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Derniers rappels

08/01/2007 11424 visiteurs 8.2/10 (6 notes)

R ay Beam est une star du rock. Son groupe, Tricks, lui a apporté gloire et célébrité, et la carrière en solo qui a suivi n’a fait que confirmer son talent. Mais il est désormais totalement largué, accro à la drogue, l’argent et au sexe faciles. Il n’a plus goût à rien, n’a composé qu’une chanson valable en 5 ans, et la presse spécialisée radote de vieilles rumeurs sur son compte, à défaut d’exclusivités. Mais Ray Beam va rencontrer une personne qui va tout changer, une jeune femme timide qui s’appelle Lily, et qui risque bien de bouleverser sa vie…

Alex Robinson s’est fait connaître avec son fameux De Mal en Pis, succès critique et commercial inattendu sorti en 2004. Il reprend ici le même principe de structure narrative, mais enrichit sa formule d’une histoire plus puissante et plus typée qu’auparavant. Et après la semi déception de Bonus, il est évident que ce nouveau livre était attendu au tournant.

Conçu comme une spirale, ou un puzzle, Derniers Rappels couvre une période de plusieurs semaines de la vie d’un groupe de personnes que tout sépare. Ray Beam, rock star ayant perdu toute illusion. Lily, sa future muse, une femme tellement normale qu’elle en devient exceptionnelle dans un tel environnement. Caprice, serveuse dans un restaurant, dont les errances sentimentales seront un facteur majeur de l’histoire. D’autres protagonistes apporteront leur pierre à l'édifice : Nick, dont le principal talent est de mentir et de duper les autres ; Richard, dont la vie de couple avec Franck est bouleversée par l’arrivée de sa fille Phoebe, dont il avait occulté l'existence, et qui souhaite aujourd'hui le rencontrer. Et enfin Steve, un névrosé paranoïaque et schizophrène, sujet à des divagations hallucinées sur le sens caché de tout et de rien et passionné infatigable de Ray Beam… La boucle est bouclée. Robinson gère sa galerie de personnages avec une maestria étonnante au vu de l’ampleur du sujet. Car loin de la simple chronique, c'est un véritable thriller caché. En effet, l'auteur joue avec un chapitrage inversé qui symbolise l'accélération des évéments, cela en parallèle avec la folie de plus en plus absolue de Steve. Le paroxysme est atteint lors de la scène finale qui comme dans les classiques du genre, regroupera dans une même pièce l'ensemble des acteurs.

Le graphisme, lui, est au service de l’histoire, rien de plus. Le style de Robinson a finalement peu évolué depuis De mal en pis : il s’est juste posé et a désormais une identité propre. La mise en page fonctionne à merveille, chaque personnage racontant lui-même ses mésaventures ou dévoilant ses pensées au fur et à mesure, ce qui aurait pu rendre le livre indigeste ou pontifiant.

Le lecteur ayant apprécié De mal en pis retrouvera ici ses marques avec une pointe d’agacement au début (le type de construction du récit étant déjà éprouvé, on aurait pu croire que l’auteur en changerait), mais le plaisir revient rapidement avec une histoire plus sombre et plus complexe qu’il n’y paraît. Une véritable réussite donc, même si elle n’a plus le goût de la nouveauté.

Par G. Colié
Moyenne des chroniqueurs
8.2

Informations sur l'album

Derniers rappels

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L'avis des visiteurs

    yvantilleuil Le 02/01/2007 à 17:08:10

    Deux ans après "De mal en pis", Alex Robinson nous livre à nouveau de la BD indépendante américaine de haute qualité avec ce récit récompensé d’un Eisner Awards en 2006 dans la catégorie meilleur roman graphique de l’année.

    Le récit est construit autour de six personnages dont la psychologie est développée séparément à la manière de Short Cuts et dont les destins se rejoignent lentement sous forme d’un compte à rebours de 50 chapitres.

    Alex Robinson construit à merveille ses six personnages et parvient à les rendre crédibles et sympathiques, malgré des traits de caractère pas toujours louables. De chapitre en chapitre on va ainsi suivre le quotidien de Ray, rock star en pleine crise créative vivant dans l’excès; Nick, menteur invétéré et faussaire d'images de collection; Phoebe, jeune fille à la recherche d'un père qu'elle n'a jamais connu; Steve, fan névrosé de Ray; Caprice, serveuse au cœur brisé; et de Lily, stagiaire dans une maison de disques, qui va devenir la muse de Ray.

    Leurs histoires se développent en parallèle pour finalement se rejoindre dans le drame et la violence après trois cent pages. Un acte final tragique qui donnera une nouvelle direction aux destins des différents protagonistes auxquels on s’attache au fil des pages et dont on a du mal à se séparer malgré la fin du récit.

    ckicmoi Le 02/01/2007 à 15:25:53

    Ray Beam, célèbre rock star, est en panne d’inspiration. Son dernier album date de 4 ans. Nick, vendeur dans une boutique pour collectionneurs, redoute d’être licencié. Il multiplie les faux et vole son patron. Phoebe a appris l’existence de son père il y a 6 mois. D’un tempérament plutôt timide, elle s’est mis en tête de le retrouver et de le rencontrer. Steve, passionné de musique, est névrosé. Sa vie bascule lorsqu’il reçoit une photo de son idole couverte de graffitis et parafée de ce qui lui semble être une fausse signature. Caprice, serveuse dans le restaurant de Richard et Franck, a peut-être rencontré l’homme de sa vie. Ce n’est pas si facile à assumer et à admettre quand on manque terriblement de confiance en soi. Lily, habituée du travail intérimaire, décroche par hasard un job au salaire mirobolant.
    Tous sont en proie au doute et au mal être. Leurs destins vont converger.

    Bâti sur le mode du compte à rebours, cet album extrêmement humain montre combien le dialogue peut être constructif et son absence dévastatrice. Il pointe la difficulté à dire les choses, à les extérioriser et à les dépasser. L’épilogue est positif et optimiste : la traversée des moments de crise participe de la construction de soi, surmonter ces crises permet de gagner en force de caractère et d’accéder à une forme de plénitude.

    La narration est fluide est subtile, le construction brillante. Le trait est juste, précis, très expressif et sait ralentir ou accélérer le rythme quand il le faut, là où il le faut.

    Il n’est certainement pas facile, pour un auteur complet, d’écrire l’ouvrage qui suivra celui qui a été primé à Angoulême comme meilleur premier album. Le cap est brillamment passé.