Aubes pourpres se terminait sur la mise hors d’état de nuire de l’équarisseur par l’énigmatique monsieur Puckett et ouvrait l’intrigue de Saba : ce tueur en série n’étant qu’un pantin, qui tire les ficelles ? Si la réponse à cette interrogation explosera à mi-parcours, c’est par une quête au trésor, en Afrique noire, sur le terrain de prédilection du « chasseur/guide » John Coleridge, et une course contre la montre que se scellera ce diptyque.
La force principale de ce récit réside dans l’ambiance générale steampunk qui s'illustre à travers le dessin. L’imagination débordante et le sens du détail d’A. Parras en est à l'origine, quand bien même l'effet de surprise dont bénéficiait le premier tome ne joue plus. Le faciès des personnages, notamment les rôles secondaires, est globalement à la limite du difforme, la peau de certains n'étant pas loin d'avoir un aspect momifié. L’ensemble donne une galerie de portraits relativement dans le ton du récit, déjanté. Cela va du conseiller de la reine, au look improbable à la frontière entre un punk dandy et une figure échappée de l’enfer, à Idriss, un africain, compère de John, parachuté à Londres où il officie dans des costumes empruntés à divers folklores, cowboy dans un pub des bas fonds ou mondain quand les circonstances l’exigent.
Néanmoins, cela ne fait pas tout. Si les dialogues sont assez réussis, avec quelques belles réparties qui usent du décalage de certaines situations, le scénario semble par bien des côtés diffus. Perdu au carrefour des multiples directions qu'on l'invite à emprunter, le lecteur risque d’avoir bien du mal à saisir tout ce qui se passe et d’être frustré par ce manque ou ce trop plein. Noyé par les informations, il pourra toujours se raccrocher à l’intrigue principale dont les grandes lignes sont clairement tracées, mais il risque de lâcher prise en cours de lecture, déboussolé. Deux questions peuvent alors se poser : n’aurait-il pas fallu plus développer le problème laissé en suspens à l’issue du tome un ? et ce retour en Afrique ou tout du moins ce qui l’a motivé était-il indispensable ?
Si l’atmosphère de cette BD est réussie graphiquement, et encore, cela relève d’une question de point de vue, elle n’arrive pas à masquer certains défauts de narration. C’est bien dommage, la première partie du Mériden des brumes laissait présager mieux.
Si l'on peut trouver de grandes qualités au premier tome en terme d'originalité, quelques vignettes steampunk sont vraiment superbes et les contrastes entre londres et l'afrique sont magnifiques, force est de constater que ce deuxième tome est un ratage complet.
En effet, réalisé 4 ans après, on sent des les premières pages qu'il a été fait à la va vite par les auteurs, juste pour finir la série qui n'avait pas décollée coté vente.
Coté dessin, PARRAS comme sur ses autres séries s'éssoufflent, il n'y aucune belle planche de tout l'album, c'est fade, baclé, on n'a qu'une envie, finir la BD et ne plus la toucher.
Mais c'est coté scénario que le bat blesse franchement, un salmigondis de complot, de retournement de situation sans queue ni tête, d'élypse mal venue.
Bref on ne reconnait plus qui est qui et qui fait quoi dans cette pseudo enquête encore alourdie par des souvenirs sensés apportés des clés alors qu'il n'y pas de serrure.
La série est finie, ouf, passez votre chemin.
Un album très intéressant mais moins intrigant que le premier.
En règle générale, les scénariste ont, me semble-t-il, toujours du mal avec leurs histoires de conjurations. C'est souvent la montagne accouchant d'une souris. N'en reste pas moins un excellent album tout de même.