressifs, si l’on excepte celui du héros titre dont la seconde peau le rend insondable, trop puissant ce Plageman. Cela ne l’empêche pas de s’exprimer avec les mains grâce à une plastique élastique particulièrement impressionnante lorsqu’il lève un long bras rageur vers le ciel. Plus fort encore, demeure cette propension à s’envoler au rythme effréné des branlées qu’il reçoit... Mais toujours grandi par l’épreuve, il se relève.
Jubilatoire, ce premier tome fut suivi par un second qui, s’il surprit moins, reste de très bonne facture, nos protagonistes renforçant leurs rangs de quelques solides gaillards, dont le tenancier de la paillote locale. Le côté pratique sans aucun doute. Cette série est à classer dans la catégorie humour au rayon des grands crus. Du Bouzard dans ce qu’il a de meilleur, quand plus rien ne le retient.
La meilleure BD d'humour populaire depuis des siècles ? Sans doute, oui, enfin pas loin de ça. Pourtant, la carrière de Bouzard reste discrète et son personnage fétiche, quoique le premier tome ait déjà connu deux éditions épuisées, n'est pas encore classique du point de vue du grand public.
l'histoire : devenu un justicier des plages - pas trés doué -, notre héros devra affronter des ennemis divers (enfants embêtants, vigiles de supermarché) mais devra aussi survivre à la terrible morte saison !
Certains muscles du ventre me font mal quand je me remémore certaines cases de Plageman, tant j'ai ri en les lisant.