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udes le Volumeur, expert de son état, est chargé d’étudier et de répertorier les acquis anciens du musée du Révolu. Accompagné de son disciple Léonard, il n’aura de cesse d’explorer les entrailles de ce mystérieux musée, dont le nom lui-même reste une énigme.
Après le remarquable Période glaciaire, Les sous-sols du Révolu est le second album de la collection dédiée au Louvre, en attendant les réalisations de Emmanuel Guibert et Bernard Yslaire.
Ses fans seront ravis, Marc-Antoine Mathieu est resté fidèle à lui-même et a su admirablement bien adapter son univers si personnel à ce projet autour du prestigieux musée. L’auteur de Julius Corentin Acquefacques offre ainsi un ouvrage extrêmement inventif dans lequel il développe une multitude de théories plus farfelues les unes que les autres, jouant constamment sur les mots à l’image du regretté Raymond Devos. En particulier, les amateurs d’anagrammes seront comblés !
L’album se découpe en plusieurs chapitres, comme autant de sujets propices à la réflexion. On retiendra « Le département des copies » dont la mission est de débusquer les copies de copies qui desservent les copies d’originaux, « L’entrepôt des cadres » dans lequel sont exposés des cadres vides qui ne demandent plus qu’à être rempli pour devenir des chefs-d’oeuvre, ou encore une thèse très astucieuse et amusante expliquant le mystère de la Joconde.
On pourra peut-être regretter que l’auteur n’ait pas plus joué avec le support comme il sait si bien le faire. Toutefois, les quelques trouvailles graphiques sont un régal. D’un côté, dans « Le dépôt des moules », Eudes le Volumeur s’enfonce dans les sous-sols du musée et la lumière diminue. Des planches assez intrigantes apparaissent alors, faites de gris foncé et de noir, à ne surtout pas lire dans la pénombre. Ensuite, un chapitre est axé sur l’étude d’un tableau gigogne, « le voleur du musée », là encore le fruit d’un travail particulièrement ingénieux.
Les sous-sols du révolu est une indéniable réussite et fait partie de ces œuvres à ne pas manquer qui donnent leurs lettres de noblesse à la bande dessinée. À noter que certaines planches seront exposées au musée du Louvre jusqu’au 8 janvier 2007.
Du même auteur : Julius Corentin Acquefacques
Dans la même collection Musée du Louvre : Période glaciaire
Chef d’oeuvre...
Encore un bijou de Marc Antoine Mathieu...
Récit cyclique ou boucle sans fin? En tous cas le lecteur un peu curieux se régalera à la suite du « Volumeur » dans sa descente du labyrinthe...
Les idées abondent, les trouvailles et les clins d’oeil font autant sourire que réfléchir...
L’idée principale, dont on mesure l’ampleur à la fin, rappelle un récit célèbre de Jorge Luis BORGES: La Bibliothèque de Babel, dont je me permets de citer ici ce court passage:
« Comme tous les hommes de la Bibliothèque, j’ai voyagé dans ma jeunesse ; j’ai effectué des pèlerinages à la recherche d’un livre et peut-être du catalogue des catalogues ; maintenant que mes yeux sont à peine capables de déchiffrer ce que j’écris, je me prépare à mourir à quelques courtes lieues de l’hexagone où je naquis »
Je suis un grand adepte de Mathieu et de l'univers absurde qu'il développe autour de J.C. Acquefaques. Dieu m'avait aussi assez séduit.
Là, cette histoire de prospection dans les tréfonds du Louvre, avec des personnages improbables, n'atteint pas la profondeur surréaliste de ces ouvrages, bien que le héros descende toujours plus bas. Bien sûr, il y a des excellentes trouvailles (la Joconde) mais ça sent un peu la BD de commande, même si ce n'est pas le cas (?)
Dommage...
Monsieur le Volumeur est chargé de cataloguer les collections d'un mystérieux musée (tellement mytérieux qu'on en a oublié le nom). Cette histoire est un extrait de son journal lors de sa longue expertise des coins et recoins de cet immense édifice.
Marc-Antoine Mathieu est en pleine forme ! Cette BD est phénoménale (comme à peu près tous ses bouquins :wink: ) d'inventions, de thématiques et d'humour; il ne faut pas oublier l'humour très fin de Mathieu qui se cache sous un dessin sombre. On sent que Mathieu, qui est également scénographe d'exposition, s'est fait réellement plaisir dans cette histoire de musée sans fond. Au fil des chapitres, il passe en revue les entrailles de l'essence du musée : les réserves qui prennent la poussière depuis des lustres, les ateliers de restaurations où d'étranges spécialistes de techniques oubliées s'agitent sans que le profane n'y comprenne grand chose et enfn de compte la futilité du cataloguage, tâche ingrate et sans fin (comment cataloguer la création ?).
