E
n Palestine, de nos jours. Des archéologues découvrent des canalisations toutes neuves alors que toute la région est touchée par une pénurie d’eau potable. Ils sont assassinés par des militaires mais une survivante réussit à contacter une amie de l’agence Terra Nostra Organisation, qui dépêche une équipe sur place…
T.N.O. est la deuxième série publiée dans la collection Investigations, qui a vocation « à regrouper des séries de fictions imaginées à partir de faits réels, thrillers contemporains, engagés, élaborés « à l'américaine », dans l'esprit des œuvres de John Grisham, James Ellroy ou John Le Carré ». Un programme alléchant, donc, pour peu qu’on oublie le Secrets Bancaires
inaugural, sans relief, et surtout les récentes publications de Jean Claude Bartoll, particulièrement décevantes.
Pourtant, même avec les meilleures intentions, force est de constater que ce dernier retombe dans ses travers habituels. Ancien grand reporter, il maîtrise visiblement la géopolitique du Moyen-Orient, ce qui était d’ailleurs déjà perceptible dans Insiders. Le sujet peut être passionnant, mais est-il nécessaire de le détailler à ce point dans une bande dessinée plutôt centrée sur l’action ? Une bonne partie de l’album est envahie par des développements pesants sur ce thème, au détriment de personnages sans étoffe qui tombent instantanément dans le cliché. Le reste se situe entre le divertissement quelconque et le nanar édifiant : O.N.G. hyper sophistiquée aux moyens illimités, dont la naïveté évoque Imago Mundi, duo journaliste/barbouze qui échappe systématiquement aux commandos surentraînés -même en surnombre et soutenus par un hélico, multinationale aux intentions honteuses archi-caricaturale. Cerise sur le gâteau, son PDG, non content d’être un salaud s’étant mis de côté 350 millions de stock options (pourquoi pas 350 milliards pendant qu’on y est ?), et d’avoir assoiffé des millions de personnes, a en plus un penchant pour les mineures. On en rirait presque, tant la surenchère est parfois grotesque.
Heureusement, ces aspects du scénario sont dissimulés par un graphisme efficace, du style Vance dans les derniers XIII. Sans avoir la maestria de ce dernier sur les scènes d’action pure, Bonnet a le mérite de donner un aspect plutôt sexy à ce scénario de série B. On pourrait donc s’y laisser prendre, mais comme il s’agit d’une histoire complète, ce sera déjà beaucoup moins évident au prochain épisode.
A lire éventuellement pour le sujet lui-même, facette méconnue de la situation du Moyen-Orient et pourtant guère moins préoccupante que les problèmes de religion.
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