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ans un petit village de Corée, au fil des ans, Iwha découvre son corps, la sexualité, le sentiment amoureux, sous le regard attendri et complice de la mère, la veuve Namwon. Celle-ci aussi, malgré les médisances des habitants, renaît au désir et à l'amour qui épanouit sa féminité.
Auteur de sunjung (manhwa destinés à un public féminin) particulièrement apprécié, Kim Dong-Hwa (La Bicyclette rouge chez Paquet) livre avec Histoire couleur terre un récit sensible, poétique et non dénué de sensualité.
A travers les dix chapitres de ce premier tome, il plonge le lecteur dans le quotidien d'une aubergiste et de sa fille qu'on voit grandir entre sept et quinze ans. Il montre leurs gestes de tous les jours, leurs relations avec les autres villageois, leur évolution amoureuse respective et parallèle. Avec talent, Kim Dong-Hwa évoque la réalité d'une société masculine rurale pour laquelle la femme est quantité négligeable, bonne à assouvir les désirs et à obéir. Cependant, il atténue le trait en introduisant des personnages plus sympathiques que les clients : l'écrivain public de passage, le jeune moine Chung Myong ou le vieux bonze plein de sagesse. Les camarades d'Ihwa qui explorent aussi leur sexualité donnent un côté plus léger au propos avec leurs mots imagés encore empreint d'innocence (le piment et la graine de kaki pour nommer les sexes des garçons et des filles).
Empreinte de nostalgie, l'histoire est chargée de symbolique que ce soit à travers les fleurs, les pluies du printemps qui reviennent chaque année et marquent la lente maturation d'Iwha, ou d'autres éléments naturels. L'omniprésence du langage floral, des couleurs, des odeurs, transcrit l'évolution des personnages principaux ainsi que leurs émois et affects. Loin d'être mièvre, ce recours aux symboles de la nature résonne et fait écho au cheminement sentimental narré par l'auteur. Il peut aussi rappeler au lecteur quelque expérience propre.
La même poésie subtile imprègne le dessin malgré son dépouillement et la quasi absence de décor. Ainsi certaines scènes, comme celle du jeu avec les chaussures entre Ihwa et le petit moine, sont-elles emplies de tendressse, d'une douce naïveté et d'une certaine sensualité. Mais le lecteur se délecte surtout des paysages magnifiquement détaillés et travaillés par l'auteur, ou de gros plans sur des fleurs qui parsèment ici et là les pages de l'album.
Histoire couleur terre transporte dans un ailleurs qui paraît pourtant familier tant le propos et la complicité d'Iwha avec sa mère sonnent juste. Gageons que les deux prochains tomes seront tout aussi savoureux.
Enfin du romantisme dans un manga d'abord destiné aux femmes mais pas que... selon la préface de l'auteur.
On va s'attacher à suivre le destin sentimental d'une petite fille et de sa mère une veuve, tavernière dans une Corée très machiste de la première moitié du XXème siècle. Nous sommes en effet plongés dans une histoire se passant dans un milieu campagnard traditionnel avec ses coutumes et ses traditions où faire le commerce de l'alcool et de nourriture est jugé indigne.
J'ai beaucoup aimé ce récit sensible et empli d'humanité qui allie également un zeste d'humour avec ce parcours initiatique féminin. Une histoire simple que la découverte de l'éveil mais intéressante car traitée avec ce qu'il faut pour éviter la niaiserie et le bonbon rose.
Voici le récit poétique de la vie quotidienne d’une mère veuve et de sa fille Iwha. Nous allons suivre leur évolution amoureuse respective. Iwha découvre au fil des ans son corps, l’amour et la sexualité sous les yeux de sa mère qui renaît à l’amour et à la sensualité. Quel plaisir de voir s’épanouir la liberté complice des 2 femmes face à une société patriarcale traditionnelle qui leur assigne un rôle d’obéissance !