Au niveau BD, c'est du Mathieu classique pourrait-on dire. Du N&B et gris très beau (associé avec une impression et du papier de qualité, merci Futuropolis) qui renforce la profondeur des sous-sols. La scène de voyage dans le temps au fond des réserves est phénoménale : tout y est noir avec juste un soupçon de gris pour les dessins (jolie prouesse technique d'impression qui joue sur la densité des encres). Comme dans les Julius, Mathieu nous offre une petite surprise technico-BD dont le grand Fred n'aurait pas renié (je n'en dis pas plus pour la surprise).
L'histoire en elle-même n'est très originale, un peu répétitive (chaque chapitre = nouveau niveau) et la chute est très prévisible mais ce n'est que très secondaire car l'intérêt de cette BD se situe ailleurs. Les situations, les questions philosophiques soulevées combinées à une réalisation parfaite grâce au talent de Mathieu forment un tout très dense et diablement passionnant. Co-édité par le Louvre, dont l'histoire et la taille ont surement servit d'inspiration à Mathieu, c'est plus un hommage de tous les musées du monde qu'il s'agit. Une très bonne BD sur un très bon sujet.
Une claque énorme la première fois que je l'ai lu, une excellente lecture
lorsque je l'ai réouvert... Certes Marc-Antoine Mathieu est plus "sage" qu'à
l'habitude pour ce qui est de destructurer ses albums, il y a moins d'inovations
graphiques, mais la créativité, l'imagination et le génie sont bien là. On se
demande où il va chercher autant d'idées.
Eudes le Volumeur, un "expert", accompagné de son disciple Léonard, doit
examiner de fond en comble les gigantesques sous-sols du Musée du Louvres
(dont personne ne se rappel le nom dans l'univers si particulier de Mathieu -
tout fan est en terrain connu). Gigantesques en effet : l'expert déambulera
des dizaines d'années dans ces sous-sols, sans même réussir à établir un plan
précis ni même à tout répertorier (et ce malgré le travail de ses
prédécesseurs).
L'histoire est découpée en chapitres, chacun d'eux mettant en scène la visite
d'un étage, d'une aile, d'un département particulier. Et à chaque chapitre ses
extraordinaires idées et ses trouvailles sans nom. On se régale véritablement
à avancer dans le livre en même temps qu'avancent les recherches du
Volumeur, à être encore plus surpris à chaque fois que l'on tourne une
nouvelle page.
Le moindre détail peut être conceptualisé, transformé, rendu tout à fait génial
par les idées sans fin de l'auteur. Lequel auteur s'amuse à nous compliquer ce
qui semblait si simple, à imbriquer des idées les unes dans les autres, à
emmêler des concepts... (des tableaux de tableaux, des cadres encadrés, des
copies copiées, des copies de copies de copies, des copies de copistes... mais
surtout pas de copies de Copi (il est incopiable) (ne rajoutons pas d'exemple
ça pourrait gâcher votre lecture (et j'en ai déjà trop dévoilé))). On a en plus
de ça des jeux sur les mots exquis (amoureux des anagrames...) et quelques
teintes d'humour bien senties. Et toujours cette réflexion sur l'art, sa
perception, son contenu, sa reproduction, sa création...
Au pur noir et blanc habituel, on a ici quelques teintes de gris en plus. La
parfaite opposition noir/blanc que Mathieu maîtrise si bien n'est donc plus là
mais ces gris sont propices à l'univers du Musée et ne gâchent en rien
l'impeccable ligne claire de l'auteur. De plus, même s'il est vrai que M-A M
aurait put jouer un peu plus sur la forme, ce format carré est parfait et permet
des découpages à la symétrie si cher à Mathieu.
Les Sous-Sol du Révolu est donc un album génial que tout fan de Marc-Antoine
Mathieu se doit de posséder (et il en est de même pour les fans d'auteurs
comme Fred ou Chris Ware).
Il y a, comme on pouvait s'y attendre avec Mathieu, de belles planches et de l'originalité. Cependant, je dois avouer que je suis resté sur ma faim. A réserver donc aux fans de l'auteur ou aux fans du musée du Louvre.