Journal de bord de la Darling : Premier jour : L'humanité telle que nous l'avons connue vit ses derniers instants... Aujourd'hui, presque quatre mois après le passage du « fluide », nous avons dû fuir l'usine dans laquelle nous avions trouvé refuge. Nous descendons le fleuve Ouganos en direction de Puerta de la Felicidad...
Ce texte que vous trouverez sur le quatrième de couverture n'est pas seulement une accroche, c'est aussi un résumé complet de cet album dans lequel il ne se passe que peu de choses. Quel est ce mystérieux fluide ? D'où vient-il ? Qui sont ces personnages ? Que recherchent-ils exactement ? Autant de questions qui, pour le moment, restent sans réponse.
Toutefois, ce manque d'informations ne nuit pas à la qualité générale de l'album qui gagne en mystère et attise davantage notre curiosité. Ici, point de premier tome qui se résume à une présentation des personnages et du monde dans lequel ils évoluent. Les auteurs ont adopté une toute autre optique et nous font pénétrer dans leur univers sans véritablement le dévoiler : ils nous font palper l'ambiance qui en émane. Nous sommes aussi perdus que les protagonistes de cette histoire, et la péniche dans laquelle ils voyagent se prête à un huis-clos terriblement angoissant : comment survivre dans un monde où des attaques peuvent survenir à tout instant ?
Le dessin de Froissard est en ce point exemplaire car il nous dépeint une atmosphère glauque à souhait dans laquelle la mort et le danger semblent omniprésents. Ses couleurs directes renforcent cette impression macabre qui se dégage du fleuve et de la jungle alentours ; et les visages tourmentés des différents personnages sont un trait de folie supplémentaire dans cet univers qui enchaîne les pertes de repères. Si l'ensemble peut sembler quelque peu statique, cette impression s'accorde à merveille avec l'ambiance lourde et oppressante de ce monde qui apparaît lui-même figé et sans issue.
Pour son ambiance exceptionnelle, d'ailleurs annoncée par une couverture absolument sublime, ce premier tome vaut assurément le détour. Et si les éclaircissements à venir sont à la hauteur d'un mystère si savamment entretenu, nous aurons assisté à la naissance d'une grande série.
EDIT : La série sera malheureusement arrêtée au deuxième tome, mettant prématurément fin à l'histoire. Dès lors, aucune des questions soulevées ici ne trouvera de réponse : de quoi conseiller la lecture de Felicidad aux seuls amateurs du dessin de Froissard, qui reste égal à lui-même.
Poster un avis sur cet album