T
andis que la ligne de front croule sous les continuelles pluies d'obus, les gradés, bien planqués à l'arrière ne comprennent pas pourquoi les soldats renâclent à l'effort. "Nous avons une guerre à gagner tout de même", déclare le Président. Un de ses généraux a alors l'idée d'envoyer dans les tranchées un candide qui serait à même de peindre l'esprit de la guerre, et c'est au caporal Van Gogh que revient l'honneur de cette mission, ce qui ne l'enchante guère au premier abord, mais c'est ça ou le peloton d'exécution...
De nouveau, Manu Larcenet a décidé de déplacer un personnage célébre de son environnement habituel, vers un autre univers afin qu'il nous livre sa propre version des faits. Alors que Freud aurait pu se rendre au far-west puisqu'il en était contemporain, ici, Van Gogh n'a pas pu voir la Grande Guerre. Peu importe, celui-ci part sur la ligne de front en emmenant avec lui son désespoir personnel. L'auteur met le peintre en situation, et comme à son habitude, les dialogues sont irrésistibles de drôlerie. Jusqu'à un certain point, car au bout d'un moment, l'horreur de la guerre finit par reprendre le dessus.
Alors que dans La légende de Robin des Bois, les personnages secondaires étaient truculents, ici, l'histoire est essentiellement centrée sur Van Gogh et le général Morancet, qui l'accompagne. Les deux inséparables effectueront toute sorte de rencontres au fur et à mesure de leur avancée vers la ligne de front, progression inexorable puisque le président exige d'eux qu'ils aillent plonger au cœur des combats. Van Gogh y fait office de routard sûr de lui, alors que son acolyte est bien obligé de le suivre.
Comme le reflète la couverture, le dessin de Larcenet dans cet album est noir. Comment pourrait-il l'être autrement, vu le milieu qu'il décrit ? On y découvre une description personnelle des horreurs de la guerre et les tableaux de Van Gogh permettent au dessinateur de représenter d'une deuxième façon, sans texte, les scènes de tranchées. Une manière de montrer que la guerre est doublement absurde.
Il ne faut pas s'attendre à rire tout le long de la lecture de cet album, si l'on considère le sujet poignant qu'il traite. Mais Larcenet a réussi à le rendre drôle en grande partie et à en tirer au final, un message d'espoir.
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