A
voir deux mains gauches n'est plus un handicap pour Dustin Goldfinger. Longtemps il a vécu cette difformité comme une malédiction et a dû supporter la cruauté des enfants ou l'avidité des adultes. Cette époque est révolue, le pouvoir est entre ses mains et il n'est pas prêt à le céder à qui que ce soit. A moins que le passé resurgisse et ne lui donne des raisons de douter et de changer…
Il ne faut pas se méprendre, le sujet principal n'est pas celui que l'on croit. Un super pouvoir peut cacher un récit plus proche du réel et donc être plus classique que prévu. Corbeyran aime jouer avec l'univers fantastique, le "don" du héros en est encore un exemple. Mais il n'est que prétexte à une fable moderne proposant une réflexion sur le sens de la vie. Dustin prend des chemins de traverse pour y arriver et son destin hors du commun laisse à penser que le revirement de situation sera brutal comme l'a été la jeunesse du héros. Un agneau dans une ambiance ouatée attirerait-il les foules ? Non ! Au menu donc : de l'injustice, de la vengeance, des regrets, une ascension fulgurante et qui sait, une chute ou un simple retour à la réalité. Du classique mené tambour battant par un duo efficace.
Le dessin sans surprise de Gil Formosa (Légendes du chevalier Cargal, Robur) est anguleux et expressif. L'idéal pour ce conte de fées qui débute mal dans un monde fait de créatures plus affreuses les unes que les autres. Les ambiances sont glauques à souhait avec des couleurs à l'image de la couverture : d'une uniformité grisâtre qui colle parfaitement à l'ensemble. Peu de joie donc peu de chaleur, c'est logique. A noter une belle maîtrise de cette deuxième main gauche qui a dû demander une certaine concentration à son auteur sur la longueur de l'album. Quelques regrets cependant pour ce qui pourrait passer pour des anachronismes visuels si l'univers dans lequel évoluent les personnages n'était pas imaginaire. Le mélange de voitures modernes et d'un autre siècle et d'ambiances d'un autre âge (paquebot, mode vestimentaire) peut déstabiliser le lecteur et les flash-back ne justifient en rien cette mixité quelque peu déroutante. Le plaisir de lecture n'en sera pas affecté pour celui ou celle qui laissera par-devers soi son coté pointilleux et préfèrera laisser son imagination vagabonder.
Mélange bien dosé d'actions, de mélodrame et de mystère, "Double gauche" ne laisse ni un goût amer ni un souvenir impérissable.
Double gauche représente le genre d'histoire mâtinée d'un peu de fantastique que j'aime bien au risque d'apparaître un peu "bancal". C'est comme ça et je n'y peux rien. Il y a tout le talent du scénariste accompli à savoir Corbeyran. Il rend ses récits tellement passionnants. On tombe vite sous le charme. Quand on commence cette lecture, on n'a plus envie de s'arrêter de lire tellement c'est captivant.
Par ailleurs, on ne peut être que bouleversé par ce récit d'un petit garçon qui devient orphelin et qui est maltraité par son entourage. Les thèmes de la différence et de la tolérance apparaissent clairement en arrière-plan. C'est étrange comme une même histoire peut être ressentie totalement différemment par chaque lecteur. Cela va même jusque dans le regard porté sur le graphisme!
Un arrière plan simple mais évocateur suffit à camper l'atmosphère et à situer le contexte. L'image est habilement conçue afin de révéler la personnalité dès le premier regard. Ainsi les couleurs sombres et anguleuses suggèrent les intentions malfaisantes du patron de cirque ou encore des tuteurs de l'orphelin à la double main gauche.
De même les lignes sveltes du corps de la fée ou encore de Mimsy leur confèrent une grâce élégante. Pour être efficace, la physionomie doit traduire les pensées du personnage, révéler un peu son âme et susciter l'émotion du personnage. Or, quand on regarde l'évolution de Dustin, on ne peut qu'observer cette transformation quand il basculera du côté obscur.
En conclusion, je dirai que Double Gauche mérite votre attention pour une aventure humaine passionnante très bien rendue grâce à un graphisme expressif.
Un jeune garçon du nom de Dustin se retrouve avec pleins de problèmes dont surtout celui de "béte de foire", cela grace à sa seconde main gauche qui posséde des pouvoirs.
Un très bon premier album réussi avec un dessin sympathique.
Univers très intéressant, dessins soignés, une réussite,
Après Robur , Formosa change d'univers même si l'ambiance des US années trente est toujours présente, on n'est plus dans de la science-fiction mais dans un récit qui se rapproche plus du comics américain.
Formosa et Corbeyran nous font plonger dans le monde troublant des "Freaks" et des bas-fonds de l'amérique de cette époque dans une histoire originale et prenante. Les personnages sont haut en couleurs et le dessin de Formosa superbe.
Très bon album
C'est le flash-back, l'enfance malheureuse de Dustin, qui m'a beaucoup impressionné : j'ai particulièrement adoré la scène courte où Dustin a rencontré une fée. C'est un peu Pinocchio avec Clochette en brune, ce que je trouvais sympathique comme "rassemblement imaginaire".
Scénario et dessins ainsi que couleurs sont divinement bien maîtrisés dont je n'ai pas de regret à m'exprimer ! L'histoire se suit bien, aussi bien que j'ai hâte de lire la suite !