C
’est au téléphone que Yoichi, designer à Tokyo, apprît la mort de son père. Sans plus d’émotions, il retournera à Tottori, sa ville natale, assister à la veillée funèbre aux côtés des membres d’une famille qu’il n’avait plus vue depuis plusieurs années.
De cette enfance, Yoichi gardera de son père l’image d’un homme besogneux et froid, qu'avait finalement fuit une mère aimante. Les souvenirs rassemblés de son oncle Daisuke, de sa sœur Haruko et de sa belle-mère Tsuruko éclaireront alors un peu plus ce fils, amer, sur la véritable nature de son père.
Le style graphique, à la fois clair et attentif au moindre détail, permet au lecteur de s’immerger rapidement dans un récit au rythme contemplatif. Selon les souvenirs évoqués, la trame introspective de l'album nous dévoile la douleur et les regrets de cet homme qui ne rencontrera jamais véritablement son père. Reste cette scène récurrente, de lui, enfant, jouant sur le plancher du salon de coiffure paternel, baigné alors d’une paisible lumière. Seul souvenir qu'il conserve de cet homme occupé, Yoichi tient peut-être dans cette unique image, et malgré ses regrets, toute la force et la vérité de cette relation manquée.
L’émotion grandit au fil des pages. On découvre le ressentiment du personnage principal envers lui même, son attitude égoïste. On lui en veut presque de tant d'insensibilité vis-à-vis de sa famille.
Même s’il n’a pas souhaité cet album autobiographique, Taniguchi nous livre ici, avec beaucoup de sensibilité, les remords et les questionnements qu’il partage avec son personnage principal. Se prenant alors à regretter ses attitudes passées, Yoichi pense à tout ce temps perdu et à ces discussions qui n'auront plus jamais lieu.
Avec Le journal de mon père, Taniguchi dépasse le simple constat d'une volonté moderne de rompre avec les traditions familiales. Il nous permet plus justement d'appréhender les difficultés de l'enfance à abandonner ces images qui la préserve encore du monde des adultes. Il est en effet certains problèmes dont l'enfant ne veut pas entendre parler: le divorce de ses parents en est un...
Enfin, on peut noter qu'ici Le journal de mon père bénéficie d'une édition intégrale, rassemblant pour la collection Ecritures les trois tomes parus précédemment.
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