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rois "figures": une fée, pureté dans un monde violent et corrompu, Un automate naïf et passionné ,et un despote junkie haï par son peuple, qui souille tout ce qui s'approche de lui. Ces trois personnages sont les acteurs d'une tragédie au coeur de Carlotta, mégapole tentaculaire d'une beauté d'un autre âge où vivent ou plutôt survivent des hommes qui n'obéissent plus qu'à certaines émotions primaires, comme la haine ou la peur...
Un souffle épique extraordinaire, une intensité dramatique énorme, un dessin grandiose servi par un découpage laissant la part belle aux cases énormes, un rythme assez lent et une voix off aux accents mélodramatiques prononcés, voilà les ingrédients qui font de Fée et tendres automates une oeuvre à part dans la production ambiante.
Ce troisième opus de la série fut grandement attendu, d'une part du fait de l'écart entre les tomes, d'autre part parce que Béatrice Tillier ne fait plus partie du voyage. Frank Leclerc, sur des pré-crayonnés de Téhy, reprend le flambeau, et s'attaque à une tâche très difficile: garder la flamme épique de Fée et tendres automates intacte, véhiculer des émotions intenses au lecteur, lui en mettre plein la vue, et faire en sorte que ce tome trois reste dans les mêmes nuances graphiques que ses prédécesseurs. Le résultat final est presque à la hauteur de l'attente. Frank Leclerc possède un trait légèrement plus anguleux que Tillier, peut être un peu plus sobre, surtout au niveau des décors .Cela fait perdre un peu de sa magnificence baroque à Carlotta et à l'album en général, mais les expressions des personnages sont criantes de vérité (arriver à faire passer les émotions de la fée rien que par les yeux est un beau tour de force), le passage d'un tome à l'autre se fait sans heurt majeur, la magie de Fée et tendres automates opère toujours.
Le (petit) problème de cet album vient des couleurs. Béatrice Tillier a su vraiment imposer sa patte sur les deux premiers tome grâce à ses couleurs exceptionnelles. Même si Le Prince, le coloriste du tome trois, a réalisé un travail qui mérite d'être salué, on se situe un cran au dessous de la performance (il n'y a pas d'autre mot) des deux premiers ouvrages.
Le scénario de Téhy lui ne déçoit pas une seconde, on se retrouve plongé avec délice dans le maelström d'émotions qui caractérise la série. Fée et tendres automates se situe entre le théâtre et le cinéma. Les dialogues trouveraient leur place dans une tragédie classique, alors que le découpage fait penser à un film hollywoodien.
Le mélange de ces deux caractéristiques, associé au dessin de Frank Leclerc et aux couleurs de Le Prince donne un album maîtrisé, marquant, mais qu'on ne peut s'empêcher de trouver légèrement en dessous de ses prédécesseurs... Reste que la fée, Jam, et l'intensité de leur amour nous poursuivront longtemps après la fermeture du livre... Et c'est là le principal.
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